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CAN 2023 : « Il faut le dire, on n’avait pas une bonne équipe pour cette CAN », dixit Ibrahim John Konaté, journaliste sportif.

       

Comme journaliste sportif responsable de la cellule sport à la radio catholique Théria de Banfora, Ibrahim John Konaté, était de l’aventure footballistique africaine, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Côte d’ivoire aux côtés du onze nationale. Rentré de la Cote d’Ivoire, Wangola Média est allé à la rencontre de ce confrère chevronné dans le domaine du sport au Faso. Avec lui, nous abordons plusieurs aspects de la CAN. Sans lague de bois, il aborde la contreperformance des Etalons, la non reconduction du mandat du coach national, Hubert Velud. Aussi, il nous ouvre un pan de ses souvenirs de cette CAN dont les rideaux sont tombés ce 11 février 2024 avec un troisième sacre des Eléphants.

Dites-nous comment vous avez vécu et apprécié cette grande finale de la CAN entre le pays hôte la Côte d’Ivoire et le Nigéria ce 11 février 2024 ?

Sans vous mentir, je n’ai pas regardé une seconde de cette finale parce que vous connaissez ma position géographique et je n’étais pas motorisé pour descendre en ville compte tenu de la distance et aussi de la situation d’insécurité. Je suivais le match assis avec mon portable Android à travers une application. Selon les commentaires des uns et des autres, ça été une finale équilibrée. Je m’attendais à cela aussi car je savais que ça allait être une finale âprement disputée entre ces deux formations. D’autant plus qu’en match de pool, le Nigeria avait battu la Côte d’ivoire et l’équipe ivoirienne venait avec un esprit revanchard pour non seulement prendre sa revanche et remporter le trophée à domicile sur ses propres installations devant ses nombreux supporteurs et surtout, devant le Chef d’Etat qui était présent dans la tribune officielle, j’allais dire en un mot, devant les membres du gouvernement. En tout cas, l’équipe ivoirienne avait tout misé sur place pour ne pas rater ce grand rendez-vous. Malgré qu’elle soit menée, elle a pu réagir et revenir au score et puis, faire la différence en inscrivant le second but et remporter du coup, cette 34è édition. Je dirai même que ça été une victoire méritée par cette formation ivoirienne qui en voulait gros.

Peut-on dire que cette finale a répondu aux attentes de tous ces amoureux du ballon rond parce qu’on n’est pas allé aux prolongations voire aux tirs aux buts ? Est-ce que selon vous la soif de spectacle et le suspense ont été comblés ?

Selon moi, les attentes ont été comblées puisse que toutes les deux équipes voulaient en finir rapidement pour éviter les prolongations et les épreuves de nerfs. Parce que, arrivé à ce stade de la compétition, c’est de la loterie. Le public est sorti massivement et le stade Alassane Dramane Ouattara était archicomble. Donc le public aussi a joué sa partition et a poussé l’équipe ivoirienne. Cela a été un grand atout pour les Eléphants.

Maintenant nous allons aborder avec vous le déroulement même de la CAN. Globalement quelle lecture faites-vous du déroulement de cette 34è édition ?

De mon point vu, elle a été une excellente CAN. Il faut avoir le courage de le dire en toute sportivité. Quand on regarde les infrastructures sportives et routières, ça été une CAN impeccable en passant par le stade de la Paix à Bouaké, le stade Charles Kona Bani, le stade Amadou Gon Coulibaly, je vous avoue que Alassane Dramane Ouattara a mis les petits plats dans les grands.

Maintenant, quant je voyais toutes ces infrastructures sportives, je dis que c’est vraiment bien. Mais, mon inquiétude, cela n’engage que moi, c’est l’après CAN par rapport à l’entretien de ces infrastructures sportives.il va falloir être très rigoureux, sans quoi, ça va être du gâchis encore vu ce que l’Etat ivoirien a misé pour pouvoir organiser cette CAN. L’après CAN, c’est ce qui m’inquiète beaucoup. Sinon, sur le plan organisationnel, le plan accueil, de l’ambiance au stade, c’était vraiment une ambiance électrique. A toutes les rencontres, le stade était vraiment plein.

Vous étiez à la CAN et vous avez suivi certains matchs avant de revenir au pays. Dites-nous si vraiment les Burkinabè étaient à l’aise ? En tant que journaliste sportif quel a été votre constat ?

Sur ce plan, il n’y avait pas d’inquiétudes. Les supporteurs étaient comme si vous quittez Bobo pour aller à Bouaké. C’était presque la même chose. La ville de Bouaké ressemble beaucoup à celle de Bobo-Dioulasso de même que la mentalité des gens. C’est presque le même climat et nous étions vraiment avec nos frères ivoiriens. Vous savez, il y a une forte colonie Burkinabè à Bouaké et nous n’étions vraiment pas dépaysés.

Maintenant, si vous voulez que nous rentrions dans le volet des matchs disputés par nos Etalons, il faut le dire, on n’avait pas une équipe pour cette CAN. Je ne suis pas surpris que nous soyons éliminés en 8è de finales. Parce que quand on regarde dès notre première sortie face à l’équipe de la Mauritanie, pratiquement, nous avons vu une équipe Burkinabè méconnaissable. C’est la VAR qui nous a aidé et certains mêmes disent que ce fut une CAN de la VAR pour l’équipe Burkinabé. L’équipe Mauritanienne a vraiment acculé les Etalons et ce n’est qu’à la dernière minute que nous avons bénéficié d’un penalty. C’est le règlement aussi, je ne dirai pas que nous avons tricher, mais la VAR a aussi contribué à notre victoire.

La deuxième sortie également, vous avez vu contre l’Algérie, nous avons fait également recours à la VAR. Le but marqué par Mohamed Konaté, la VAR a été sollicitée, le penalty aussi, la VAR a été sollicitée. La troisième sortie, vous connaissez le résultat, c’était contre l’Angola et on se disait que c’était une équation facile, mais à notre grande surprise, nous avons été battus par cette formation Angolaise 2 à 0.

Quand on veut faire le bilan des trois matchs disputés en pool d’abord, nous avons fait une victoire, un nul et une défaite. En 8è de finales, nous avons été battus par les Aigles du Mali. Donc à cette CAN, c’était un bilan mitigé. Au-delà de tout ce que nous avons vu, il faut le dire, on n’avait pas une équipe. Les blessés Dango Ouattara, Bertrand Traoré n’étaient pas en jambe, il n’y avait pas mal de choses autour de cette formation qu’il faut revoir avant d’entamer les futures échéances. Parce que la Coupe du monde est en cours et la prochaine CAN c’est en 2025. Il va falloir revoir pas mal de choses sans quoi, je ne peux pas comprendre que nous ayons été demi-finaliste et en 8è de finales à cette CAN, nous avons été éliminés. Cela veut dire que nous reculons.

Parlant d’échéances futures, la Fédération Burkinabè de Football (FBF) a décidé de ne plus renouveler le contrat du coach Hubert Velud. En tant que journaliste sportif, comment vous voyez les choses ? Quel est le portrait-robot du coach que vous pensez capable de prendre les rênes du onze national ?

Rires ! Mon frère, vous avez dit en tant que journaliste sportif mais vous connaissez aussi bien le sport que moi. Alors, sur place en Côte d’Ivoire, on parlait beaucoup d’entraineurs locaux. Car sur le plan local effectivement, nous avons déjà quelqu’un qui a fait ses preuves, en occurrence, Kamou Malo. Ils sont d’ailleurs très nombreux en passant par Oscar Barro, Sampo, un ancien comme Brahima Djan Traoré et bien d’autres. Ils sont très nombreux. Maintenant, comment jumeler tout cela avec un entraineur qui doit prendre l’équipe nationale ? Il va falloir que tu sois non seulement un entraineur qui a de la compétence, de la rigueur, qui n’a pas d’affinités et la FBF ne doit pas se mêler aussi dans le choix des entraineurs.

Parce qu’au Burkina Faso, quand on remarque, la plupart des choses qui se passent en coulisses, la Fédération est impliquée dedans. La plupart des entraineurs, même Hubert Velud a eu à souligner une fois qu’il n’avait pas les mains libres. S’il n’avait pas les mains libres, est ce qu’il doit endosser à lui seul la responsabilité de cet échec ? Je dirai non ! S’il y a des hommes derrière qui doivent lui dire qu’il faut faire comme ça, il faut faire comme cela, je crois que les responsabilités doivent être partagées.

Une toute dernière question. Quels sont vos souvenirs, bons comme mauvais que vous avez retenu de la CAN et avec lesquels vous êtes revenu au Burkina ?

Bon ! Je dirai que j’ai pu tisser beaucoup de relations sur place à cette CAN et que j’ai même pris contact avec certaines radios locales. Quand j’étais au stade et je faisais mes commentaires avec le triplet, il y a un confrère, à la mi-temps m’a approché et il m’a dit que j’ai les mêmes systèmes que lui à travers mon lancement lorsque j’ai cité Boubacar Kanté(ancien célèbre journaliste sportif ivoirien d’origine Guinéenne), Djibril Traoré (Ancien journaliste sportif malien). Parce qu’au cours de cette retransmission, dans mon lancement, j’ai introduit que : « nous sommes au stade de Korogo, la ville de Feu Amadou Gon Coulibaly, ex-premier ministre de la Côte d’Ivoire et sans plus tarder, nous allons vous donner la nomenclature des deux équipes en commençant bien sûr par l’équipe Burkinabè qui aligne dans les perches …. » Après cela, je suis venu sur l’équipe Malienne en disant des aigles du Mali les héritiers de Salif Keita Demengo, (paix sur son âme) et j’ai rappelé qu’il fut le premier ballon d’or africain. Ce dernier m’a dit que vous avez de la mémoire et a ajouté que nous somme au pays de Laurent Pokou, l’homme d’ASMARA(ancienne gloire du football ivoirien). J’ai tissé pas mal de relations maintenant, il reste à savoir si ces relations seront concrétisées. Sur ce plan, je dirai que ça été une très grande satisfaction pour moi. Quand vous partez dans un pays extérieur et qu’on apprécie vos talents, c’est déjà un atout.

Maintenant, sur le plan résultats, vraiment, nous étions déçus. Parce que nous ne nous attendions pas à cela, on s’attendait à ce que les Etalons puissent aller plus loin, c’est-à-dire en finale. Parce que nous avons déjà disputé pas mal de demi-finales, cette fois-ci, on voulait aller en finale pour quand même ramener le trophée au pays. Et il faut ajouter que sur place à Bouaké, nous étions vraiment à l’aise, nous étions chez nous. Il n’y avait pas de problèmes et il y avait vraiment de l’ambiance dans cette ville ivoirienne qui ressemble beaucoup à la ville de Sya que je connais très bien.

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.

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