Vacances scolaires ou rentrée anticipée ? Le cri d’alarme de Djéliba

Ô peuple du Faso!
Écoutez la voix de Djéliba qui, de ville en ville, de hameau en hameau, porte la parole héritée des anciens.
Hier encore, mes pas m’ont conduit à Banfora, cité du paysan noir et des collines verdoyantes. Là-bas, entre deux chants de tradition et quelques notes de balafon, je retrouvai mon neveu, élève studieux d’un établissement renommé.
Je croyais partager avec lui les récits de nos ancêtres, lui transmettre la sagesse des devanciers, le souffle des tambours et l’esprit des contes. Mais hélas, le temps me fut volé !
Car ce dernier, tout occupé, suivait des cours de vacances. Jusqu’ici, rien d’étonnant. Depuis des générations, les détenteurs du savoir profitent des vacances pour guider les enfants, leur rafraîchir la mémoire, affermir leurs acquis et occuper leurs journées. Noble initiative, dira-t-on.
Mais, écoutez!
Quand je pris en main le cahier de mon neveu, je découvris que ce ne sont pas de simples révisions qui lui étaient offertes. Non, mes yeux virent autre chose : c’était déjà le programme annuel qui se déroulait sous leurs regards fatigués ! Les matinées entières, parfois même les soirées, étaient dévorées par ces leçons anticipées. Et ce cahier, m’expliqua-t-il, n’était pas provisoire : il servira bel et bien pour l’année à venir.
Alors je m’interroge, et j’interpelle !
Comment se fait-il que le calendrier scolaire, décidé par l’État, par nos autorités, soit ainsi bousculé ?
Comment se fait-il que certains enfants prennent une longueur d’avance, quand d’autres – dont les parents n’ont pas les moyens de payer ces cours coûteux – seront condamnés à commencer l’année avec un handicap ?
Est-ce cela, l’équité que prône l’école républicaine ? Est-ce cela, l’esprit du savoir partagé ?
Moi, griot, je n’accuse point, mais je raconte ce que j’ai vu.
Je vois des familles s’épuiser pour financer des cours hors normes !
Je vois des enfants, au lieu de profiter d’un temps de repos, avancer à marche forcée dans des programmes qui ne disent pas leur nom !
Je vois, enfin, une école à deux vitesses se dessiner, où l’argent devient la clef de la réussite !
Ô autorités, ô détenteurs du savoir, ô parents d’élèves,
Que la voix du griot ne soit pas vaine !
Les cours de vacances doivent rester ce qu’ils sont : un espace de soutien, de consolidation, de fraternité entre apprenants, non une rentrée scolaire clandestine !
Sinon, demain, le fossé s’élargira entre ceux qui auront commencé l’année en août et ceux qui ne l’auront fait qu’en octobre. Et ce fossé, mes frères, n’est pas qu’académique : il est social, il est moral, il est profond.
Ainsi donc, de Banfora à Ouagadougou, de Bobo à Kaya, ma parole s’élève :
Corrigeons cette pratique avant qu’elle n’affaiblisse encore l’école !
Que le ministère entende, que les parents s’interrogent, que les éducateurs reviennent à la raison !
Djéliba a sonné le tam-tam.
À vous d’en écouter l’écho !
Wangola Médias