Politique

OUAGADOUGOU-PARIS: Entre réciprocité de piqûres ?

 » Comme tu as suspendu ton aide publique au développement, tes entreprises installées au Burkina Faso paieront désormais l’impôt « . Ainsi peut-on résumer la réaction des autorités burkinabè à leurs homologues français.

Le Capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition

Il y a à peine quelques jours, plus précisément ce dimanche 6 Août 2023 que les autorités Françaises, dans la surprise générale, suspendaient leur aide au développement au Burkina. Une aide, il faut le souligner était estimée à 316 milliards environs. Un chiffre qui donne le tournis et l’on ne peut que s’inquiéter sur le manque à gagner dans l’assiette fiscale Burkinabè.

Toutefois, il convient de saluer la réaction de l’ensemble des Burkinabè, qui, loin de s’apitoyer désormais sur leur sort, ont d’ailleurs salué cette suspension de l’aide venant de leur colon. Une maturité à saluer, car ayant compris 40 ans après, cette mémorable affirmation de Thomas Sankara, qui estimait que l’aide doit permettre de se passer de l’aide.

Depuis des décennies donc, la France injectait des milliards pour notre développement ? Et comme l’esclave d’hier veut désormais s’émanciper, il convient de lui couper les ressources afin qu’il revienne sur terre ? Un peu comme un père mécontent du comportement de son rejeton à qui il veut lui montrer que sans lui ses ressources sa souffrance est assurée.

La ministre des Affaires Étrangères, Olivia ROUAMBA

Les Burkinabè ont rarement montré leur unanimité sur question nationale. C’est fort de cette volonté de s’émanciper, à se passer de l’aide au développement de l’ex colonisateur que les autorités Burkinabè ont réagi. Une réaction qui s’apparente comme une réponse du berger à la bergère.

En effet, dans une note datée du 07 août 2023, le Burkina Faso a annoncé la fin des avantages fiscaux accordés à la France en dénonçant la convention de non double imposition. Cette dénonciation selon la partie burkinabè, est la conséquence du refus de la partie française de renégocier ladite convention qui date de 1965. La ministre des Affaires Étrangères, Olivia ROUAMBA a précisé que « la présente dénonciation prend effet dans un délai de trois (03) mois suivant réception de la présente note ».

Selon un fiscaliste, la convention de non double imposition permettait entre autres, d’éviter à des entreprises françaises de payer des impôts sur un même revenu au Burkina Faso. C’est dire qu’avec cette convention de 1965, les services des impôts du Burkina Faso ne prélevaient pas de retenue à la source sur les revenus issus des prestations que les personnes ou entreprises françaises rendaient sur le sol burkinabè. Depuis plus de 50 ans donc, les entreprises françaises étaient exemptées de beaucoup d’impôts au Burkina Faso. C’est désormais fini.

Cette décision du Burkina Faso serait-elle le manque à gagner créé par la suspension de l’aide publique au développement ? Nous sommes tentés de le croire.

Car si la France colonisatrice pensait être la généreuse, elle a sans doute ignorée que quelque part que, les entreprises Françaises, telles que la polémique filiale Bolloré, installées sur le sol du Faso depuis un demi siècle, au lieu de renflouer nos caisses, rapatriaient leurs capitaux au détriment du Trésor Burkinabè.

Vivement que les autorités Burkinabè procèdent rapidement à l’estimation fiscale à verser par ces entreprises Françaises et que commence dans un trimestre la compensation du manque à gagner.

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