L’artiste reggae-man Ouattara Drissa dit « YAMBAWAN » : « Je n’empêche personne de parler de moi »

De son vrai nom, Ouattara Drissa, né en 1973 à Banfora dans la région des Cascades, YAMBAWAN (laisse les gens parler de toi) est un artiste reggae-man au style bien trempé. Le treillis toujours comme tenue de prestation, Yambawan est une véritable bête de la scène. Ce natif de Banfora cherche sa place au soleil dans le showbiz Burkinabè à travers la musique reggae. Remarquable dans ses prestations avec une canne toujours dans la main, « c’est la sagesse sur laquelle je m’appuis », se justifie-t-il. Basé à la capitale Burkinabè, récemment il occupe dans les Cascades plusieurs podiums à la faveur des festivals. L’artiste à la débordante philosophie rasta, à bien voulu recevoir Wangola Médias.
Wangola Médias : Que signifie « Yambawan » et dites-nous pourquoi le choix de ce nom d’artiste ?
Ouattara Drissa : mon nom d’artiste est bien « Yambawan ». Ce qui m’a motivé à prendre ce nom, je pense que ce sont mes amis d’enfance. Parce qu’au tout début de ma carrière, c’est à dire à la naissance de ce virus en moi pour la musique, j’avais des amis qui se moquaient de moi. D’abord, parce que je ne connaissais rien de ce qu’était même la gamme. Il y avait beaucoup de choses que j’ignorais et ils se servaient de ça pour se moquer de moi. Mais j’avais des amis fidèles aussi qui me disaient que tu vois, ces gens-là font semblant de t’aimer mais pourtant ils se moquent de toi. Donc je disais à ces amis fidèles de les laisser parler, moi je ne prends pas cela en compte. Parce que, quel que soit alpha, dans ta vie, il y a une chose qui est certaine, on parlera de toi que ça soit en bien ou en mal. Donc moi je n’empêche personne de parler de moi et c’est ce qui m’a donné le nom de « YAMBAWAN ».

Yambawan sur scène au FEMAR SKBO
Vous prestez toujours avec une canne à la main. Quelle signification donnez-vous à ce style ?
Concernant la canne que je tiens toujours, je l’ai surnommée « sagesse ». Pour moi, tout ce que nous entreprenons dans notre vie, il nous faut de la sagesse pour pouvoir réussir. Parce que la sagesse guide et oriente. Sans la sagesse tout est voué à l’échec. C’est pourquoi je préfère m’appuyer sur la sagesse pour mener mon combat. Sans la sagesse on risque de se tromper et pour éviter de faire trop d’erreurs, il faut s’appuyer sur la sagesse qui est très importante. Parce que quand l’on s’appuie sur la sagesse il y a certaines erreurs qu’on arrive à éviter.
Voilà pourquoi j’ai choisi cette canne symbolisant la sagesse pour moi et c’est sur elle que je m’appui. C’est un appui pour moi, elle me permet d’être en équilibre dans ma vie et de mieux mener la mission que Dieu m’a confié sur cette terre.
Depuis quand êtes-vous venus dans la musique et combien d’albums avez-vous déjà sur le marché ? Parlez-nous aussi de votre morceau fétiche qui vous a révélés au grand public ?
Je dirais que je suis venu dans la musique en 2007. C’était en Côte d’Ivoire dans la ville de Dabou où je faisais la mécanique. Je suis rentré au Burkina en abandonnant la mécanique et de façon officielle, c’est en 2013 que le bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA) m’a reconnu comme étant un artiste. Je dirais aussi que c’est là que ma carrière musicale a véritablement commencé avec l’album la « PAIX ». Malheureusement cet album n’a pas vu le jour faute de moyen financier. Découragé, je suis reparti en Côte d’Ivoire et c’est après que je suis revenu au Burkina Faso en 2018. En 2019, j’ai encore enregistré un autre album intitulé « Afro Tchémbélé » qui a connu le même sort que l’album la « PAIX ».
C’est pour vous montrer que ce n’est pas facile parce que nous sommes contraints à l’autoproduction et ceux qui connaissent le show-biz, savent que ce n’est pas du tout facile. Mais quand on a l’amour de la chose, on est obligé de faire ces sacrifices pour atteindre ses objectifs.
Après j’ai un peu reculé et je suis revenu avec un maxi album enregistré en fin 2023 mais qui est sortie en 2024 sous le titre « YASHIRA » en langue Cerma. C’est le réveil de l’Afrique et c’est ce maxi album qui m’a révélé aux mélomanes et aux médias Burkinabè.
Dans quel genre musical vous évoluez et pourquoi ce choix ?
Mon genre musical c’est le reggae. Parce que c’est le reggae qui m’a bercé depuis ma tendre enfance. Je suis née dans les années 80 où on a connu les grands frères Alpha Blondy, Bob Marley et à ces temps cette musique marchait très bien. Je ne dis pas qu’aujourd’hui ça ne marche pas mais à l’époque, on écoutait que le reggae. En plus, c’est une musique d’éveil de conscience pour tout le monde. Quand tu écoutes le reggae, c’est une musique engagée avec des thématiques vraiment poignants. Pour moi, le reggae c’est la musique des sans voix et il me fallait choisir le reggae comme je voulais vraiment défendre une cause noble. Et c’est ce que je voulais.

Jamais sur scène sans sa canne
Depuis quelques temps vous êtes présents à Banfora. Quelles sont les raisons de cette présence prolongée ici ?
Je dirais que je ne suis pas présent à Banfora seulement mais dans toute la région des Cascades et des Hauts-Bassins. La raison est très simple, c’est toujours pour la musique. J’étais déjà programmé pour une série de festivals entre la région des Hauts-Bassins et celle des Cascades et c’est ce qui justifie ma présence prolongée à Banfora. Mais je suis là aussi pour faire des rencontres en vue d’une tournée dans le mois de septembre prochain. C’est ce que je suis en train de coordonner avec des promoteurs dans les Hauts-Bassins et des Cascades.
Quelles sont les perspectives pour l’artiste Yambawan ?
Les spectacles à Banfora m’ont apporté une visibilité et une écoute auprès des mélomanes de la région des cascades et des Hauts-Bassins et je salue tous les « Namaboys ». Parce que pour moi ce sont tous des « Namaboys », c’est-à-dire, le peuple conscient, des panafricanistes épris de paix et de liberté. Je dirais même plus, des patriotes engagés pour la souveraineté et l’indépendance de l’Afrique.
Je pense qu’il y a beaucoup qui ont compris mon message et me soutiennent pour que ce mouvement puisse aller au-delà de nos frontières. Alors je tiens à les remercier tous. A tous les « Namaboys », merci beaucoup.
Mes perspectives c’est de continuer à travailler sans relâche, il faut toujours s’améliorer et comme je l’ai dit, je suis en train de prévoir une tournée pour le mois de septembre 2025 qui sera l’activité phare de cette année et qui prendra fin en décembre. Nous continuerons toujours de faire la promotion de cette musique reggae, parce que la promotion est très importante et je tiens à vous remercier, vous, journalistes de l’audio-visuel et de la presse écrite pour tout ce que vous faites pour la promotion de la musique Burkinabè afin qu’elle soit bien connue. Merci à vous.
Entretien réalisé par Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.