La balade du griot : l’agréable surprise que des cadets ont fait à leur aîné
A la demande des membres d’une famille, le griot a séjourné dans la ville de Sya au cours de la semaine écoulée pour les assister dans un événement. A travers cette invitation, cette famille montre à qu’elle connait l’importance et le rôle du griot dans la société.
En effet, c’est une grande famille à l’image de toutes celles fondées au cours des années de l’indépendance. L’aîné de la famille, qui a vite compris qu’il fallait décrocher un job afin d’aider les parents à prendre en charge ses petits frères est devenu enseignant-révolutionnaire. Pour ceux qui ont la mémoire, il a été recruté dans ce corps au cours des années 1985 tout comme plusieurs jeunes à l’époque. Très soucieux de l’avenir de ses nombreux petits frères, il les prenait avec lui à chaque fois qu’ils ont l’âge d’aller à l’école. Ainsi, tous ces cadets sont passés chez lui du CP1 jusqu’à l’université. Tous ont également obtenu un emploi beaucoup mieux rémunéré que l’aîné, avec la grâce de ce dernier, du seigneur et la bénédiction des parents.
Seulement, l’aîné tirait permanemment le diable par la queue. Il n’avait que la seule motocyclette qu’il a achetée au début de sa carrière. Il s’habillait juste pour ne sortir nu et sa famille mangeait ce qu’elle gagnait pour ne pas mourir de faim. Il a vécu dans cette situation jusqu’à deux ans de son départ à la retraite. Parmi ses cadets, il y en a qui se demandaient ce qu’il fait avec son salaire pour ne pas pouvoir s’en sortir. Ceux-ci oublient qu’ils n’ont pas les mêmes charges que l’aîné a eu quand il commençait son travail.
Mais un jour, l’un d’entre eux a réfléchi autrement. Pour lui, il doit y avoir une explication à la situation que vit leur aîné. De cette réflexion, il se rend compte que si l’ainé se trouve dans cette situation, c’est parce qu’il a passé toute sa carrière à s’occuper d’eux, ses petits frères, souvent même au détriment de ses propres enfants. A deux ans de la retraite, l’aîné vivait toujours en location dans un réduit. Il s’est convaincu que si leur grand ne vit pas dans l’aisance comme eux, c’est parce que durant toute sa carrière, il utilisait son salaire pour scolariser ses petits frères, ses enfants et pour s’occuper des parents. Ce dernier entrepris d’inviter les autres frères, à ne pas continuer à tourner le dos à leur aîné. Il implique le griot dans cette mission qui a produit les fruits escomptés. En effet, tous les petits frères se sont engagés dans la construction d’une maison et l’achat d’un véhicule pour leur aîné. Mais ils ont décidé de lui faire la surprise. Subtilement, ils réussissent à lui faire passer le permis de conduire quand bien même l’aîné se demandait à quoi cela va lui servir. Profitant du week-end dernier, tous les cadets se retrouvent à Bobo-Dioulasso. Le griot est également invité parce que ce week-end coïncidait avec l’anniversaire du grand frère. La veille de l’événement, les cadets arrivent tous au même moment chez leur aîné. Malgré l’invitation à lui faite pour prendre un verre en ville, l’aîné s’est beaucoup inquiété. “ Que se passe-t-il ? questionne-t-il. Je suis assez grand. Pour m’annoncer une mauvaise nouvelle, vous n’avez pas besoin de toutes ces tournures. Comment vous pouvez arriver tous au même moment chez moi s’il n’y a pas de problème ?” Les jeunes frères le rassurent et ils vont en ville. Après le maquis, ils font un détour dans une famille que l’aîné ne connaissait pas. Cette famille est voisine à la nouvelle maison qu’ils ont construite pour leur aîné à son insu. C’est d’ailleurs les membres de cette famille qui ont surveillé les travaux. Lorsqu’ils ont visité ensemble la maison qui était déjà meublée, les cadets demandent au griot d’annoncer la nouvelle à leur ainé tout en lui présentant leurs excuses de n’avoir pas cela plus tôt. En apprenant que non seulement la maison et même la voiture à bord de laquelle ils sont venus lui appartenait, l’aîné a fondu en larme. C’était son cadeau d’anniversaire. Tous ses petits frères se mettent à genou pour implorer son pardon et lui témoigner leur reconnaissance pour tous les sacrifices qu’il a fait pour eux.
Comme nous l’ont enseigné nos parents, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Le plus mauvais des défauts, l’ingratitude qui peut conduire l’homme à oublier les bienfaits des autres. Et le griot se fait le devoir d’inviter chacun à toujours dire merci à celui qui lui rend service.
Wangola Médias