Education inclusive : les difficultés de la prise en charge des élèves handicapés visuels au centre d’une rencontre d’échange
Sous l’égide de la Direction provinciale de l’éducation préscolaire, primaire et non formelle de la Comoé, une rencontre d’échange s’est tenue le 3 novembre 2023 à l’école Ouest A de Banfora autour de la prise en charge des élèves handicapés visuels c’est-à-dire ceux aveugles et malvoyants. Placée sous la présidence du Directeur provincial Mamadou Héma, elle a permis aux enseignants qui ont ce genre d’enfants dans leur classe d’égrainer les difficultés auxquelles ils font face.
Le DPEPPNF Mamadou Héma, ici au milieu, a présidé la rencontre
La politique de l’éducation inclusive au Burkina Faso fait que tous les enfants en âge d’aller à l’école doivent y être y compris ceux vivant avec un handicap. A Banfora, quelques écoles ont été ciblées pour leur prise en charge. Il s’agit des écoles Ouest A, Kossara, Toungouéna et Centre A. Dans ces quatre écoles qui sont les premières à mettre en pratique cette politique, les apprenants malvoyants ou aveugles sont actuellement en classe CE2. L’école Sud A vient de commencer l’expérience. Elle est à la deuxième promotion c’est-à-dire le CP2. La stratégie consiste à accueillir l’enfant vivant avec un handicap dans une classe d’observation où ils reçoivent une éducation des doigts et apprennent à utiliser le braille.
Les difficultés liées à la prise en charge des enfants aveugles ou malveillants ont été soulevées par les participants
Une fois cette classe franchie, l’enfant se retrouve au CP2 parmi les élèves dits normaux. C’est en ce moment qu’on parle de leur inclusion et d’éducation inclusive. A partir de cette classe, ils suivent les mêmes enseignements que les autres. En ce moment, un tuteur lui est trouvé qui lui aussi est initié aux brailles et qui aide l’élève malvoyant à dans certaines taches comme la prise de notes. Ce rôle de tuteur peut être joué par le second enseignant si la classe dispose de deux enseignants. Selon les pédagogues, ces enfants sont capables au même titre que les enfants dits normaux, de réussir et de servir la nation plus tard.
Photo de famille après la rencontre
Ce 3 novembre 2023, après avoir passé en revue la situation de ces classes dites inclusives spécialisées, les participants à la rencontre, au nombre de 30 enseignants qui pratiquent cet enseignement dans la ville de Banfora ont évoqué des difficultés en termes de besoin de formation, d’insuffisance de matériel et surtout d’absence de prise en charge financière contrairement à leurs collègues des classes bilingues qui en bénéficient.
Yéli Rosalie Angèle Ouattara « Nous avons porté ces difficultés à la connaissance de nos supérieurs hiérarchiques dans l’espoir que des solutions soient trouvées »
Sur la question, Yéli Rosalie Angèle Ouattara, qui prend en charge des élèves handicapés visuels dans sa classe à l’école Ouest A indique que des matières spécifiques viennent s’ajouter aux disciplines traditionnellement enseignées dans les classes. Cependant, elle fait noter que les enseignants qu’ils sont n’ont pas de formation spécifique. « Nous sommes formés pour enseigner les enfants dits normaux. Maintenant on nous envoie des enfants qui ont un handicap. Certes nous avons eu quelques occasions de formation mais c’est très insignifiant devant la charge de travail. A cela il faut ajouter que ces enfants n’utilisent pas les mêmes cahiers que les autres élèves. Ils n’ont pas de stylos mais plutôt des poinçons. En lieu et place des ardoises, ils utilisent des tablettes. Trouver ce matériel est un véritable cauchemar. Au-delà, il y a la question de la prise en charge car, contrairement à nos collègues des écoles bilingues, nous qui tenons les classes inclusives avec le braille n’avons rien comme motivation. De plus la sensibilisation des parents s’impose puisque certains enfants vivant avec ce handicap ne sont pas scolarisés. Leurs parents sentant une gêne, à tords, à envoyer leurs enfants à l’école. Nous avons porté ces difficultés à la connaissance de nos supérieurs hiérarchiques dans l’espoir que des solutions soient trouvées ».
Kakénien Soulama « Il apprend comme les autres mais des difficultés liées au matériel se posent à son niveau ».
Kakénien Soulama de la même école qui est le maître de la classe de CE2 comptant un élève handicapé visuel, embouche la même trompette que madame Ouattara pour dire qu’il a reçu l’unique élève depuis sa classe de CP2 après qu’il ait passé deux ans dans la classe d’observation et celle transitoire. « Il apprend comme les autres mais des difficultés liées au matériel se posent à son niveau ». A entendre Kakénien Soulama, s’occuper d’un enfant aveugle ou malvoyant dans sa classe double le volume horaire du travail. Ce qui fait qu’il estime, lui-aussi, qu’une motivation financière ne serait pas superflue pour les enseignants qui sont dans la situation.
Wangola Médias