
Dans un Burkina Faso où les défis sociaux et humanitaires se multiplient, certaines personnes choisissent de ne pas rester de simples spectatrices. À Banfora, c’est le cas de Catherine Midjour/Soulama, une femme au parcours marqué par les blessures de la vie, mais qui a décidé de transformer sa douleur en énergie positive qu’elle met au service des autres. A la tête de l’association IBELMA, elle conjugue art, solidarité et éducation pour offrir un avenir meilleur aux enfants et personnes vulnérables de sa région.
Une blessure d’enfance devenue un moteur d’action.
Tout commence en 2013, lors d’une formation en art social à l’espace culturel Gambidi, dans le cadre du projet Eau dans le Bassin de la Haute Comoé. Ce jour-là, sur scène, le formateur de Catherine perçoit son mal-être et, sans détour, dévoile à l’assistance la cicatrice qu’elle s’efforçait de cacher depuis l’enfance. Un accident de brûlure au bras l’avait marquée physiquement et psychologiquement, la condamnant aux moqueries de ses camarades et à une longue bataille intérieure contre la honte.

Les enfants sont les meilleurs amis de Catherine Soulama
Mais ce moment de vérité devient une libération. Catherine décide alors de briser le silence, d’assumer ses blessures et d’en faire une force. De ce déclic naîtra IBELMA, une association à dimension sociale et culturelle, officiellement fondée en 2017, qui œuvre à l’épanouissement des enfants et des femmes à travers des actions artistiques et humanitaires.
IBELMA : L’art au service de l’éducation et de la solidarité
Derrière ce nom se cache une organisation dynamique qui fait de l’éducation artistique un levier d’intégration, de sensibilisation et de résilience. IBELMA a pour mission de promouvoir l’éducation artistique et de sauvegarder les valeurs et traditions ancestrales, tant au niveau local que national.
Depuis sa création, l’association multiplie les initiatives en faveur des enfants vulnérables, des personnes déplacées internes (PDI) et des jeunes en quête de repères. Ses activités sont riches et variées : Formations en danse, conte et arts plastiques. Sessions en sécurité routière et informatique. Organisation de causeries éducatives en partenariat avec les services de l’éducation, de la justice et de l’action humanitaire. Visites touristiques, camps de vacances et arbres de Noël. Création d’un centre de lecture pour les enfants.
Au total, plus de 1000 enfants ont déjà bénéficié de ces actions dans les communes de Banfora, Niangoloko et Bérégadougou.

Communiquer les tout-petits, un plaisir pour Catherine Soulama
Des vies transformées, des talents révélés
Les retombées de ces engagements sont palpables. Grâce aux formations artistiques, plusieurs enfants ont pu révéler des talents insoupçonnés. Deux d’entre eux évoluent aujourd’hui comme artistes musiciens, tandis que d’autres ont appris à respecter les règles de sécurité routière ou à s’initier à l’informatique.
Au-delà de l’apprentissage, IBELMA cultive un esprit de solidarité et de cohésion sociale. Catherine se souvient avec émotion de cette fillette, participant à un camp de vacances, qui après avoir vu un enfant déplacé interne dans le besoin, a supplié ses parents de lui venir en aide. Une scène anodine pour certains, mais un symbole fort pour celle qui croit fermement que l’avenir du Burkina Faso se construira sur des valeurs humaines partagées.

Au nombre des activités que mène Ibelma, les excursions touristiques et détentes
Un combat quotidien contre les obstacles
Comme toute organisation associative, IBELMA fait face à de nombreuses difficultés : manque de moyens financiers, insuffisance de matériel et absence de subventions pérennes. Catherine et son équipe fonctionnent principalement grâce aux cotisations des membres et à la générosité de personnes de bonne volonté. Mais loin de se décourager, la présidente reste confiante.
« La vie est un combat, et chacun a un rôle à jouer dans cette bataille. Je refuse de baisser les bras. » affirme-t-elle avec détermination.

Le volet associatif de Ibelma se porte bien
Des rêves à concrétiser et un appel à la solidarité
Pour renforcer son impact, Catherine nourrit un projet ambitieux : la création d’un centre culturel doté d’un restaurant où les mets locaux seraient mis à l’honneur. Cet espace serait un lieu de formation, de loisirs, mais aussi de promotion de la culture burkinabè.
Elle invite par ailleurs les autorités, les partenaires et la population à soutenir l’éducation artistique, qu’elle considère comme un moyen efficace pour prévenir la délinquance juvénile et promouvoir la cohésion sociale.
« Ensemble, nous pouvons lutter contre ces fléaux. Donnons aux enfants et aux jeunes des raisons de croire en eux et des espaces où s’épanouir… »

Ici la production de soumbala
Un message d’espoir pour la jeunesse burkinabè
Catherine Midjour/Soulama s’adresse enfin aux jeunes tentés par la dérive ou rongés par le doute :
« Chaque être humain possède un potentiel. Ce n’est pas parce que tu échoues ici que ta vie s’arrête. Ne te décourage pas. Crois en toi, comme ta maman Catherine croit en toi. »
Un message de tendresse et de combativité qui résume bien l’esprit d’IBELMA : un lieu où l’art, la solidarité et l’amour des autres s’entrelacent pour bâtir des lendemains meilleurs.
Contacts IBELMA
Téléphone : +226 70 34 88 72
Email : associationibelma@gmail.com
Facebook : Association IBELMA.
À travers ce portrait inspirant, Catherine Midjour/Soulama et l’association IBELMA rappellent que le combat social n’est pas l’affaire des grandes structures uniquement. Il naît souvent de blessures personnelles transformées en sources de lumière pour les autres. Banfora et toute la région des Cascades gagneraient à multiplier de telles initiatives, où la culture et l’humanité se conjuguent pour écrire des histoires de résilience et d’espoir.
Boubak KARAMA
Wangola Médias