SN-SOSUCO : le ministre Serge Poda veut gagner la bataille du sucre.

La commercialisation du sucre de la SN-SOSUCO devenait quelque peu difficile quelques semaines avant le début du jeûne musulman. Et suite à un contrôle, mené par des équipes de la brigade mobile de contrôles économiques et de repressions des fraudes (BMCRF), les Burkinabè tombaient des nues. Alors que le paquet de sucre en morceaux devait être vendu à 800f dans les étales, certains commerçants avaient opéré une hausse de 200f. Comme la spéculation a depuis le vent en poupe, les consommateurs allaient s’approvisionner à ce prix sans la moindre critique. La situation était devenue comme normale et le prix du kilogramme de sucre était à 1000f.
Tout naturellement, les Burkinabè étaient estomaqués de découvrir les prix réels à appliquer. S’en était suivie la sanction des fautifs qui voyaient leurs boutiques scellées. Pour décourager d’éventuels récidivistes, des numéros d’appels d’urgence avaient été rendus publics par le ministère du commerce afin de mieux traquer ces commerçants véreux.
C’est dans cette situation d’incivisme de fixation des prix que le jeûne musulman a débuté cette année avec le calvaire des consommateurs dans la recherche du sucre de la SN-SOSUCO. Cette situation de ni pénurie, ni disponibilité de cette denrée de première nécessité, a ramené la spéculation. En effet, la SN-SOSUCO étant en pleine campagne sucrière, l’on ne pouvait donc pas soutenir de pénurie dans ce contexte, sauf qu’il convient d’admettre que le début tardif de la campagne sucrière 2024-2025 n’a pas arrangé les choses.
Ce 10 mars 2025, le ministre Serge Poda, a entrepris de prendre le taureau par les cornes par une inédite innovation commerciale du sucre national. Il a procédé au lancement officiel de la campagne spéciale de commercialisation du sucre à travers des boutiques témoins dans les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Banfora. Dans ces boutiques témoins, les consommateurs auront le kilogramme du sucre en morceaux à 800f et à 650f celui du kilogramme de sucre en granulé. Toutefois, ces prix sont appliqués tout en laissant une ouverture pour une majoration de 25 francs sur le kilogramme dans les autres localités.
Même si entre 200f puis 25f la marge est considérable, l’on peut s’interroger sur l’applicabilité de cette ouverture qui pourrait continuer à engendrer la spéculation et l’amalgame chez les consommateurs. Le ministère du commerce ne pouvait-il pas s’assumer jusqu’au bout ? Ne peut-il pas faire l’option de disponibiliser le sucre dans tous les grands centres urbains du pays ?
Du reste, une marge de 25f sur le kilogramme comme transport et la manutention dans les autres localités autres que Banfora, Bobo et Ouagadougou, pourrait être insignifiant aux yeux de certains commerçants et transporteurs.
En autorisant exprès de vendre dans certaines localités avec la majoration de 25f, c’est dire que le ministère du commerce qui a voulu couper court à la spéculation, provoque dans d’autres localités, une situation inconfortable pour ces consommateurs. N’est-on pas en train au fond de donner raison aux commerçants qui pratiquaient déjà les prix au-delà de 800f justifiant le coût du transport ?
La SN-SOSUCO étant retombée dans l’escarcelle des sociétés d’Etat, il convient que les efforts nécessaires soient effectués pour que tous les Burkinabè puissent payer le sucre produit au Faso aux mêmes prix. L’expérience des boutiques témoins dans les trois villes doit de ce fait s’étendre. C’est en cela que l’on pourrait se satisfaire d’avoir gagné la bataille de la commercialisation du sucre qui, bien évidemment, passe par plusieurs autres défis dont la modernisation des équipements à l’usine et l’augmentation de la superficie des champs de cannes.
Mais, pour l’heure, l’on peut se satisfaire de cette première étape qui voit le salut officiel des consommateurs de la capitale burkinabè en passant par la cité du Paysan noir et Bobo-Dioulasso.
Wangola Médias.