Scieries de Banfora : Les vestiges d’un passé glorieux dans l’exploitation et le travail du bois.
La ville de Banfora à toujours été réputée pour le travail du bois. Elle comptait des centaines d’ateliers de menuiseries avec comme matière première le bois des nombreuses forêts dont dispose la région des cascades.
Ce dynamisme dans le travail du bois à été favorisé par l’existence d’une vraie industrie du bois d’œuvre avec la présence des scieries Ghassoub et Coulibaly qui pendant des décennies ont maintenu haut le flambeau du développement industriel dans la région. Aujourd’hui les scieries sont fermées, sur décision du ministère en charge de l’environnement et du cadre de vie.
A la Scierie Ghassoub, l’herbe envahie les installations à chaque hivernage depuis 2016
Cette fermeture a porté un coup fatal au travail du bois dans la ville de Banfora. En effet, depuis 2016 les machines des deux scieries ont arrêté de fonctionner plongeant des centaines de menuisiers, des personnes dont la survie leur famille dépendait de cette filière dans la désolation. La décision de fermer les scieries avaient, selon les raisons évoquées, été prise dans un souci de préservation de l’environnement. Dans la réalité la fermeture de ces scieries sera reconnue comme une erreur puisqu’en 2020 le même ministère est revenu autoriser la réouverture des scieries alors que plusieurs négociations avaient été entamées en vain. À la fin, les machines « avaient pouri » sur place et certains employés étaient soit décédés du fait de la précarité dans laquelle ils se sont retrouvés ou avaient choisi d’autres emplois.
Cependant, force est de reconnaitre qu’avec les scieries, l’État était moins perdant par rapport à la situation actuelle où le bois est trafiqué vers d’autres horizons. À l’époque des scieries, chaque unité avait un cota d’arbres à couper par saison. Chaque scierie payait également des impôts et employait des travailleurs. Elles avaient l’obligation de reboiser et entretenir des hectares de terrain. Aujourd’hui ces avantages pour l’État n’existent. Pire l’insécurité dans les zones forestières laisse la porte grandement ouverte au trafic du bois.
L’aventure a pourtant été belle de 1967 à 2016 où elle s’est arrêtée net
L’installation de ces scieries remonte à plusieurs décennies et s’est faite avec la disponibilité de la ressource et à la demande de l’État selon les informations recueillies par l’équipe de Wangolā média.
Prenant l’exemple de la scierie Ghassoub, cette unité industrielle a vu le jour en 1967. À l’époque le promoteur, Youssef Ghassoub, serait venu du Ghana où il résidait pour inspecter les forêts de la région. Cela se serait fait à la demande du président Maurice Yameogo et du président de l’Assemblée nationale d’alors Begnon Damien Kone, un fils de la région des Cascades. À la manœuvre également le forestier émérite, Perthiou Léopold Sagnon, qui aurait été aux côtés du promoteur pour l’inspection des forêts et l’implantation de la scierie Ghassoub.
La scierie Coulibaly quant à elle, a ouvert ses portes plus tardivement en 1984. C’est deux scieries ont à n’en pas douter contribuer au développement de la région. Dans les campagnes par exemple où se passaient les abattages de bois, des pistes rurales et des ouvrages de franchissement ont été réalisés sans compter les nombreux emplois qui dépendaient de l’existence de ces deux scieries.
Pour beaucoup et même si certains n’y croient plus, il faut vite trouver la solution pour redémarrer les scieries
Aujourd’hui le secteur du bois vit dans une profonde léthargie. Les menuisiers qui ont fait la renommée de la ville dans le domaine du bois essayent tant bien que mal de s’en sortir mais force est de reconnaitre que le métier est devenu plus que jamais difficile. Ces difficultés sont notamment liées à la non disponibilité du bois d’œuvre. Ils se retrouvent à scier eux-mêmes des troncs d’arbres venus de la brousse avec tous les dangers que cela comporte. Dans la ville, beaucoup d’ateliers ont mis les clefs sous le paillasson ou sont actuellement en voie d’être fermé. C’est dire que la menuiserie vit des heures difficiles dans la région des cascades. La solution serait la réouverture des scieries mais l’état dans lequel celles-ci se trouvent aujourd’hui suscite mille et une interrogation.
Wangolā médias.