Economie

Banfora : Lamine Konaté, le PDI qui fabrique des batteuses de maïs et de riz.

Non loin de la salle polyvalente de Bounouna, au secteur n°9 de Banfora, elles sont souvent bien perceptibles au bord de la route nationale n°7 (RN7) devant un atelier de soudure. Ce sont des machines de fabrication locales appelées batteuses qui s’imposent à leur vue. Lamine Konaté, une personne déplacée interne (PDI) ayant fui face à l’insécurité à Mangodara, est passé maitre dans la fabrication de ces machines qui révolutionnent et soulagent les paysans durant la période des récoles. Finies les longues journées et la forte main d’œuvre pour égrainer le maïs ou le riz. Wangola Médias a poussé la curiosité en allant à la rencontre de cet innovateur très peu prolixe, secret professionnel oblige, réinstallé depuis peu dans la cité du paysan noir.    

Wangola Médias : dans votre atelier de soudure, quelle est votre spécialité ?

Lamine Konaté : ici je fais la soudure, précisément je fabrique des batteuses de maïs, de riz, de mil et de soja.

C’est votre création ou vous vous êtes formés ailleurs ?

En fait, j’ai appris la fabrication des batteuses avec mon papa qui travaille actuellement au Mali. Mais il était à Orodara.

Lamine Konaté, une personne déplacée interne (PDI) ayant fui face à l’insécurité à Mangodara,

Comment est venue l’idée de la confection des batteuses artisanales dans votre famille ?

C’est très simple, c’est le papa qui a créé et nous aussi nous avons vu. Nous avons ensuite décidé de travailler en prenant le même chemin.

Depuis quand êtes-vous installés à Banfora ?

Depuis une année bientôt.

Depuis une année, comment se porte le marché des batteuses que vous fabriquez à Banfora ?

Je peux dire que ça va un peu, les gens viennent passer leurs commandes. Comme il y a beaucoup de gens qui ont vu ces machines travailler sur le terrain, ils viennent en demander. Certains sont venus passés des commandes et actuellement je suis en train de m’atéler pour la confection.

Si le matériel nécessaire est en place la fabrication d’une batteuse ne dure que quelques jours

Rencontrez-vous des difficultés dans la fabrication de ces batteuses qui visiblement, soulagent les paysans pendant les périodes des récoltes ?

Les difficultés se situent d’abord au niveau des clients. Parce que les prix que nous leurs demandons, souvent ces derniers disent qu’ils n’ont pas l’argent. Ce qui fait que nous nous débrouillons pour les confectionner afin que les gens puissent les avoir. Très souvent même nous n’avons pas trop de bénéfices. Il y a ensuite le fait que comme nous venons de commencer cette activité à Banfora, il y a le manque de matériel de travail. Du coté des fers ça va, mais nous devons nous équiper de certaines machines qui doivent beaucoup nous aider dans l’atelier. C’est par exemple des perceuses et des vrais postes de soudure, parce que ce sont des petits postes que nous avons actuellement.

Expliquez-nous comment vous arrivez à confectionner de telles machines ? Quels sont les matériaux et les étapes nécessaires pour fabriquer une batteuse ?

C’est un peu difficile à dire. (Secret professionnel oblige. NDLR)

A combien vendez-vous une batteuse finie ?

Si c’est avec un moteur, c’est vendu à un 1 500 000f CFA, souvent à 1 400 000f. Nous avons plusieurs sortes de batteuses. Il y a pour les tracteurs et il y a également pour les moteurs 1115. Il y a des batteuses qui font le maïs seulement et il y a des batteuses qui font à la fois le maïs, le riz, le soja et le mil. Nous fabriquons des moulins aussi.

En cette période des récoltes n’êtes-vous pas trop sollicité ?

Un peu.

Parlez-nous de la qualité de vos batteuses. Répondent-elles vraiment aux attentes de vos clients ?

Je peux dire qu’elles répondent à leurs attentes. Parce que la semaine passée, il y a quelqu’un à Sidéradougou qui a payé une machine et ensuite il m’a rappelé qu’il y a quelqu’un qui a vu la machine en train de travailler. Ils m’ont passé une commande.

Nous sommes situés au secteur 9 de Banfora

Vos clients viennent de quelles localités ?

J’ai des commandes de batteuses dans plusieurs localités, même en Côte d’Ivoire. J’ai des commandes là où j’ai quitté également, c’est-à-dire à Mangodara et aussi dans la commune de Banfora et bien d’autres communes.

Combien de temps mettez-vous pour fabriquer une machine ?

Si tout le matériel est au complet, nous ne dépassons pas deux ou trois jours.

Combien de personnes travaillent avec vous ?

Je travaille avec mon frère. Je peux dire que nous sommes des personnes déplacées internes parce que nous étions à Mangodara. Là-bas je travaillais avec des apprentis. Ces apprentis m’ont suivi ici et je ne pouvais pas les chasser parce que c’était chaud là-bas. Donc, c’est mon frère et moi avec les apprentis. Nous avons rejoint Banfora pas parce que c’est une grande ville, mais parce qu’à Mangodara c’était chaud. Donc à Banfora nous sommes des PDI.

La situation s’est quelque améliorée à Mangodara. Resterez-vous à Banfora où envisagez-vous un jour de repartir à Mangodara ?

Nous souhaitons désormais nous débrouiller ici à Banfora.

Vous avez appris ce métier de fabrication des batteuses. Aujourd’hui se pose avec acquitté le problème d’emplois des jeunes. Quels conseils leurs prodiguez-vous puisque vous avez pu créer votre propre entreprise ?

Ce que je peux dire aux jeunes est qu’ils n’ont qu’à chercher à apprendre un métier. Car ce n’est pas seulement la fonction publique qui peut rendre l’homme heureux. Apprendre un métier permet aussi de s’en sortir.

Un dernier mot ?

Juste pour dire aux gens que je suis à Banfora, j’ai mon atelier à Bounouna au secteur n°9.

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

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