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Niankorodougou dans la Léraba : la protection des adolescents sur les sites aurifères est devenue une urgence.

À Niankorodougou, dans la Léraba, la journée commence bien avant le lever complet du soleil. Dès 6h30, le site d’orpaillage s’anime dans un nuage de poussière. Des hommes, des femmes… et des adolescents, seaux de gravier sur la tête, regards vigilants font des gestes déjà marqués par la dureté du travail. Dans les véhicules reliant les villes de régions aux villages environnants, de jeunes passagers s’agrippent aux portières, exposés à tous les dangers.

La scène devenue presque banale, mais elle dissimule une réalité profondément inquiétante. Car Niankorodougou n’est pas une exception. Du Sud-Ouest au Nord, de l’Est à l’Ouest du Burkina Faso, les sites miniers artisanaux présentent un visage similaire : celui d’adolescents contraints de travailler très tôt, exposés à de multiples formes de violences et d’exploitations, notamment sexuelles, souvent tues et rarement dénoncées.

« Quand tu es jeune et que tu dois travailler pour aider ta famille, tu acceptes parfois des choses que tu ne devrais jamais accepter », confie Amadou, 15 ans. Un témoignage simple, mais lourd de sens, qui traduit la vulnérabilité silencieuse de milliers d’adolescents.

Précarité, silence et abus multiples.

Sur les sites miniers, la précarité est omniprésente. L’école est souvent abandonnée ou reléguée au second plan. La survie quotidienne devient la priorité absolue. Dans cet environnement instable, les adolescents, filles comme garçons, se retrouvent exposés aux pressions, aux manipulations et aux promesses illusoires. Fatimata, 14 ans, vendeuse ambulante, témoigne : « Il y a des hommes qui te disent que s’ils achètent tout ce que tu vends, vous devez passer le reste de la journée ensemble. Certaines filles acceptent par nécessité. D’autres refusent, mais tout le monde sait que ça arrive. »

Drogue et sexualité précoce : un engrenage dangereux.

Dans ces sites, la consommation de stupéfiants apparaît comme un facteur aggravant majeur. Initiés souvent à l’insu de leurs parents, des adolescents développent progressivement une dépendance qui les conduit à l’abandon scolaire, y compris parmi les élèves les plus brillants.

« L’enfant commence parfois par partager un simple pain avec un camarade, sans savoir qu’il contient de la drogue. Petit à petit, la dépendance s’installe », explique Madame BONKOUNGOU/ SAWADOGO Mariam, présidente de l’association RAMZIA.

À cela s’ajoutent le harcèlement sexuel, les abus sexuels et même des cas de viols signalés. Certaines situations sont présentées comme des relations consenties, mais impliquent des mineurs de moins de 18 ans. Une réalité qui relève, juridiquement et moralement, de la pédophilie, rappelle l’association.

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RAMZIA, une voix pour briser le silence.

Face à cette situation alarmante, l’association RAMZIA, basée à Banfora, s’est engagée dans la protection des adolescents vivant et travaillant autour des sites miniers et dans les zones à risque.

Sous l’impulsion de sa présidente, Madame BONKOUNGOU/ SAWADOGO Mariam, RAMZIA multiplie, chaque fois que l’occasion se présente, des séances de sensibilisation.  L’objectif est clair : informer les adolescents sur leurs droits, leur permettre de reconnaître les différentes formes d’abus, les encourager à refuser l’inacceptable et à parler. « Un adolescent informé est un adolescent mieux protégé », souligne-t-elle.

Les actions de RAMZIA reposent sur trois piliers essentiels :

L’information, l’écoute, l’orientation vers les structures compétentes en cas de situations d’abus identifiées. Pour l’association, la pauvreté à elle seule n’explique pas tout. L’ignorance, le manque d’éducation, la recherche du paraître, l’absence de dialogue familial et la pression sociale constituent des facteurs déterminants de la vulnérabilité des adolescents.

Famille, école, État : une responsabilité partagée.

Si les initiatives associatives sont indispensables, elles ne peuvent suffire. La protection des adolescents exige une mobilisation collective. Au niveau de la famille, le dialogue parents-enfants apparaît comme un levier fondamental. Parler ouvertement de sexualité, de drogues et des dangers sociaux, suivre les fréquentations, encadrer les sorties et les activités sont autant de mesures préventives essentielles.

À l’école, RAMZIA plaide pour une meilleure formation des enseignants à l’écoute et à la prise en charge psychosociale. L’enseignant doit être un repère éducatif et un adulte de confiance, au-delà de la simple transmission des savoirs.

Quant à l’État, son rôle reste central : encadrement des lieux à risque, régulation des maisons de passage, mise en place d’activités culturelles et sportives encadrées, et renforcement des politiques publiques de protection de l’enfance.

Une urgence nationale.

De Niankorodougou aux autres sites miniers du Burkina Faso, la réalité est la même. Les visages changent, mais les risques demeurent. Protéger les adolescents aujourd’hui, c’est préserver l’avenir de toute une communauté. Chaque regard attentif compte. Chaque parole responsable peut sauver. Chaque engagement est un pas vers un Burkina Faso plus protecteur de sa jeunesse. La protection des adolescents n’est pas une option. C’est une urgence nationale.

Boubak KARAMA

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