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Lutte contre l’insécurité dans la commune de Niangoloko : au plus tard à la fin du premier semestre de 2024, j’ai foi qu’on ne parlera plus de terrorisme dans la commune de Niangoloko » dixit Koudiaba Victorien Soma

En ce mois d’Août 2023, la situation sécuritaire dans la commune de Niangoloko était préoccupante pour les populations. Plusieurs villages étaient déguerpis. La société civile, comme un seul homme s’était rassemblée pour lancer un appel à la Transition pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Ce cri de cœur a-t-il été entendu ? Quel est la situation sécuritaire qui prévaut actuellement dans les villages de la commune ? Il y a des avancées et dans la cité de Santa, le bal hebdomadaire des anciens, suspendu pour cause d’insécurité, a même repris au grand bonheur des nostalgiques des temps anciens. Depuis la fin décembre 2023, la hiérarchie militaire burkinabé y a déployé certaines dispositions. Entretien avec Koudiaba Victorien Soma, un des acteurs du cri cœur des habitants et ressortissants de Niangoloko.

En Août dernier, la situation sécuritaire dans votre commune était assez préoccupante si bien que vous avez initié une sortie médiatique pour interpeller les plus hautes autorités. Avez-vous été entendus ?

Permettez-moi de dire merci à Wangola Médias pour ce retour. Je crois que les jeunes de la société civile ont pris l’initiative la dernière fois d’organiser une marche de reconnaissance à l’endroit des plus hautes autorités et c’est aussi l’occasion pour moi de témoigner notre reconnaissance à la presse qui s’était mobilisée en son temps.

Mais avant de répondre à votre question, je voudrais d’abord faire un rappel de ce que nous avons vécu et qui avait prévalu à cette conférence de presse historique. Sinon pour rappel, je sais que la situation sécuritaire à Niangoloko a commencé à se dégrader depuis 2021, surtout dans la zone de Folonzo, ensuite la zone de Ouangolodougou. En 2022, Folonzo a fini par déguerpir et ensuite c’était Ouangolodougou. En début 2023, courant le mois de Mars, à quelques 5 kilomètres de Niangoloko, il y a des villages qui ont été déguerpis et cette situation s’est dégradée jusqu’au mois de Juillet où effectivement la quasi-totalité des villages qui sont à l’Est et au Sud de Niangoloko ont pratiquement déguerpis, exception faite aux villages de Timperba et de Tierkoura. Je crois que c’est suite à cela qu’il y a eu l’accrochage de Timberba et que les braves populations ont décidé vraiment de s’auto-défendre. Voyant la menace venir parce que si vraiment la situation devait rester comme ça, on avait peur que Niangoloko ne résiste pas aux assauts des groupes terroristes.

C’est ce qui avait conduit la société civile d’initier une conférence de presse. Ce jour il y a eu effectivement ce cri de cœur qui a été lancé et je peux vous dire que vraiment notre cri de cœur a été promptement entendu. Parce que juste quelques semaines après, nous avons vu l’armée qui est venue pour une opération et ensuite très rapidement, il y a eu le recrutement du deuxième contingent de VDP parce qu’il y avait juste une centaine qui étaient destinés à la commune de Niangoloko. Donc, juste après l’opération, il y a eu un recrutement complémentaire et ces derniers ont été dotés et je crois qu’en son temps on devait tourner autour d’un effectif de VDP plus fourni reparti dans l’ensemble des villages affectés.

Par la suite le recrutement ne s’est pas arrêté. Et aujourd’hui moi je peux vous dire en moyenne il y a plusieurs dizaines de VDP par localité. Les gens sont suffisamment dotés en armes aujourd’hui.

L’autre aspect qu’il faut dire c’est qu’il faut savoir que l’ensemble des villages qui ont été déguerpis, en dehors de Folonzo qui n’a pas encore rejoint, tous les autres villages ont rejoint avec leurs familles. Et aujourd’hui, les autorités avec les différents acteurs sont entrain d’envisager la réouverture de certaines écoles primaires. Je crois que cette rencontre a eu lieu rien que ce mercredi 10 janvier 2024. C’est pour dire que la vie a commencé à reprendre et je sais qu’il y a des localités où le marché même des villages a repris.

C’est pour dire que vraiment, notre cri de cœur, pour revenir à votre question a été entendu. Les plus hautes autorités ont joué leur rôle et les populations aussi ont décidé de ne pas décevoir et aujourd’hui la situation s’est considérablement améliorée.

En ce qui concerne le cas de Folonzo, qu’est ce qui empêche le retour des populations ?

En fait, elles ne sont pas encore retournées parce que pour ceux qui connaissent Folonzo, c’est un village qui est d’abord à 60 km de Niangoloko et entre Folonzo et Ouangolodougou c’est presque 20 à 25 km de forêt. C’est le village qui limite la commune de Niangoloko à la commune de Mangodara. Donc vous comprenez que la situation géographique de Folonzo fait qu’il faut que les populations retournent avec prudence. Je crois que, sans trop dévoiler le secret, il y a quelque chose qui est entrain de se tramer et cela demande effectivement que cette zone la soit vraiment nettoyée. Et selon les informations qui me reviennent, je ne suis pas un spécialiste de la sécurité, il doit avoir des mines sur la voie. Alors, au risque de jeter les populations en pâture, donc c’est par mesure de prudence qu’on a demandé à ce que les gens patientent pour que main dans la main il y ait une amélioration de la situation. Je crois c’est la seule motivation. Sinon des gens partent et ils reviennent mais dire qu’ils sont installés totalement, je crois qu’il y a un peu de méfiance.

Selon vous des populations sont retournées chez elles et vaquent à leurs occupations. Peut-on espérer que la saison hivernale qui va venir ils puissent emblaver leurs champs ?

En tous cas c’est tout le mal qu’on puisse souhaiter. Mais au vu de l’évolution actuelle , moi je dis et j’assume, je pense que dans notre zone au plus tard à la fin du premier semestre 2024. J’ai foi qu’on ne parlera plus de terrorisme dans la commune de Niangoloko. Je me suis amusé pendant ces congés, je suis allé à Timperba, j’ai fais la fête là-bas. J’ai traversé plusieurs localités je suis allé à Nahira, Kroubgèra, Tangotango et je vous dis que quand je suis arrivé à Timperba, je me suis senti plus en sécurité par rapport à Niangoloko. Les gens aussi peuvent le vérifier.

Dans la zone aussi de Mitieridougou, Toundoura, les gens restent en ville jusqu’à 19h mais après ils rentrent chez eux. C’est comme si l’être humain oubli vite, en moins de quelques mois, c’est vraiment le passé. C’est quand on va au-delà par exemple de certaines localités comme Kimini, de Bokô qui font frontière avec la commune de Mangodara, il y a des fois quelques incursions d’individus non identifiés. Donc par mesure de prudence les gens se réservent.

Sinon je vous annonce aussi que le marché de Kimini a repris. Ouangolodougou, si vous partez, les gens sont entrain d’aménager les hangars pour réprendre le marché. Il y a une vidéo qui circule en ce moment où on a vu les gens de Ouangolodougou en fête pendant ces fêtes de fin d’année. En tout cas je peux vous rassurer que sincèrement la vie commence à reprendre et comme pour revenir à votre question, j’ai encore foi que la saison prochaine Dieu le voulant, on doit pouvoir cultiver.

Alors vous nous rassurez que votre cri de cœur a été entendu. Avec le temps, dites nous s’il y a encore d’autres préoccupations dans vôtre commune?

L’autre cri de cœur pour nous c’est de faire en sorte que le réseau téléphonique soit rétabli. Surtout dans la zone de Ouangolodougou, Kimini, Nofesso, Toundoura, Diéfoula et Bokô. Parce que actuellement c’est cette situation qui demeure le véritable problème. Les gens n’ont pas les postes CR, il n’y a pas de réseau et quand il y a des situations c’est vraiment difficile de communiquer.

Je crois que ça c’est aussi un problème qu’il faut vraiment voir pour faciliter la communication entre nos combattants.

Après tout, quelque chose vous reste sur le cœur ?

Comme je le disais tantôt, en son temps, on avait demandé des armes, une meilleure prise en charge de nos VDP. On avait également, vue la position géographique même de Niangoloko, localité frontalière de la Côte d’Ivoire, sollicité que certaines dispositions soient prises. Je crois qu’aujourd’hui, toutes ces doléances sont tenues.  Il y a eu un nombre important de VDP même si ce nombre peut toujours être revu à la hausse. Il y a eu le minimum d’assistance aux VDP et aux PDI, donc c’est l’occasion pour nous d’être reconnaissant des autorités et surtout des filles et des fils de la commune aussi. Je sais que c’est des millions de francs qui ont été mobilisés de façon volontaire par les fils de Niangoloko par le biais de certaines associations.

Un mot de fin sur ces notes d’espoirs ?

C’est d’abord des mots de remerciement et de reconnaissance à notre gouvernement avec à sa tête le Premier ministre et surtout le Chef de l’Etat. En tout cas, un jeune Président qui, aujourd’hui, fait la fierté du Burkina et même de l’Afrique toute entière. Je crois que c’est cela, quand on est au devant d’une population, on est serviteur et non le contraire. Niangoloko-Ouagadougou, ça fait 500 km et quand nous tenions cette conférence de presse, rien n’était gagné d’avance.

Mais si nous avons été entendus c’est grâce aussi aux médias et s’il y a eu une réaction très rapide, je crois qu’on ne peut que s’en féliciter et être reconnaissant vis-à-vis des autorités au niveau central, au niveau régional et même au niveau communal.

Nos remerciements aussi à vous les médias parce que les marches à elles seules ne suffisent pas. Ce n’est pas sûr qu’on soit entendu tant qu’il n’y a pas le relais. C’est l’occasion pour nous de vous dire merci et par ailleurs dire vraiment merci aux populations qui ont compris qu’aujourd’hui, notre défense incombe à nous-mêmes. Avant on avait du mal à recruter les VDP ici, mais aujourd’hui ce sont les gens qui bousculent, les gens sont fiers de porter leurs Kalasnikovs et je vous dis que ce sont les populations mêmes qui sortent, qui vont en patrouille pour aller chercher les terroristes comme si c’était des animaux sauvages qu’on cherche.

C’est pour dire que les gens ont vraiment compris et je voulais vraiment féliciter toutes ces braves populations et les inviter à toujours rester vigilants. Parce que il ne faut pas qu’on pense que c’est fini totalement. Il faut continuer à consolider les acquis qu’on a et se dire que d’ici quelques années certainement cette histoire sera dernière nous. Il y a eu des situations peut être même plus compliquées que ce que nous vivons aujourd’hui. Quand on parle des razzias de Samory Touré, aujourd’hui on enseigne ça dans l’histoire. On voudrait que d’ici deux ans que la paix revienne au Burkina Faso et que cette histoire soit enseignée.

Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

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