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Konomba Traoré, ancien administrateur, traditionaliste, coutumier et chef chasseur au sujet de la journée du 15 mai prochain « Ce jour-là, il faut individuellement se souvenir de ses ancêtres, des soukôrôw »

Konomba Traoré, ce chef chasseur, coutumier et traditionaliste n’est plus à présenté. Administrateur civil à la retraite, il répond aux questions de Wangola Médias sur la journée du 15 mai consacrée journée des coutumes et de la tradition. Nous l’avons rencontré il y a à peu près un mois à Sindou, chef-lieu de la province de la Léraba lors de la journée provinciale des dozos qui avait vu la participation de dozo venus de la Côte d’Ivoire et du Mali. lisez!

Wangola Médias : Quelle appréciation faites-vous de l’engagement des dozos d’accompagner les efforts des FDS sur le terrain pour la reconquête du territoire nationale ?

Konomba Traoré : cet engagement est tout à fait normal. Les FDS, VDP et les dozo sont tous des gens en arme. Ce sont des gens qui sont fait pour combattre, pour la défense du territoire et des villages. Pour soigner les gens, vous le savez, les dozos sont les plus grands tradipraticiens. Donc les journées provinciales des dozos de la Léraba sont la bienvenue. Car comme vous le savez, il faut une union de ces connaisseurs de la brousse et de la faune. Pour combattre, ils faut qu’on soit uni et ouvert les uns envers les autres et qu’ensemble, on libère nos connaissances pour les dozos kalandéw (les élèves dozos). Il faut libérer les connaissances sinon nous risquons de les emporter avec nous dans nos tombeaux pour rien.

Quel est l’intérêt de pareilles journées ?

Ces journées sont très importantes parce qu’elles démontrent le patriotisme que les dozos ont pour la défense du pays. C’est un regroupement qui montre élan de patriotisme fort des dozos car, comme je l’ai toujours dit, la guerre n’est pas seulement une question d’armement, d’avions de combat ou de chars. La guerre revêt également un caractère mystique. Vous n’ignorez pas que les dozos ont des pouvoirs qu’il faut utiliser dans la guerre que ces hommes sans foi ni loi nous ont imposée. Nous, dozos, avons à notre disposition, beaucoup d’éléments que nous pouvons mettre à contribution dans cette guerre. Seulement, au début, aucun recours n’avait été fait aux dozos. Il a fallu le président Ibrahim Traoré pour que les choses bougent de ce côté-là.

La transition a justement décidé de commémorer la journée des coutumes et de la transition de 15 mai de chaque année. En tant que coutumier et traditionnaliste, comment réagissez-vous à cela ?

Depuis 25 ans, j’ai toujours chanté haut et fort pour réclamer cela ? j’interviens sur les médias et vous avez certainement eu l’occasion de la voir. Nous sommes un Etat laïc. Ce qui veut dire que toutes les religions devraient être traitées de la même manière. La laïcité est inscrite dans notre constitution mais elle n’a jamais été respectée par les premiers présidents. C’est le président Ibrahim Traoré qui est venu rétablir la parité. Pourquoi deux fêtes pour chacune des religions dites révélées et rien pour nous-mêmes. Alors que nous sommes chez nous. Nous suivons les ancêtres des autres et nous abandonnons les nôtres. C’est de la foutaise à la limite.

Que conseillez-vous à chaque Burkinabé de faire le 15 mai à venir ?

C’est de se souvenir de ses ancêtres, des « sous kôrôw », c’est-à-dire ceux qui ne sont plus de ce monde il y a longtemps. Ce sont eux qui nous ont mis au monde et nous devons les vénérer. Déjà, dans la nuit du 14 mai, à minuit, même si minuit est dépassé, il faut que chacun s’apprête avec une calebasse ou un gobelet d’eau. Il s’accroupit et verse l’eau à terre pour les ancêtres et les génies de la terre (dougou kolo djinaw ani sous kôrôw) pour que dans un premier temps, ceux-ci nous pardonnent nos fautes. Ensuite on pourra demander leur bénédiction et leur protection. C’est après quoi on verse l’eau à terre. C’est individuel, chacun le fait et chacun demande des bénédictions pour sa propre personne, pour sa femme, ses enfants et autres. Après avoir verser l’eau à terre, il touche la terre de ses paumes et les ramène à son front à trois reprises pour prendre sur lui les bénédictions des ancêtres et des génies de la terre. Et c’est tout. D’ailleurs, le 15 mai devra désormais être notre fête de nouvel an. Et nous n’allons plus mettre la religion de quelqu’un d’autre devant celle que nous ont léguée nos ancêtres.

Propos recueillis par Go Mamadou TRAORE

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