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Retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO : Et après ?

Sûrement, l’annonce à fait l’effet d’une bombe dans les chancelleries occidentales et même africaines ce 28 janvier 2024. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait sans délais de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Cette annonce officielle qui intervient à quelques 48h du match des huitièmes de finale de la CAN entre le Burkina Faso et le Mali et capitale pour la cohésion au sein de l’AES, est signée à la fois par Ouagadougou, Bamoko et Niamey, respectivement par les chefs d’États, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général Tiani.

On le savait, depuis l’avènement du terrorisme qui a gangréné et qui continu de gangrener ces trois États, affectant le climat au sein de l’organisation sous régionale depuis quelques années après sa création le 28 mai 1975, le désaccord n’était plus un secret. La fracture au sommet entre les chefs d’Etat membres de l’organisation Ouest Africaine avait quitté les palais feutrés pour faire débat dans les rues à la faveur surtout de plusieurs coups d’Etats. D’abord au Mali, au Burkina et récemment au Niger où les défenseurs d’une certaine démocratie à l’occidentale copiée et collée, sont montés au créneau, estimant que ce coup de force contre la démocratie au Niger était de trop. Après une intervention militaire réussie en Gambie contre Yaya Jammeh qui avait opéré un coup d’Etat constitutionnel, il se dessinait contre le Niger une autre intervention de pays frères africains.

Les tirs de barrage de panafricanistes de renoms et la position des chefs d’Etat du Burkina Faso et du Mali avaient fini par ramollir des va-t-en-guerre comme, entre autres, les chefs d’Etat du Nigeria, du Togo et de la Côte d’Ivoire qui étaient prêts à déployer des contingents militaires aux frontières du Niger pour ramener au pouvoir le président déchu, Mohamed Bazoum. Face à ces velléités, le ton des chefs d’Etat du Mali et du Niger était donc martial : Une attaque de la CEDEAO contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre les deux pays. La fissure était déjà établie. Et il a fallu à ces va-t-en-guerre de lire entre les lignes et de reculer, l’Etat de Russie étant désormais présent aux côtés de ces États qui ont tourné le dos à leur ancienne colonie, la France.

La guerre n’a finalement pas eu lieu. Mais qu’est ce qui a motivé ce communiqué conjoint ce 28 janvier 2024 et qui annonce la fracture officielle de l’organisation ouest africaine après la fissure ?

Les signataires de ce communiqué officiel expliquent que l’organisation n’a pas porté assistance à leur États dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité. « Pire, lorsque nos États ont décidé de prendre leur destin en main, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes », fulminent les signataires du communiqué qui ont donc du mal à cacher à travers ce ton, leurs ressentiments car ces sanctions ont fragilisé d’avantage leurs États respectifs.

Une fracture sans surprise, car leurs pairs sont insensibles devant des populations meurtries par des années de violence imposée par des terroristes et face à une situation qui perdure, le retrait sans délais de la CEDEAO a été l’ultime recours.

Après ce retrait que les véritables géo stratèges attendaient depuis longtemps, et après ?

Bravo à ces trois chefs d’Etats. Mais le véritable combat qu’il faille mener désormais au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), c’est bien celui de la souveraineté monétaire. Un combat irréversible consistant à tourner définitivement la page du Franc des Colonies d’Afrique (FCA), fabriqué à Chamalières en France et où les États consommateurs de la monnaie n’ont aucun droit de regard. Tant que cette monnaie circulera encore et encore dans les banques et les portes monnaies de l’AES, il sera difficile de se défaire de cette pression illégale de la CEDEAO initiée à l’époque par des militaires issus de ces trois États, désireux de réaliser l’intégration entre les Etats de la sous-région et mus par les idéaux de fraternité, de solidarité, d’entraide, de paix et de développement. Il s’agit de leurs excellences le Général Aboubacar Sangoulé Lamisana, le Général Moussa Traoré et le Lieutenant Seyni Kountché, respectivement chefs d’Etats de la Haute Volta (aujourd’hui Burkina Faso), du Mali et du Niger qui créaient, avec 12 de leurs pairs, la CEDEAO. 49 ans après, ces pays aux avant-gardes de la fraternité et de la solidarité entre les peuples de la sous-région, constatent avec beaucoup de regrets que leur organisation s’éloigne de ces idéaux. Aujourd’hui mis à mal, trois autres militaires ont pris sur eux la décision de rompre.

En effet, Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et le Général Tiani issus de ces pays initiateurs claquent la porte de l’organisation. Il ne faudra pas s’attendre à ce que la suite soit un long fleuve tranquille les pays encore membres de la CEDEAO croisant les bras. Certes, des bâtons dans les roues de l’AES ne manqueront pas, seule la détermination des peuples dernière leurs Chefs d’Etats pourrait constituer le socle d’un avenir meilleur hors de cette CEDEAO depuis décriée dans les rues des pays membres. Après des années de souffrance déjà endurées.

Wangola Médias.

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