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Youssouf Dramé, président sorti de la ligue de football des Cascades : « Je dis que je suis très heureux, je pars très heureux parce que mon bilan doit être acceptable »

« Nous avons en tout cas marqué l’histoire du football des Cascades par une tache assez indélébile », se plait-il à répéter. Après deux ans et demi passés à la tête de la ligue régionale de football des Cascades, alors que les textes l’autorisaient, Youssouf Dramé, puisse que c’est de lui qu’il s’agit, a préféré passer le témoin ce 24 juillet 2024 à Ibrahim Barro au cours d’un scrutin visant le renouvellement de la ligue. Quelles en sont les raisons ? Quel est son bilan après plus de deux mandats ? Également, quelles sont ses attentes vis-à-vis de ses successeurs et des deux clubs évoluant en D1 ? Youssouf Dramé s’est confié à Wangola Médias qui est allé à sa rencontre ce 26 juillet 2024.

Wangola Médias : Faites-vous découvrir par nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?

Youssouf Dramé : Je suis Youssouf Dramé, président sorti de la ligue régionale de football des Cascades.

Dites-nous, quelles sont les véritables raisons qui font que vous n’avez pas voulu rebeloter après deux mandats ?

Il n’y a pas de raisons particulières. Mais il faut reconnaitre que j’ai fait déjà deux mandats pour ne même pas dire deux mandats et demi. Maintenant, venir faire un troisième mandat pendant que je suis dans une région où le sport est un peu développé et des personnes ressources sont là et qui voudraient aussi occuper des postes de responsabilités, j’ai trouvé pourquoi toujours vouloir rebeloter alors d’autres peuvent aussi venir apporter leur soutien, leur expérience et leur expertise dans le domaine du football ? C’est seulement cette raison qui m’a motivé à me mettre un peu à côté pour permettre à d’autres aussi de faire leurs expériences.

C’est dire que les textes ne vous interdisaient pas ?

Les textes au niveau de la ligue régional de football n’interdisaient pas. Il n’y a pas de nombre de mandats mais c’est moi-même dans ma volonté, parce que nous sommes quand même à une époque où il ne faut pas s’éterniser à son poste. Il faut toujours travailler avec l’ensemble des personnes habilitées à faire fonctionner une structure, les inviter aussi à faire fonctionner leur expérience.

Vous quittez la tête de la ligue régionale de football à un moment où la région compte deux équipes en D1. Comment peut-on comprendre cela ?

En fait, c’est en tout cas un moment délicat, un moment très important parce qu’on a réussi à travailler avec une équipe qui a pu positionner deux équipes en ligue 1. L’année passée avec le Sporting Football Club (SFC) et cette année avec l’Union Sportive de la Comoé (USCO). Donc effectivement, ça devait être une raison valable, solide pour continuer à rester à travailler. Mais j’ai constaté également que ce milieu-là aussi n’est pas facile avec la situation politique que nous connaissons aujourd’hui au niveau du Burkina Faso où les partis politiques sont suspendus. On a constaté que certaines personnes ont commencé à venir s’impliquer dans le domaine du football. En réalité, ces personnes-là n’ont pas une grande connaissance dans ce domaine-là mais on les connaissait grands politiciens. Donc ils ont commencé à venir occuper des postes dans le domaine du football. Donc j’ai vu que ça va être un peu difficile et peut-être que tout le travail qu’on a eu à faire, on risque même de balayer tout cela du revers de la main. Donc je me suis dit que si c’est comme ça, je vais me mettre un peu de côté. Mais je ne me retire pas du football, je suis toujours dans le football mais je me mets de côté et on va laisser d’autres personnes aussi faire leur expérience.

Avec ce constat, ne pensez-vous pas qu’avec votre expérience, en cédant ainsi à la pression de ces anciens acteurs politiques, vous ne sacrifiez pas le football dans la région ?

Là je ne pense pas. On ne livre pas le football. Depuis, je prenais l’exemple sur le premier président de l’USCO, Nouhoun Coulibaly, parce qu’aujourd’hui, c’est lui notre personne ressource dans les Cascades, particulièrement dans la province de la Comoé. Aujourd’hui on ne peut rien faire dans le domaine du football sans aller le voir, sans recueillir son avis, sans prendre en compte ses suggestions. Alors je voudrais aussi être à son image avec l’expérience que j’ai pu accumuler. En me mettant de côté, je ne pars pas définitivement mais je vais continuer à assister les nouveaux dirigeants du sport au niveau des Cascades en leur donnant aussi ma petite expérience, en leur apportant mon soutien pour qu’on puisse ensemble travailler pour faire avancer le football. Comme on le dit généralement, c’est l’union qui fait la force. Si on se donne la main en tout cas, je pense que nous pourrons continuer à aller dans cette lancée-là. Ne vous inquiétez pas.

Deux ans et demi à la tête de la ligue régionale de football des Cascades, que peut-on retenir de votre bilan ?

Les gens pourront apprécier mais moi-même particulièrement, je pense que c’est un bilan quand même assez positif. Parce que, lorsqu’on venait, il y avait une seule équipe en D1 et c’était l’USCO. A un moment donné, avec la désorganisation, le manque de professionnalisme, de management, l’équipe a basculé en D2 depuis les années 2018-2019. Depuis lors, les gens ont cru que c’était une affaire de moyens. Mais on a tout fait, on a tout mis en œuvre. Nous avons même approché des personnes ressources, des opérateurs économiques pour venir nous aider mais malgré ça, l’organisation ne prenait pas. Aujourd’hui, avec l’actuel président, monsieur Soma Tohessé, il y a eu une concentration autour de lui et puis finalement, les uns et les autres avaient presque finalement la même vision et aussi, une cohésion entre eux et les membres de la ligue. Donc finalement, nous avons abouti à un très bon résultat.

C’est pour dire qu’aujourd’hui, comme vous l’avez dit, je peux dire que mon bilan est un peu positif. Pourquoi ? Parce que nous avons non seulement relevé l’USCO et le remettre en ligue 1 mais aussi, l’année dernière, on a travaillé, faire des pieds et des mains pour permettre au Sporting Football Club des Cascades d’accéder en ligue 1. Donc, après la ligue du Centre, Ouagadougou, après celle des Haut-bassins, Bobo-Dioulasso, c’est la ligue des Cascades, Banfora qui suit. Et ça, c’est un honneur pour moi parce qu’il y a 13 régions et si on met les ligues du Centre et des Haut-Bassins de côté, personne n’a fait mieux. C’est une satisfaction morale et je me satisfais à ce niveau. Je suis très content et aussi nous avons réussi à permettre à certains clubs d’avoir de la filiation. Donc nous sommes en train de grandir et je crois que c’est une très bonne chose.

Au niveau du bilan toujours, il y a un aspect qui passe un peu inaperçu alors que c’est un aspect assez important. Nous étions le seul district autonome au niveau du Burkina Faso. Sur les 13 régions, il y avait 12 ligues régionales de football et chez nous ici, c’était un district, le district de la Comoé. On nous a dit que comme on avait deux provinces, il fallait qu’on crée une équipe dans la deuxième province pour pouvoir avoir le statut de ligue. Alors, nous avons bataillé dur, nous sommes passés par des connaissances, des relations, nous avons fait des pieds et des mains et finalement, nous avons réussi à créer une équipe dans la Léraba qui était « Agnongon FC » en section masculine et en section féminine.

Nous avons rassemblé les dossiers et nous avons contacté le président de la Fédération qui, en son temps était le Colonel Sita Sangaré, qui a eu une oreille attentive à notre niveau et surtout par rapport à notre préoccupation. Il nous a demandé de faire une correspondance et d’apporter un certain nombre d’arguments et d’éléments qui puissent motiver le fait que nous sommes maintenant à la hauteur de ligue. Nous avons envoyé ces documents et nous avons continué à appuyer et à faire des démarches.

Dieu merci, nous avons réussi à transformer le district en ligue et c’était sous mon mandat. Parce qu’il y avait le Capitaine Sagnon qui était le président du district mais malheureusement dans son dernier mandat, il avait fait deux mandats et est décédé. On m’a fait appel et je suis venu, j’ai complété ses deux ans et comme son mandat était terminé, c’est là maintenant, lorsqu’on transformé le district en ligue, j’ai postulé pour un autre mandat que j’ai eu et un deuxième mandat à partir de 2020 que j’ai également eu.

Voilà pourquoi je disais qu’avec cette somme d’expérience, j’ai voulu vraiment me mettre de côté pour laisser d’autres personnes faire leur expérience. C’est sous mon mandat avec Nouhoun Coulibaly, que nous sommes devenus une ligue. Sinon c’était un district et c’est pourquoi je dis que je suis très heureux, je pars très heureux parce que mon bilan doit être acceptable.

Il y a 48 heures de cela que vous avez passé la main. A votre succession il y avait plusieurs candidats. Comment vous avez apprécié ces élections ?

Je pense que ça été une élection objective. Et puis, nous sommes dans le domaine du football et j’ai beaucoup apprécié. D’abord, il y avait une notion de consensus qui circulait dans les coulisses mais malheureusement, les deux candidats ont voulu aller aux élections pour se départager. Et je pense qu’il n’y a pas eu d’animosité, surtout que j’ai eu à placer un discours par apport au fair-play et dire qu’aucun des deux candidats ne va gagner mais que c’est la région des Cascades qui va sortir vainqueur. Les candidats ont bien réceptionné ce message et je pense que les élections se sont très bien déroulées car à la fin, le candidat malheureux à la personne de monsieur Hamed Sory Sibiri Traoré, est allé féliciter le candidat vainqueur Ibrahim Barro. Et là, c’était vraiment un bon signe et je pense que nous avons en tout cas marqué l’histoire du football des Cascades par une tache assez indélébile et on voudrait que les uns et les autres puissent suivre cette voie pour qu’on puisse toujours aller dans le sens du développement.

Pour cette voie, quels sont les conseils que vous pouvez donner à votre successeur pour le rayonnement continu du football dans la région des Cascades ?

Je pense que le conseil que je peux prodiguer à mon successeur, c’est de continuer la bataille dans le sens de l’honnêteté, de la rigueur, du fair-play, en donnant la main aux uns et aux autres pour ne pas qu’on dise que c’est le président de l’Association des Formateurs des Footballeur Africains (AFFA) qui est maintenant président de la ligue, donc, il va mettre toutes les faveurs au niveau de l’AFFA. Non, il y a suffisamment d’équipes. Nous avions par exemple 15 équipes qui étaient déjà en compétition dont une en ligue 1, une en ligue 2 masculine, 3 en ligue 2 féminine. Ça fait déjà 5 équipes et en ligue 3, nous avions 10 équipes qui compétissent chaque année pour pouvoir monter en ligue 2 et il y a deux équipes qui sont en attente d’affiliation. Les dossiers sont déjà au niveau de la Fédération Burkinabè de Football.

Alors, je pense qu’à ce niveau-là, le conseil qu’on peut lui donner, c’est de tendre la main vers tout le monde pour faire un large rassemblement, pour que les uns et les autres puissent l’appuyer dans sa marche, dans sa conviction, dans la mission qu’on lui a confiée. Voilà pourquoi je disais que je me mettais de côté mais la réalité, c’est que si je suis parti mais je ne suis pas trop parti. Je vais continuer à apporter mon expérience et leurs donner des conseils afin qu’ils puissent continuer l’œuvre que nous avons commencé ici.

Parce que, vous n’êtes pas sans ignorer que la distance entre Banfora, sinon la région des Cascades et la région des Haut-Bassins on a 85 kilomètres et Bobo, c’est un gros-bras dans le domaine du football et on a l’impression qu’ils veulent à chaque fois nous écraser. Si nous aussi on ne prend pas nos responsabilités, surtout notre petite souveraineté dans notre petite région là, nous risquons d’être écrasé par Bobo. Mais on leur a montré que nous sommes des guerriers depuis l’année passée malgré leurs équipes qui ont suffisamment d’expériences, elles n’arrivent pas à accéder en ligue 1. C’est nous qui sommes toujours devant et là, nous pouvons nous féliciter pour cela.

Des conseils pour l’USCO qui vient d’obtenir son ticket pour la D1 ?

Là aussi, je pense que c’est toujours l’union qui va faire la force. On va leur demander de tendre la main aux uns et aux autres parce que nous avons vu comment monsieur Soma Tohessé est venu. Il y avait déjà une incompréhension entre le président Diallo qui était là et lui qui était le vice-président. Donc, il a fallu même l’intervention de la ligue régionale, ma personne, pour permettre aux uns et aux autres de se comprendre, qu’on puisse faire la passation en douceur et que Soma Tohessé puisse prendre la présidence du club.

Au départ, il y avait des incompréhensions mais nous avons continué à donner les conseils et pour finir, ils nous ont écouté et aujourd’hui, ça donné des résultats. Maintenant, je leur ai dit le jour de la victoire que le gros du travail va commencer maintenant. Ce qu’on avait fait c’était comme de l’entrainement et c’est maintenant que le travail va commencer. Et il faut dès à présent mieux structurer le bureau et puis approcher les personnes ressources, les opérateurs économiques et pourquoi pas, certaines sociétés pour exposer les doléances, les besoins et également essayer de commencer le recrutement dès à présent.

Parce qu’il ne faut pas attendre les derniers moments pour vouloir chercher des joueurs et ça peut vous être plus préjudiciable. Ce sont ces ensembles de conseils que je leur ai donné et je pense que s’ils le tiennent pour dit, l’USCO pourra jouer le maintien et pourquoi pas s’il y a l’occasion, se faire valoir comme ce qu’elle a eu à faire lors de la Coupe de Faso il y a deux ans, aller jusqu’en finale. Donc je pense que ce sont des opportunités qu’on peut exploiter.

Un mot pour le Sporting Club des Cascades qui lui évolue depuis une saison déjà en D1 ?

A ce niveau, c’est vraiment une satisfaction totale et nous sommes très fiers de cette équipe qui est venue d’abord de la ligue 3. En ligue 3, elle compéti et elle est sortie vainqueure où la compétition était dans le grand Ouest avec des équipes de Koudougou, de Dédougou, de Bobo, de Gaoua puis de Banfora. Finalement, le Sporting a pu se hisser à la tête et a accédé à la D2. De la ligue 2, elle a accédé facilement en ligue 1 et dans la ligue 1, nous avons vu, c’était des novices. Ils étaient deux avec KOSAF. Nous avons vu les déboires de KOSAF mais du côté du Sporting, c’était un jeu alléchant, un jeu bien que les supporteurs ont beaucoup apprécié et finalement ils sont classés 4è au pied même du podium.

C’est pour vous dire que si on n’avait pas eu à enregistrer des défaites successives ici et si ces défaites avaient été transformées en victoires, peut-être qu’aujourd’hui, on allait même parler de titre avec le Sporting Football Club. Donc, c’est vraiment une fierté pour nous d’avoir cette équipe dans notre région et on les félicite, on les encourage et je pense qu’on va faire bloc derrière ces deux équipes qui vont nous représenter en ligue 1 à savoir, le SFC et l’USCO.

Pour clore cet entretien, quels mots pour les filles et les fils de la région des Cascades ?

L’appel que je peux faire au niveau des filles et des fils de la région des Cascades, c’est vraiment la cohésion. Leur demander qu’on se donne la main derrière ces deux équipes et elles vont continuer à faire la fierté de la région des Cascades, la fierté des filles et des fils de la région des Cascades.

Donc, on n’a pas le choix, nous sommes condamnés, il faut qu’on se donne la main, il faut qu’on aille dans le même sens pour leur permettre de brandir le flambeau de la région des Cascades en termes de victoires, de rayonnement, en termes de visibilités. Et je pense que si on arrive à s’entendre à ce niveau, nous serons le plus heureux au niveau de la région des Cascades.

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

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