La balade du griot

La balade du griot: le cri de cœur de Djéliba face à la pénurie de timbres fiscaux

Dans ses chevauchées citadines, une conversation récurrente parvient aux larges oreilles de Djéliba. En effet, par ces temps de vaches maigres, où les petites économies du griot se sont vues volatilisées sans même suffire à payer les frais de scolarité de sa large famille, Djéliba se voit dans l’obligation de multiplier ses escapades, histoire d’arracher une pièce par ci un billet par-là, afin de continuer à bénéficier du sourire de sa tendre, douce et belle épouse…Après tout, quelle femme, aussi immatérielle soit-elle, sourira à un homme incapable d’assurer sa popote ? Pour ne pas être dans ce lot, Djéliba fait route et chantier, piste et ruelle, festin et assemblée pour ramener quelque chose à la maison chaque soir.

C’est justement dans ces randonnées qu’il apprendra qu’une pénurie de timbres fiscaux sévit à Banfora. Cette affaire, il convient d’en parler tant les murmures à son sujet sont assourdissantes. En effet, dans les grins, les bistro, les maquis et boîtes voire les lieux des baptêmes et mariages, voici les échanges qui parviennent aux larges ouïes du griot:  « Comment se fait-il que sous le nez des justiciables, on puisse vendre un timbre fiscal de 200fr à 750f sinon même 1000fr? C’est un acte qui frise le moral, mes gars.

Par ces temps où la cohésion sociale doit être de mise, où invite est faite à tous les fils et filles du pays, pour une synergie d’action, certains s’érigent en super Burkinabé pour se permettre de défier les textes, en vendant de façon surenchère des timbres fiscaux ! Ces derniers, comment font-ils pour être les seuls à avoir ces timbres ? Les autorités ne sont-elles pas au courant de cette pénurie ? Si tel est le cas, pourquoi ne le sont-ils pas donc ? S’ils le sont, que font-ils pour résorber le problème ? Parce qu’à la vérité, ce sont les citoyens lambda, nous autres qui payons le lourd tribut.

Nous les pauvres qui, aux prix de nombreux sacrifices nous saignons pour accompagner le camarade « Capitaine IB » dans son élan de changement.

Une chose est sûre, la chèvre finit par mordre à force d’être trop coincée. Djéliba retient que ce sont les petits maux qui deviennent grands. En attendant, il attire l’attention des plus hautes autorités à jeter un œil sur cette affaire avant qu’elle ne devienne incendiaire.

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