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Bounouna dans la commune de Banfora : la forêt classée illégalement occupée et dévastée par des orpailleurs.

Depuis plusieurs mois déjà, la forêt classée de Bounouna au secteur n°9 de Banfora est envahie par des orpailleurs. Ces activités d’orpaillage donnent à voir un spectacle désolant tant l’impact environnemental est une triste réalité dans cette forêt classée pourtant réhabilitée de main de maître par des projets et une association.

Selon la législation environnementale, une forêt classée est une zone définie et délimitée comme telle, conformément à un texte législatif ou réglementaire, de façon à lui donner la protection légale nécessaire. Pourtant, cette « protection légale nécessaire » n’est pas une réalité dans la forêt classée de Bounouna, secteur n°9 de Banfora sur l’axe Tiéfora, d’une superficie initiale de 1300 ha. Car cette forêt classée connait une occupation illégale et anarchique par des orpailleurs pour des activités liées à la recherche de l’or. Cette occupation illégale est cependant connue de tous, ce qui demeure incompréhensible.

Lamoussa Koné « Pour plusieurs raisons, nous sommes impuissants face à ces orpailleurs »

En effet, ces occupants illégaux vont et viennent sans visiblement aucune entrave comme si l’orpaillage artisanale qui y est pratiqué de façon illégale, visiblement, n’émeut personne. Nous en avons eu la preuve ce 02 juillet 2024 lorsque nous avons décidé d’y faire un tour pour constater de visu la pratique. Des femmes et des enfants assis sous un arbre juste à l’entrée de la forêt en train de prendre leur repas de midi, nous montrent allègrement le chemin à suivre pour atteindre le site lorsque nous nous sommes adressés à eux. Mêmes les enfants s’y sont mêlés pour nous indiquer la voie à suivre.

Nous suivons donc les instructions reçues. Une fois à l’intérieur, nous aperçûmes une vieille femme avec une charge sur la tête. Renseignements pris à nouveau, nous sommes sur le bon chemin. « C’est encore loin ? », avons-nous demandé. Celle-ci nous situe que le site n’est plus loin. En effet, à peine 200 mètres plus loin, nous apercevrons une clairière parsemée de monticules de terres. Il était environ 12h45mn et l’heure était visiblement au repos et des hommes étaient assis sous des arbres. A notre vue, tous se sont mis à détaler comme des lapins pour disparaitre dans les feuillages.

Ils détruisent le couvert végétal pour chercher l’or et cela sa passe comme si le pays ne dispose pas moyens pour y mettre un terme

Sur les lieux le désastre environnemental est une triste réalité. Les orpailleurs ont détruit des arbres faisant des clairières pour mieux s’adonner à leurs activités. Des branches sont utilisées pour les besoins de la cause. Selon certains témoignages, des trous atteignant parfois 400 mètres de profondeurs sont creusés pour extraire le précieux minerai avec des installations précaires. Ces orpailleurs, après avoir installés leurs quartiers, opèrent dans la clandestine dans la forêt classée depuis plus d’une année.

Mais comment se fait-il qu’ils y exercent au vu et au su de tout le monde sans être inquiétés ? Pourquoi les autorités municipales et les services en charge de l’environnement laissent-ils faire et n’emploient pas les grands moyens pour les y déloger ? Au-delà de ces structures étatiques et municipales, que fait l’Union des Groupements de Gestion Forestière en charge de la gestion de cette forêt classée ?

Lamoussa Koné, président de cette union de gestion forestière de la forêt classée de Bounouna se défend. « C’est bien vrai que c’est l’association qui gère la forêt classée mais c’est en collaboration avec les forestiers. Vous savez, nous n’avons pas de tenues. Chaque fois si nous voyons ces orpailleurs nous appelons les forestiers et ils viennent. Maintenant c’est une période d’insécurité et nous n’avons pas de fusils, nos surveillants aussi n’ont pas de fusils. Donc nous ne pouvons pas faire autre chose que d’informer les forestiers », dira Lamoussa Koné, qui ajoute que « quand les forestiers viennent, très souvent les orpailleurs fuient. Et quand ils fuient, si les forestiers repartent ils reviennent. Nous n’avons pas une autre solution pour pouvoir les chasser », se justifie-t-il.

Ce scénario est entretenu depuis l’année passée. « Ils ont commencé cela fait longtemps. Nous sommes là en train de les chasser à chaque fois. Avec cette insécurité, ils sont là, même au moment de l’hivernage. Nous n’avons pas de fusils, si on s’amuse, nous allons peut-être y laisser des plumes », a insisté Lamoussa Koné. Sur l’impact environnemental, « ces orpailleurs détruisent la forêt. Franchement dit, ils la détruisent », s’est lâché le président de gestion de la forêt classée.

Ces orpailleurs sont prêts à fuir dès qu’ils voient un inconnu venir

Doit-on se contenter de ce scénario de débandade des orpailleurs à la vue des forestiers et qui reviennent allègrement à leurs activités une fois que les agents des eaux et forêts plient leurs bagages ? « Si seulement les autorités pouvaient nous impliquer puisse qu’il y a des dozos qui sont là. Nous voulons travailler avec ces dozos pour pouvoir leur donner une formation pour la surveillance. Ces dozos peuvent nous aider à faire la surveillance mais ils n’ont pas Kalachnikovs ».

Le président de l’Union de gestion de la forêt classée de Bounouna qui lutte contre la désertification raconte. « Avant toute cette forêt était dégradée. Il n’y avait pas d’arbres et tu pouvais voir jusqu’à 10 à 20 kilomètres. Mais aujourd’hui, le couvert végétal de la forêt a été depuis rétabli avec la collaboration de Bounouna, Sankrala, Labola-Nambalfon et Tatana », rappel Lamoussa Koné, impuissant devant le désastre environnemental en cours.

C’est donc dire que si rien n’est véritablement entrepris, c’est inexorablement le retour à la case départ pour la forêt classée de Bounouna.

Les orpailleurs en pleine activité dans la forêt classée

Du reste, ce n’est pas la première fois que des orpailleurs investissent la zone. Les prémices de recherches de l’or avaient été notées depuis les années 2005. La municipalité, à l’époque sous l’égide de Yacouba Couloi Sagnon, alors Maire de Banfora, s’y était rendue avec la Police Municipale pour interdire purement et simplement les activités d’orpaillage.

Sié Yacouba Ouattara. 

Wangola Médias.

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