Bas-fond rizicole de Lémouroudougou : Les exploitants attendent un consensus.
Le ministre en charge de l’agriculture, Ismaël Sombié, était sur la plaine rizicole de Lémouroudougou, village périphérique de Banfora, ce 15 juillet 2023. Le Projet de résilience de compétitivité agricole (PReCA) mené dans 4 régions du Burkina dont les Cascades cristallise les positions. La visite du ministre s’est réalisée en catimini à cause d’une pluie qui s’annonçait. L’approche des différents acteurs a donc été difficile. Nous vous proposons in-extenso la réaction du porte-parole des exploitants qui est intervenu devant le ministre au niveau du bas-fond.
Le ministre Ismaël Sombié suivant attentivement la présentation des techniciens
Diao Soungalo (exploitant terrien dans la pleine de Lémouroudougou) : « Nous sommes venus dans le cadre du bas-fond irrigué. Le ministre est là mais nous on n’a pas eu de consensus avec le PreCA lors de la validation du dossier. Nous avons eu des échanges mais nous n’avons pas trouvé de consensus. Chez nous, la population demandait deux campagnes par saison et nous avons aussi demandé une retenue d’eau, en quelque sorte un barrage. Maintenant le projet est venu pour faire le travail, ils ne connaissent pas le terrain mieux que nous. Ce bas-fond est exploité en saison sèche comme en saison pluvieuse. Nous ne pouvons pas nous s’asseoir et regarder un projet venu dans le cadre de la lutte contre la famine et qui va venir au contraire augmenter cette famine. Non. Nous ne voulons pas accepter cela. C’est ce qui a fait qu’il n’y a pas eu de consensus avec eux et nous n’avons pas validé le dossier. Ce sont eux qui sont allés valider le dossier et sont venus pour dédommager les gens. En plus de cela, il y a eu beaucoup de problèmes. Ils ont fait signer des exploitants pour pouvoir les dédommager et qui n’ont pas été dédommagés alors qu’ils ont déjà signé le document. Ils sont encore revenus pour nous dire qu’il y a du surplus dans le nombre de personnes et que sur les 600 ha prévus, eux ils ont prévu 460 ha. Dans les 460 ha, le projet n’a pas respecté cette superficie. Ils ont réduit à 360 ha.
Soungalo Diao, porte-parole des producteurs dit se confié au gouvernement pour la satisfaction de leurs doléances
Dans ces conditions, nous nous réservons. Maintenant et heureusement que le ministre est venu. Nous nous allons nous confier au gouvernement et à notre ministère de tutelle pour pouvoir avoir une satisfaction. Le ministre est venu pour apprécier et au moment opportun il va répondre à tout le monde. En attendant, nous n’avons rien décidé puisse qu’il n’y a rien de consensuel. Nous attendons puisse que le projet n’arrive pas à fonctionner. Notre souhait est que les travaux se poursuivent comme la population veut. Précisément, je veux parler des villages qui sont cités dans le projet. C’est notre souhait ».
Cette sortie de l’exploitant agricole Soungalo Diao a suscité la réaction d’un technicien du projet qui s’est expliqué au ministre Sombié sur le site en ces termes: « Nous sommes à Lémouroudougou et nous avons le reste de la plaine qui se prolonge dans les villages de Nafona, Korona, Kribina. Ce sont ces villages qui sont concernés. Dans cette partie (sur la carte) vous avez justement la zone de Nafona dont les populations exploitent la plaine. A l’origine comme la Directrice Régionale l’a dit, nous étions à 600 ha et lorsque nous avons fait des études, des investigations, il y a des parties complètement inoccupées. Nous avons un challenge important ici qui est d’assurer le drainage au niveau du bas-fond. Ce que nous avons retenu, parce que lorsqu’ils disent qu’il n’y a pas eu de consensus, au départ, ils ont proposé qu’on fasse un barrage en amont pour permettre justement d’irriguer pendant la saison sèche. Mais, il se trouve en réalité que les eaux qui arrivent ici, ce sont les déversements du barrage de Toussiana. Vous avez aussi quelques arrivées d’eau au niveau des flancs, des berges qui se concentrent ici (sur la carte). A un moment donné, lorsque vous arrivez, toute cette partie est à l’eau. Donc le challenge ici était de drainer le peu d’eau et dégager des zones pour pouvoir faire l’exploitation rizicole.
Les producteurs souhaitent deux campagnes par an. Ce qui est difficile selon les techniciens
Nous avons donc œuvré à dégager assez de parcelles pour l’exploitation et faire en sorte que l’eau ne puisse pas aller sur les parcelles et deuxièmement, nous avons dit que comme en saison hivernale le problème d’eau ne se pose pas, le problème c’est d’arriver à trouver des sources d’approvisionnement en saison sèche pour permettre l’irrigation. Vous remarquerez lorsque vous faites le tour il y a des résurgences. Ça veut dire que nous avons des nappes qui se trouvent tout le long et qui peuvent effectivement servir. Et ces nappes assurent une certaine humidité tout le long de l’année pendant la saison sèche au niveau du bas-fond. Nous avons dit que nous allons exploiter ces sources pour permettre de faire l’irrigation. Nous avons fait les mesures et nous nous sommes rendus compte que les débits étaient insuffisants pour assurer cette production de saison sèche. Nous avons dit qu’on va faire des forages pour soutenir l’irrigation pendant cette saison sèche. Cette solution aussi n’est pas passée parce que nous avions retenu de le faire avec de l’exhaure solaire pour éviter des frais de fonctionnement pendant l’irrigation. Cette solution n’a pas été acceptée. Les gens se sont accrochés à ce qu’on fasse un barrage et un barrage ne se fait pas partout. Il faut d’abord un site approprié et ensuite il faut qu’on s’assure que le barrage se remplisse pour répondre à la vocation pour laquelle il a été construit. Voilà autant de points sur lesquels il n’y a pas eu d’accord.
Propos recueillis à Lémouroudougou par Wangolā Médias.
Les doléances des populations au ministre Ismaël Sombié :
-Le plan d’aménagement n’est pas consensuel (le type d’aménagement ne prend pas en compte la préoccupation des exploitants, production d’une seule campagne au lieu de deux)
-La non prise de la superficie totale
-Une mauvaise communication entre les différents acteurs du PReCA et la population
-La non prise en compte de l’ensemble des exploitants dans le processus d’indemnisation ;
-Une mauvaise exécution des activités confiées aux bureaux d’études ;
-Le retard d’exécution des travaux d’aménagements.
Wangolā Médias.