Politique

Sénégal : La prérogative présidentielle qui rallume à nouveau les rues de Dakar.

Contre toute attente, le ciel Sénégalais s’est assombri ce 3 février 2024, au lendemain de la désillusion sportive des tenants du titre à la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Une sortie présidentielle à la veille de la campagne électorale et qui vient mettre des grains de sable supplémentaires au couscous du Landerneau politique Sénégalais déjà trouble avec l’affaire dite Ousmane Sanko recalé à la présidentielle du 25 février prochain. Le Président Sénégalais Macky Sall, qui avait rassuré l’année dernière qu’il ne briguerait plus un autre mandat faisant baisser la fièvre de contestation dans la rue, est revenu de la manière la plus tonitruante inattendue à travers cette sortie officielle à la veille de ce tournant décisif national qu’est le scrutin présidentiel.

En effet, selon lui, alors que s’annonce l’élection présidentielle du 25 février 2024, le pays est confronté, depuis quelques jours, à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges. Macky Sall explique aux Sénégalais que l’Assemblée, se fondant sur ses prérogatives, a décidé, par Résolution en date du 31 janvier 2024, de mettre en place une Commission d’enquête parlementaire pour éclairer sur le processus de vérification des candidatures et sur tout autre fait se rapportant à l’élection.

Macky Sall

Dans un communiqué ce 29 janvier 2024 signé par tous ses membres, poursuit Macky Sall, le Conseil Constitutionnel a réfuté les allégations portées contre lui, tout en prenant la mesure de la gravité des accusations, et en tenant à ce que toute la lumière soit faite dans le respect des procédures constitutionnelles et légales régissant les relations entre les institutions, notamment la séparation des pouvoirs et le statut de ses membres.

« A cette situation suffisamment grave et confuse, est venue s’ajouter la polémique sur une candidate dont la binationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel »,  poursuit toujours le premier des Sénégalais, pour qui, cette situation constitue une violation de l’article 28 de la Constitution qui dispose que « tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise ».

Avant de laisser tomber le couperet sur les têtes de la vingtaine de candidats en lice pour sa succession, il indique, convaincu qu’il est que ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d’un contentieux pré et post-électoral.  

Macky Sall continu de justifier et disant que « j’ajoute qu’en ma qualité de Président de la République, garant du fonctionnement régulier des Institutions, et respectueux de la séparation des pouvoirs, je ne saurais intervenir dans le conflit opposant le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire » prévient-il et révélant que devant cette situation, l’Assemblée nationale, agissant en vertu de ses prérogatives, l’a saisi, pour avis, conformément à son règlement intérieur, d’une proposition de loi constitutionnelle en procédure d’urgence portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution.

« J’ai pris acte de cette saisine après avoir consulté le Président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le Président du Haut Conseil des collectivités territoriales, le Président du Conseil économique, social et environnemental et le Président du Conseil constitutionnel. En conséquence, compte tenu des délibérations en cours à l’Assemblée nationale réunie en procédure d’urgence, et sans préjuger du vote des députés, j’ai signé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral », a dit le Président Macky Sall, qui se veut tout suite encore rassurant en rappelant que pour sa part, son engagement solennel à ne pas se présenter à l’élection présidentielle reste inchangé. Que de précipitation devant une mesure d’urgence de l’Assemblée nationale, pourrait tenter de dire.

Ousmane Sonko

Le moins que l’on puisse dire c’est que toutes les raisons évoquées par le Président sortant Sénégalais n’ont pas convaincu, en témoigne l’appel de plusieurs hommes politiques à descendre dans la rue. Les gaz lacrymogènes et les courses-poursuites ont été notés ce 4 février 2024. Le retour des vieux démons donc.

Le report de l’élection présidentielle sans précision de date était-ce l’unique solution qui s’offrait au Président Macky Sall ? De quelle prérogative s’est-il arrogé pour prendre une telle décision, quand, dans plusieurs milieux universitaires sénégalais l’on s’accorde que cette décision n’a aucune base juridique valable ?

La crainte au Sénégal, c’est le risque d’un hold-up au processus démocratique à la Macky Sall qui pourrait s’acheminer vers un troisième mandat au coté de Alassane Dramane Ouattara (ADO).

En partant d’une supposée affaire de corruption de juges, qui pouvait connaître un dénouement en un temps record après une confrontation suivie ou pas de preuves, Macky Sall pourrait contre toute attente, retourner les cartes à la ADO pour se représenter à un troisième mandat. Pourvu que les Sénégalais avalent la présente pilule qui visiblement semble déjà amère.

Ce qui se dessine inéluctablement, c’est un vide juridique à partir du 25 février prochain devant marquer la fin du mandat du Président actuel. Toutefois, la réaction moins énergique de la CEDEAO comme face à certains coups d’Etat, tout comme le silence jusque là de l’Union Africaine en disent long.

Wangola Médias.

Wangolā Médias

Wangolā Médias est un média numérique indépendant et impartial qui fournit des informations locales et internationales de qualité sur les Cascades et d'autres sujets d'intérêt général. Nous sommes engagés à promouvoir la liberté d'expression et la transparence, en utilisant les dernières technologies pour atteindre leur public et fournir des informations précises et opportunes. Wangolā Médias: L'info des Cascades, du Burkina et d'ailleurs

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page