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Diarabakoko dans la commune de Banfora : une exploitation aurifère suscite des inquiétudes chez les villageois

Dans le village de Diarabakoko, des asiatiques venus à la tête d’une équipe d’exploitants miniers ont, après avoir obtenu l’accord d’un propriétaire terrien, commencé à creuser la terre à la recherche de l’or. Le démarrage de cette activité remonte au début de ce mois de juin 2024. Conduisant leurs travaux, les exploitants ont empiété sur des terres appartenant à d’autres personnes qui pourtant, n’entendent jamais offrir leur héritage à pareille activité. Ce qui a occasionné des remous dans le village. A présent que les pluies commencent à s’installer, cette exploitation à ciel ouvert de l’or suscite des inquiétudes chez des producteurs qui se demandent comment vont-ils atteindre leurs champs car après le passage des engins, il devient difficile, voire impossible de se rendre de l’autre côté des cratères où beaucoup d’habitants de Diarabakoko ont pourtant leurs champs.

En début juin 2024, c’est avec surprise que les habitants de Diarabakoko, village situé à une vingtaine de kilomètres de Banfora, ont découvert une exploitation aurifère à ciel ouvert à une dizaine de kilomètres à l’Est du village. Cette exploitation est conduite par des Asiatiques qui sont venus avec de grands moyens. En effet, ils ont des engins lourds avec lesquels ils creusent de très grands trous le long d’une rivière située non loin de leur base vie qui du reste est gardée par des hommes en arme, des VDP selon les habitants de Diarabakoko. Cette présence des VDP sur le site, avec des kalachnikovs est vivement critiquée par les habitants. Les trous géants laissés dans le lit de la rivière par l’exploitation de l’or sont aujourd’hui pleins d’une eau boueuse. En plus de ces engins qui sont impressionnants, ces exploitants ont réalisé un forage qui leur permet de laver le minerai grâce au long tuyaux qui conduisent l’eau jusqu’à l’endroit où ils creusent. L’eau boueuse issue de ce lavage se retrouve dans le lit du marigot en une telle quantité qu’il est difficile à l’homme ou encore aux animaux de traverser. Toute chose qui empêche les cultivateurs d’accéder à leurs exploitations situées de l’autre côté des tranchées. « Comment allons accéder à nos terres ? Les quelques passages que nous avions sur le marigot ont tous été rasés par les engins qui creusent » s’interrogent les producteurs qui se demandent comment vont-ils nourrir leurs familles dans la mesure où jusqu’à aujourd’hui, les exploitants n’ont pas aménagé un passage pour eux.

Le président CVD, Siaka Soulama qui recommande la préservation de la cohésion aux différentes parties, attend l’implication des autorités pour qu’une solution soit trouvée

Dès le début de l’activité, une famille dont les terres sont contiguës à celle qui est présentement exploitée a eu maille à partir avec les exploitants. Celle-ci a dû monter la garde sur les lieux durant plusieurs jours et parfois bander les muscles pour empêcher qu’on ne touche à ses terres. « Ce sont les terres de nos parents. Un jour, je crois que c’était au début du mois de juin, j’ai appris que des exploitants miniers sont arrivés au village et qu’ils ont pris langue avec certains propriétaires terriens qui ont donné leur accord. Alors, leurs terres ont commencé à être exploitées. Ces terres sont voisines aux nôtres sauf qu’il y a un marigot qui les sépare. Mais à un moment donné, les exploitants ont traversé le marigot et ils ont empiété sur nos terres. Mes frères se sont déportés là-bas à trois reprises pour leur dire d’arrêter mais les ouvriers ont fait la sourde oreille. La quatrième fois, j’y étais personnellement. Nous leur avons dit d’arrêter. Ce jour ils ont effectivement arrêté les travaux. Nos frères ont passé deux jours de garde sur nos terres pour maintenir l’ordre. Y étant, nous avons constaté la présence de nos VDP sur le site. Ils sont armés. Nous avons alors pris la décision d’approcher le préfet pour que des mesures soient prises afin d’éviter toute altercation entre nous et les VDP. Cela parce que dans la mesure où les exploitants ne voulaient pas respecter notre position, si par excès de colère nous intervenons d’une certaine manière, c’est sûr que les VDP vont les protéger et cela peut tourner mal. Ces VDP sont des frères du village. Si quelque chose de ce genre se produit, ça risque de créer un conflit dans le village. C’est ce que nous ne voulions pas. Voilà pourquoi nous avons voulu informer le préfet de ce qui se passait mais malheureusement, nous ne l’avons pas vu car il nous a été dit qu’il était en rencontre au gouvernorat le jour de notre passage. Nous avons également chargé un autre d’informer le président du CVD et le chef de village. Nous avons même touché le responsable de l’entreprise à qui nous avons dit que nous ne voulons pas qu’ils touchent à nos terres. Nous leur avons dit de se contenter de la partie où ils ont eu un accord.  Présentement je crois que notre volonté est respectée par eux. On eut dire que de notre côté, le problème a trouvé solution. Il n’y a plus de problème entre nous et les exploitants » raconte notre interlocuteur qui est une dame et qui est aussi l’ainé d’une famille de propriétaires terriens.

C’est par ici que passaient les producteurs pour aller dans leurs champs situés de l’autre côté. Ce passage est désormais impossible pour eux.

A entendre la bonne dame, l’endroit soumis à exploitation est le seul et dernier espace vital du village. « C’est la seule partie du village qui nous reste et c’est là-bas que tout le monde tire ces vivres. Que ce soit pour le maïs ou le riz, c’est la seule zone d’exploitation qui nous reste. Pourtant après leur passage, ce sont des trous géants et profonds que l’entreprise laisse derrière elle. Et cela représente un danger sérieux pour et pour les hommes et pour les animaux. Il nous été dit que l’entreprise a pris l’engagement de refermer ces trous mais ça nous attendons de voir » a-t-elle ajouté.

Siaka Soulama est le président du CVD de Diarabakoko. Pour lui, cette exploitation de la zone a effectivement créé quelques remous dans le village. Il dit ne pas savoir trop de choses dans cette affaire car le propriétaire terrien qui a donné son accord dit que ces terres relèvent du village de Diarabakoko 2. « Même si je suis mis au courant de ce qui se passe de temps en temps, c’est à titre d’information seulement » déplore le président CVD. A titre d’exemple, dira-t-il, même quand les plaignants se rendaient à Banfora pour voir le préfet, je n’ai pas été informé. Siaka Soulama atteste que c’est effectivement lorsque les exploitants miniers ont empiété sur les terres de la famille plaignante que les problèmes ont commencé. « Suite aux plainte de la famille, j’ai joint le détenteur du permis d’exploration au téléphone qui m’a rassuré qu’il allait négocier les terres de la famille mais celle-ci a catégoriquement refusé. Elle a même refusé de prendre les 70 000 F CFA représentant le dédommagement de la portion partie qui a été touchée. Je crois que l’exploitant jusqu’à présent respecte la décision la famille. Dans tous les cas, je ne plus été touché pour quoi que ce soit en tant que président CVD » a confié le président CVD qui croit savoir que le document dont dispose l’entreprise porte uniquement sur l’exploration et non l’exploitation. Pourtant, plusieurs plaignants dans cette affaire estiment que Siaka Soulama est bien informé de la situation. Certains estiment qu’il a même reçu des dividendes. Ce dernier s’inscrit en faux même s’il reconnait avoir assisté au paiement du propriétaire terrien qui a accepté vendre sa portion. Toutefois, il espère avoir joué son rôle en tant que président CVD. « J’ai donné des conseils aux différentes parties impliquées dans cette affaire. Cela dans le souci d’éviter de troubler la cohésion nous coûte très chère » a tenu à dire le président du CVD. Tout comme les membres de la famille propriétaire terrien qui se plaint, le président CVD lui aussi a le regard tourné vers les autorités afin qu’une solution soit trouvée à ce problème qui peut en engendrer d’autres.

Go Mamadou TRAORE

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