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Financement de l’agriculture : “J’ai l’habitude de dire que le secteur primaire n’est pas l’apanage des pouvoirs publics seuls ” dixit Moussa Koné, président de la chambre Nationale d’Agriculture

Dans la deuxième partie de notre entretien, Moussa Koné, président de la chambre Nationale d’Agriculture (CNA), soutient que le secteur de l’agriculture ne devrait pas être l’affaire des seuls pouvoirs publics. Pour lui, le secteur privé doit s’engager fortement dans cette activité.

Comment appréciez-vous le financement de l’agriculture, dans notre pays et que doit faire l’Etat ?

Le secteur agricole au Burkina Faso n’a pas un financement adapté. Prenons l’exemple d’un producteur qui va pour acheter un tracteur. Il contracte son crédit en banque au même taux que celui qui va pour acheter du riz en Taïwan. Cela n’est pas normal. C’est vrai que l’Etat fait des efforts à travers la mise en place de certains fonds pour accompagner les producteurs mais l’accessibilité à ces fonds n’est pas du tout facile. Même l’accompagnement de certains projets n’est pas adapté du point de vue conditionnalités. C’est pourquoi nous devons revoir le mécanisme de financement de notre agriculture au Burkina Faso.

L’Etat doit-il ou peut-il être seul à accompagner le secteur agricole ?

J’ai l’habitude de dire que le secteur primaire n’est pas l’apanage des pouvoirs publics. En investissant dans la production agricole, on fait du business. Ce qui signifie qu’il faut un retour sur l’investissement fait. Pour moi, cela insinue que le secteur privé doit s’investir véritablement dans la production agricole. Cela parce que sans la production agricole, point de transformation, ni de commercialisation. Donc, que ce soit la Chambre de commerce, les Chambres des métiers, le Conseil national du patronat et les Chambre d’agriculture, tous ces acteurs doivent mener une réflexion profonde, autour d’une table, pour donner une vision au secteur primaire. Au Burkina Faso, s’il y a un secteur rentable aujourd’hui c’est sans conteste le secteur de l’agriculture. Nous avons tout le potentiel pour cela, que ce soit l’eau, le soleil, le marché. C’est pourquoi il faut saluer l’Etat qui a pris une décision à travers les quotas permettant aux unités industrielles existantes sur le territoire national d’avoir de la matière première et faire de la transformation. Nous ne pouvons continuer à exporter nos produits du cru de façon brute. Il faut de la valeur ajoutée à travers ne serait-ce qu’une petite transformation avant de les exporter. C’est ce qui va créer de la richesse.

De nos jours on assiste à l’arrivée d’hommes politiques, d’opérateurs économiques et de fonctionnaires dans la production agrosylvopastorale. Comment en tant que président CNA, vous accueillez cela ?

Je crois que le secteur de la production intéresse de plus en plus un certain nombre de catégories de personnes. Notamment les hommes politiques, les hommes d’affaires et comme vous le dites, des fonctionnaires. Cela est à saluer. Si véritablement l’objectif est de faire des investissements structurants qui peuvent être rentables et permettre qu’on atteigne l’autosuffisance alimentaire. Il faut dire que le secteur de la production a deux objectifs. Le premier est de produire pour nourrir les populations et le second est de travailler à améliorer le revenu du producteur. Nous pensons que si ces deux objectifs peuvent être atteints à travers la contribution de ces hommes, cela est salutaire. Seulement, ce que nous dénonçons, c’est que certains d’entre ces gros bonnets viennent s’accaparer des terres qu’ils n’exploitent pas véritablement. Ce qui crée un manque à gagner pour l’objectif que nous nous sommes assignés. C’est pour cela que nous estimons qu’il faut revoir la réforme agraire et foncière pour faire en sorte que tous ceux possèdent de grands espaces de production puissent les mettre en production. Et s’ils ne peuvent pas le faire, qu’on leur fasse obligation de les donner en location. Ou que l’Etat puisse réquisitionner ces terres pour cause d’utilité publique pour produire afin que le pays puisse véritablement atteindre l’autosuffisance alimentaires.

Go Mamadou TRAORE

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