La balade du griot
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Balade du griot : que vaut le poids du pardon dans le procès de détournement des 3 milliards ?

Devant son petit écran peu avant 19h ce 18 Décembre 2024, se jouait devant le griot le sort de 4 Burkinabè. Des agents de l’administration publique Burkinabè jugés pour leur implication dans des actes gravissimes liés à la gestion des deniers publics portant sur plusieurs milliards de francs CFA.

« Je demande pardon au TGI » ;

« Je demande pardon au peuple Burkinabè » ;

« Je demande pardon aux personnes déplacées internes (PDI) »

« Je demande pardon aux orphelins de l’insécurité » ;

« Je demande pardon aux acteurs de l’action humanitaire » ;

« Je demande pardon aux orphelins de la lutte contre l’insécurité » ;

« Je demande pardon aux personnes vulnérables » ;

Comme pour tout couronner, « Je demande pardon au Chef de l’Etat Ibrahim Traoré ».

 Bref. L’instant était très lourd depuis la matinée de ce 18 Décembre 2024, journée dédiée aux plaidoiries au TGI de Ouaga 1 sur le procès de détournement de 3 milliards de francs CFA.

Après une journée à charge et à décharge, successivement, les 4 prévenus à la barre, ont demandé pardon en attendant de connaître leur sort fixé pour ce 24 Décembre 2024 à 9h pour le verdict.

En cette journée qui marquait un tournant instructif dans ce procès, le griot n’a pas souhaité manquer en rien les réquisitions à charge du Procureur du Faso et les plaidoiries des avocats. Ont suivi, des pardons à n’en pas finir, à la limite tristement implorant. Si bien que le griot, connaissant le poids et tout le sens de la demande de pardon dans la tradition, se demande après tout ce qu’adviendra à ces accusés. Une salle d’audience sous coupe réglée du silence, un Président de TGI au sens exceptionnel d’écoute, des Conseils tout oui écoutant les derniers mots de leurs clients après leurs actes combien graves en cette période où seul le patriotisme a droit de cité. Mais ces prévenus ont tous eu la posture adaptée, la voix réglée et l’intonation pondérée nécessaire pour implorer pardon. Tout le sérieux recommandé en pareil situation après une faute commise et reconnue.

 Pour avoir lui aussi dirigé des médiations, (c’est bien l’un de ses rôles), le griot qu’il est, prône le pardon et l’acceptation du pardon, une fois cela bien exprimé.

Mais devant son petit écran, le griot a compris que dans un procès c’est toute autre chose. Car il a entendu dire à ce procès que dans cette loi copiée chez le colon, il n’y a pas de place pour le pardon. La rigueur de la loi seule option donc ?

 Toutefois il a entendu des avocats évoquer des circonstances atténuantes pour leurs clients ? Cette disposition est bien prévue dans la loi du colon que nos magistrats ont appris et en sont même devenus des techniciens. Le griot a bien entendu certains le répéter qu’ils étaient des techniciens du droit. Mais autant, devant un Président de TGI très attentif, ces techniciens de droit seront-ils entendus le 24 décembre prochain en cette veille de la fête de la Nativité ?

En attendant, le griot a entendu les réquisitions du Procureur du Faso qui a laissé tomber son couperet : 30 ans de prison ont été requis pour le principal accusé, Amidou Tiégnan, sommé également qu’il est de payer un peu plus de13 milliards de francs CFA d’amandes. 20 ans sont requis contre l’accusé Salifou Ouédraogo, avec une amande de 677 millions de francs CFA ; 11 ans de prison pour Bayoulou Phillipe, et une amande de plus 170 millions. Enfin,

15 ans de prison sont requis contre Mme Tarpaga/Ouédraogo avec 285 millions d’amandes. Tous ces accusés, selon toujours les réquisitions du Procureur du Faso, devront voir leurs biens confisqués s’il est suivi le 24 décembre prochain par les juges du TGI Ouaga 1 qui se sont donnés 6 jours pour situer les Burkinabé qui du reste comme le griot, ont suivi de bout en bout les révélations des accusés, l’éclairage des témoins, les joutes oratoires du parquet, et des Conseils des prévenus, du RENLAC, tout comme les démonstrations de l’AJE qui a mis le doigt sur les préjudices subis par l’Etat Burkinabè, évalués à plus de 5 milliards de francs CFA.

Ce qu’en pense le griot c’est que ce procès retentissant est plein d’enseignements pour les Burkinabé.

Premièrement, comme l’a soutenu le conseil de dame Tarpaga, l’argent est comme une Marquise qui attire tout homme normal. Partant de ce fait, l’argent attire et attise la tentation des voleurs. Il appartient au maître de la maisonnette, dont l’Etat ici de prendre des précautions à bien verrouiller ses portes. Ce qui n’était pas le cas durant des années au Burkina. Dommage donc que la tentation ait été suscitée et les deniers publics aient soufferts.

Deuxièmement, le griot se fait le porte-voix de l’avocat du RENLAC, Maître Prospère Farama, qui, ayant ouvert le bal des plaidoiries, a estimé qu’il y a des milliers de Tiégnan et ses co-accusés comme à l’image de ce policier qui prend 1000 f sur la route à l’usager, ou bien ce citoyen qui prends 10 000f. S’ils ont l’occasion dira-t-il comme ces prévenus ils vont se servir plus.

Il ne suffit donc pas de condamner ces accusés pour que par une baguette magique disparaisse la corruption. Tous les Burkinabé sont donc interpellés. Car dira Maitre Farama, il faut apprendre à nos enfants que la chose publique est sacrée, fut-elle d’une valeur de 1000f.

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