Basfond rizicole de Korona au secteur n°8 de Banfora: une pêche collective pour garnir le menu alimentaire.
La pèche collective a été le sport favori des habitants de Lémouroudougou, village rattaché à la commune de Banfora ce 18 février 2024. Faisant partie d’une tradition du village et sous l’autorisation de son chef, les habitants ont pris d’assaut le basfond rizicole de Korona ce jour pour traquer et pêcher les poissons. De quoi changer le quotidien du menu alimentaire.
L’attroupement dans le basfond rizicole de Korona que l’on traverse sur la route menant à Sindou pour se rendre à Kiribina était assez inhabituel ce 18 février 2024. En plus des spectateurs et acheteurs potentiels de poissons sur les ponts de la route reliant Sindou, plus à l’intérieur dans les eaux, s’activaient plusieurs dizaines de personnes dont des enfants, des jeunes, des femmes et des hommes. Armés de machettes pour dégager les mauvaises herbes sur le plan d’eau en vue de favoriser une bonne pêche, certains étaient armés de filets et autres objets utiles pour la circonstance. Cette pêche collective mobilisait qui veut bien y prendre part après le feu vert du chef de village.
Diao Fappé
Diao Fapé, l’un des fils du village qui faisait partie des pêcheurs semblait également coordonner l’activité. « Nous sommes entrain d’effectuer une pêche collective sous l’autorisation du propriétaire du basfond. Dans l’année, il y a une journée pour cela », nous explique-t-il. A notre arrivée vers midi, le groupe de pêcheurs s’activait encore à balayer les mauvaises herbes afin de commencer l’activité qui les avait réuni. Pourquoi pas un assaut matinal pour cette pêche collective ? L’eau étant très fraiche en cette période, il faut attendre les rayons du soleil certains, ayant peur de l’eau froide.
Une fois cette étape incontournable réussie, à savoir le balayage des mauvaises herbes, la pêche peut commencer et à chacun sa chance.« Lorsque vous réussissez à attraper des poissons, le propriétaire du basfond enlève sa part et vous donne le reste ». La règle est ainsi établie depuis des lustres. Diao Fapé, explique que c’est une tradition du village perpétuée depuis des générations. La journée retenue doit tomber sur un dimanche. « Ici c’est le basfond même du chef de village. S’il détermine une journée, nous nous mobilisons pour l’activité. Les poissons que nous gagnons, il prélève sa part et le reste au pécheur qui peut maintenant apporter sa part à la maison », a poursuivi ce dernier.
Est-ce que cette pèche collective est initiée sous la coordination des agents des eaux et forêts ? « C’est le propriétaire du basfond qui gère cet aspect avec le service de l’environnement. Ce n’est pas notre rôle », dira Diao Fapé, pour qui, depuis qu’ils pérennisent cette tradition, les agents des eaux et forêts ne sont jamais venus les emmerder. « C’est une tradition. Maintenant, le propriétaire du basfond donne-t-il une partie de la pêche aux agents de l’environnement, nous n’en savons rien », a réagi le pêcheur.
Ils sont plusieurs à prendre d’assaut le basfond, le jour de la pêche communautaire
Le jour j, chaque habitant est invité et reste libre de rejoindre le basfond selon ses propres moyens et les équipements nécessaires à la pêche. « Tout ce que tu gagnes ici c’est ta chance. Mais ce que tu gagnes tu as obligation de le présenter au propriétaire. S’il enlève sa part le reste tu en fais ce que bon te semble. Si tu veux aller manger en famille ou si tu préfères vendre, c’est à toi de choisir », situera Diao Fapé.
C’est du reste un véritable quitte-ou-double cette pêche collective car, après l’engagement de certains qui auront abattu un gros travail en dégageant les mauvaises herbes, à la fin de la pêche, certains peuvent ne rien avoir et sont donc obligés de rentrer bredouille.
Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Media.
