Silence dans les classes : le harcèlement en milieu scolaire, ce crime impuni

Grâce à l’appui constant de ONU Femmes à travers son projet AGORA, la problématique du harcèlement sexuel en milieu scolaire et professionnel à Banfora sort peu à peu de l’ombre. Ce phénomène, longtemps ignoré, laisse chaque jour des traces indélébiles sur de jeunes garçons et surtout de jeunes filles. Dans les cours de récréation, les salles de classe et les ateliers de formation de la région des Cascades, des actes de violences verbales, physiques et parfois sexuelles demeurent une réalité alarmante. Derrière les sourires timides et les regards baissés, se dissimulent des blessures profondes que la société continue trop souvent de taire.
Des gestes, des paroles et des regards qui blessent
Dans plusieurs écoles et centres de formation de la ville et des villages voisins, des élèves confient à voix basse les humiliations qu’elles subissent. Blagues déplacées, attouchements discrets, propositions obscènes et menaces à peine voilées émanent parfois de camarades mais aussi, et c’est encore plus grave, de certains encadreurs.
« Il m’a dit que si je ne viens pas chez lui après les cours, il me fera échouer à l’examen. J’avais peur, je n’en ai parlé à personne », témoigne A.M., élève dans un centre de formation professionnelle.
Le phénomène, bien qu’insidieux, laisse des séquelles psychologiques et compromet souvent l’avenir scolaire ou professionnel des victimes. Beaucoup quittent les classes ou deviennent la cible de moqueries, contribuant à un cercle vicieux de décrochage et d’exclusion.
Le poids du silence et de la honte
Dans une société où la réputation d’une fille est sacrée et la parole d’un adulte quasi incontestable, rares sont celles qui osent dénoncer leurs agresseurs. La peur d’être montrée du doigt ou rejetée par sa famille étouffe bien des voix.
« Si tu parles, c’est toi qu’on accuse d’avoir provoqué. On dit que c’est parce que tu cherches les hommes ou que tu t’habilles mal », confie S.D., 17 ans.
Ce climat d’impunité renforce l’assurance des auteurs et prive les victimes de soutien. Heureusement, grâce à ONU Femmes et son projet AGORA, des espaces d’écoute et de sensibilisation commencent à voir le jour, offrant aux victimes une lueur d’espoir et un début de protection.
Des lois, mais peu de cas signalés
Le Burkina Faso dispose pourtant de lois réprimant le harcèlement sexuel, y compris dans les écoles. Le Code pénal révisé en 2018 prévoit des sanctions, mais leur application reste timide. À Banfora, les affaires de ce genre sont rares au tribunal et les victimes continuent à subir dans l’ombre.
Selon un éducateur rencontré, « il y a un grand décalage entre ce que dit la loi et ce que la société accepte. Beaucoup de chefs d’établissement préfèrent étouffer ces affaires pour préserver la réputation de l’école ».
C’est dans ce contexte que ONU Femmes, via le projet AGORA, intensifie ses actions de plaidoyer et de sensibilisation, accompagnant les autorités éducatives et les associations locales dans l’implantation de dispositifs de prévention.
Briser le mur du silence
Face à ce fléau, des associations locales, des clubs scolaires et des projets citoyens s’activent. Des séances de sensibilisation, des formations sur les droits des adolescents et la création de cellules d’écoute dans certaines écoles sont en cours.
Pour N.S., présidente d’une association de défense des droits des filles à Banfora, « le combat doit être collectif. Il faut éduquer les élèves, former les enseignants et responsabiliser les parents. Tant que la honte pèsera sur les victimes et non sur les auteurs, rien ne changera ».
ONU Femmes et le projet AGORA soutiennent fortement ces initiatives, multipliant les campagnes de sensibilisation et facilitant l’accès des victimes à des ressources d’écoute et de prise en charge.
Le harcèlement sexuel en milieu scolaire et professionnel n’est pas une fatalité. C’est un crime puni par la loi, et sa banalisation détruit des avenirs prometteurs. Il est grand temps, à Banfora et dans toute la région des Cascades, de libérer la parole et d’exiger des comptes.
Grâce aux actions continues de ONU Femmes à travers son projet AGORA, cette bataille pour la dignité et la sécurité des jeunes filles et garçons s’intensifie. Aucun établissement, aucun centre de formation, aucun lieu de travail ne doit rester un espace de peur pour celles et ceux qui y viennent chercher un avenir.
Boubak KARAMA