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Tiempagora dans la commune de Banfora : « le jubilé d’argent de l’école passera sous silence » dixit Samba Sadobaye Soulama

1998-2023, l’école du village de Tiempagora, situé à une trentaine de kilomètres de Banfora sur l’axe qui conduit à Niangoloko, a 25 ans. Si dans certaines localités ce jubilé d’argent est commémoré avec faste, les fils de Tiempagora par la voix de Samba Sadobaye Soulama, Inspecteur de l’enseignement du premier degré, disent que cette fête ne figure pas parmi les nombreuses préoccupations du village. « Nous n’ignorons pas la contribution de l’école dans le développement du village mais nous manquons de beaucoup de choses que le budget d’une fête pour l’école pourrait réaliser au bonheur de la population » a-t-il soutenu.

C’est à la rentrée scolaire 1998-1999 que l’école primaire publique de Tiempagora a recruté ses premiers élèves pour la classe de CP1. En cette année, par manque de locaux, l’école, disons la classe de CP1 était logée dans le magasin du village. Son premier directeur, Issouf Tiéba occupait le local de l’agent de développement rural qui était libre depuis plusieurs années. Cette année 2023, cette école a 25 ans. Nous avons approché l’un des acteurs principaux de sa création et de son ouverture en la personne de Samba Sadobaye Soulama, pour savoir si le village a programmé une cérémonie à l’occasion, question de marquer une halte, de jeter un regard rétrospectif dans le rétroviseur et envisager l’avenir de ce temple de savoir avec plus de sérénité. La réponse de monsieur Soulama est sans équivoque. Après avoir rappelé les péripéties de la création et de l’ouverture de cette école, il nous a fait savoir que Tiempagora, son village, rencontre tellement de difficultés dont la recherches de solutions ne laisse pas de temps aux fils et filles de penser à ce jubilé d’argent. En attendant de vous faire lire les impressions du premier directeur et de certains anciens élèves, nous vous proposons la réaction de Samba Sadobaye Soulama. Lisez plutôt.

« Nous avons réussi à construire les trois premières classes de l’école du village par le biais de nos relations propres. En son temps, nous avions un frère en poste à Ouagadougou qui, à travers ses relations, a posé la préoccupation du village. Dieu merci, il a réussi à insérer Tiempagora dans le programme de ses amis et avec l’implication de l’association Kébaïna, le projet est devenu une réalité. Kébaïna étant une association bien connue dans la région des Cascades et même au-delà.Voilà comment Tiempagora a obtenu le financement pour la réalisation de son école. C’est ainsi donc que le premier bâtiment, celui qui est le plus situé vers la RN7 et qui comprenait les 3 premières classes a été construit. Nous étions dans les années 2000. Par la suite, l’école a été normalisée par le gouvernement ».

Toutefois, fait noter Monsieur Soulama, il faut dire que l’arrêté d’ouverture de cette école date de 1995. Et c’est selon lui en 1998 que la première classe, celle de CP1 donc, a commencé a fonctionné. Elle était logée dans le magasin du village. Il faut reconnaitre avec Samba Sadobaye Soulama que le besoin d’une école était vraiment réel. « Le besoin était là. C’est nous qui l’avons vécu. Avant cette école, nous, tout comme plusieurs générations avant et après nous, parcourions entre 7 et 8 kilomètres pour aller à Diarabakoko, situé à 25 kilomètres de Banfora, qui était la localité la plus proche où il y avait une école. Ayant vécu cela, et connaissant les difficultés que nos petits frères vivaient puisque nous avons vécu les mêmes difficultés, nous nous sommes dits qu’il fallait trouver les voies et moyens pour soulager la peine de nos petits frères, de nos neveux et de nos enfants. Nous avons tapé à plusieurs portes et celle de l’ambassade des Etats-Unis nous a été ouverte. Aujourd’hui, avec le recul, sans pour autant être à mesure de donner de statistiques, nous pouvons dire, quand bien même à un moment donné les résultats de l’école n’étaient ce que nous souhaitions, que l’impact de l’école dans le village est très positif. Cela parce qu’elle a été une source de motivation qui a amené beaucoup de parents à inscrire leurs enfants à l’école. D’ailleurs, je vais vous raconter un fait qui m’a donné des frissons à l’époque. La première année de l’ouverture de l’école en 1998, il y a un enfant, et je me rappelle qu’il n’était pas seul dans la situation, qui a refusé de passer au CE1 à l’école de Diarabakoko pour revenir reprendre la classe de CP1 au village à Tiempagora tout simplement parce que la réduction du trajet était un soulagement pour lui. Et croyez-moi, il n’était pas le seul, ils étaient nombreux qui ont préféré reprendre des classes qu’ils avaient pourtant déjà franchies. Simplement parce que leur village disposait désormais d’une école. Aujourd’hui, lorsqu’on arrive au village, on a quand-même un environnement lettré. La plupart me connait et bon nombre sont des fonctionnaires. Le premier directeur de l’école que je salue au passage Issouf Tiéba en sait quelque chose. Donc l’école a eu un impact possible indéniable. Mais malgré cela, 25 ans après sa création, je vous le dis ouvertement, nous n’avons aucun programme de commémoration de ce jubilé d’argent. Nous connaissons quelles sont nos forces et nos limites. Tiempagora est un village qui se bât, certes. Mais au jour d’aujourd’hui, nous avons des priorités au nombre desquelles le jubilé de l’école ne figure pas. Aujourd’hui, le village est grand mais nous n’avons pas de CSPS et d’un CEG. Cela nous préoccupe beaucoup. Et c’est le combat commun à tous les fils du village. Nous disposons des sites pour la réalisation de ces deux infrastructures et nous faisons de leur réalisation un combat prioritaire. Ce qui nous empêche d’avoir une pensée sur une quelconque fête d’anniversaire de l’école. Ce qui ne veut pas dire que nous perdons de vue ce qui se passe à l’école et quels sont les besoins de cette structure ».

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