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15 Mai, journée des coutumes et des traditions : Ce qu’en pensent certaines figures de proue de la région des Cascades.

 Ils sont bien connus dans la cité du paysan noir pour leur penchant pour nos valeurs traditionnelles. Ils ne s’en cachent pas d’ailleurs, contrairement à bon nombre qui ont peur des regards de la société. Sont de ceux-là qui s’affichent, Ouattara Diao Lassina, Dozoba de Banfora, SG des Dozos des Cascades, membre de l’union panafricaine des Dozos d’Afrique et ambassadeur national des Dozos du Burkina, Bandjougou Diawara, Sa Majesté Tollé Sagnon dit Maouran, chef de canton du Karaborala, Sa Majesté Foumbè Idriss Hema, chef de canton de Soubaka, pour ne citer que ceux-là car la liste est bien longue. Leur dévouement pour les pratiques traditionnelles est bien connu à Banfora. A la faveur de l’institution du 15 mai comme journée des coutumes et traditions, Wangola Mediaş est allé à leur rencontre. Sur la liste de votre média en ligne, étaient donc des hommes pétris d’expérience dans le domaine. Malheureusement, pour des soucis de coordination et de communication, les chefs de canton et Bandjougou Diawara ne sont pas été à ce premier rendez-vous. Ce n’est que partie remise.

Tou Ardjouma est le chef de terre de Banfora Centre

Tou Ardjouma est le chef de terre de Banfora Centre. Il est plus connu à travers Massasso au secteur 2 de Banfora. Pour lui, cette décision du gouvernement de la transition d’instituer une journée de la coutume et de la tradition est la bienvenue. « C’est avec une grande joie que j’ai appris la nouvelle selon laquelle le gouvernement de la transition a pris une décision qui institue la journée du 15 mai comme journée de la tradition. Je suis entièrement satisfait de cela car c’est une volonté que nous avons vainement attendue des autres dirigeants de ce pays. Le capitaine Ibrahim Traoré a compris cette nécessité et nous lui en sommes grandement reconnaissant » a d’entrée de jeu fait noter Ardjouma Tou qui a tenu a indiqué qu’il pratique la religion musulmane à sa manière à lui. L’homme se réclame totalement traditionaliste. A l’entendre, la coutume et la tradition sont pour lui le point de départ des autres croyances. Et d’ajouter que « Telle que nous la pratiquons chez ici à Massasso, il y en a qui nous prennent pour des musulmans et d’autres pensent que nous sommes catholiques. Mais sachez une chose, la coutume ne s’accommode jamais de ce qui est mauvais ou impropre. L’islam, c’est la propreté, tout comme le christianisme. Mais avant l’arrivée de ces religions, quelle pratique faisaient nos ancêtres ? Malheureusement, les blancs sont venus avec la force et ont obligé nos parents à tout abandonner. Ils ont pris l’âme de notre jeunesse qui était l’espoir de demain afin de faire disparaitre totalement nos valeurs et nous sommes devenus esclave de leur pratique à eux » s’offusque Ardjouma Tou qui rappelle que c’est en plein midi qu’il a abandonné son poste de travail pour retrouver manu-militari la maison sacrée dans laquelle son père et ses grand-parents pratiquaient les coutumes.

Revenant au sujet du jour, le chef de terre de Banfora-Centre soutient que le retour à nos valeurs est la voie tracée vers notre souveraineté réelle. « Nous retrouverons bientôt notre indépendance. Pour le moment rien n’a encore été véritablement posé comme acte montrant effectivement que nous retournons à nos sources. Nous prions pour que le tout puissant facilite cela. Je peux dire aujourd’hui que le Burkina Faso est en train de renaitre avec cette décision courageuse de nos autorités. Il faut dire que les coutumiers abattent un travail énorme pour la paix, la cohésion et l’entende au sein de chaque communauté. En tout cas je le répète, à travers cette décision, je peux dire que les autorités ont désormais vu la voie à suivre et nous les accompagnons avec nos bénédictions. La reconnaissance de nos valeurs coutumières va assurément apurer nos terres et nous protéger contre l’ennemi. Cette tâche avait été abandonnée aux seuls coutumiers que nous sommes, avec nos maigres moyens. Mais il faut que les gens sachent que le coutumier n’ira jamais quémander pour faire les sacrifices au nom du pays. Les coutumes n’aiment pas cela d’ailleurs. Il appartient donc aux autorités d’apprécier » a fait noter Ardjouma Tou qui appelle chaque Burkinabé à élever des prière au ciel le 15 mai prochain pour le retour de la paix. « L’appel que j’ai à l’endroit des communautés vivant au Burkina Faso, est que chaque entité s’investisse pour que le pays sente un vent nouveau soufflé. Nous invitons du reste les musulmans et les chrétiens à ne pas restés en marge de cette commémoration car comme je le dis, la tradition et les coutumes, constituent le point de départ de tout Africain ».

Ouattara Diao Lassina

Quelle appréciation faites-vous de l’institution d’une journée nationale des coutumes et des traditions au Burkina ?

Nous disons merci aux autorités du Burkina avec à leurs tètes, son Excellence, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Premier ministre Kyélème et l’ensemble des membres du gouvernement. Notamment, le ministre de l’administration territoriale, Emile Zerbo, notre grand-frère Kassoum Coulibaly de la défense, Bassolma Bazié, qui sont ancrés dans la tradition et qui ont beaucoup lutté. Au nom des ancêtres de la région des Cascades, nous sommes très contents. Aussi, au nom des pouvoirs traditionnels de la région des Cascades, du Burkina et de la sous-région, nous disons encore merci au gouvernement. Nous sommes très honorés parce que chaque année nous allons fêter ça.

Car, on ne nous considérait pas avec la religion traditionnelle et aujourd’hui, c’est une fierté. Nous sommes sortis de l’obscurité et nous sommes maintenant à la lumière. La communauté nationale et internationale sait qu’au Burkina Faso, les coutumiers ont leur fête le 15 mai et ce que nous demandons à l’Etat, c’est de nous accompagner un peu pour que nous puissions honorer cette journée correctement. C’est vrai que nous le faisions avant, mais si le gouvernement veut que ça marche bien, comme c’est une première fois cette année avec la première édition, c’est d’accompagner les acteurs là.

Comment voulez-vous que cette journée se déroule ?

Personnellement, nous qui sommes de la confrérie Dozo, avec les chefs coutumiers, nous voulons que premièrement, il soit impérieux et judicieux, comme c’est la première fois, qu’on fasse des cérémonies officielles dans chacune des 13 régions avec les gouverneurs, les coutumiers, le conseil régional des chefs traditionnel, l’union régionale des Dozos, les chefs de terres. Que nous puissions nous s’assoir et discuter de l’avenir de notre pays, échanger sur ce que nous devons faire. Nous devons faire des prières pour qu’il y ait la paix au Burkina afin que l’hydre terroristes puisse prendre fin.

Qu’est-ce vous pensez pouvoir apporter de façon traditionnelle pour que la Transition puisse réussir à vaincre cette hydre terroriste ?

Nous sommes capables de beaucoup de choses. Nous avons commencé par payer des bœufs pour faire des sacrifices pour accompagner la Transition, pour qu’il y ait la sécurité dans notre pays. Nous l’avons fait mais, si nous sommes actuellement respectés parce qu’on nous a dédié spécialement une journée, nous allons encore voir avec les ancêtres, avec les pouvoirs surnaturels, comment on peut faire afin que le terrorisme puisse finir au Burkina Faso.

Nous avons des choses que nous pouvons faire pour que les djihadistes ne rentrent pas. Nous avons cette magie. La région des Cascades, c’est la capitale des pouvoirs mystiques au Burkina et même en Afrique. La région des Cascades, ce sont 17 départements, 179 villages, nous n’avons pas les moyens mais pour faire le bien comme le mal, nos gens sont spécialisés dans ça. Mais qu’est-ce que nous allons faire ?

Nous allons prier beaucoup pour qu’il y ait la paix, la sécurité au Burkina et partant dans la région des Cascades. Nous allons prier pour les autorités pour que Dieu et les ancêtres leurs donnent la force de travailler correctement.

Quel message à tous les adeptes de la religion traditionnelle ?

Nous disons merci à tous les chefs coutumiers avec à leurs têtes, le Mogho Naaba Baongo. Au niveau de la région des Cascades, sa majesté Tollé Sagnon Maouran, chef coutumier et président du conseil régional des chefs traditionnels à l’ensemble des chefs du grand ouest, nous leur disons de se respecter. Eux-mêmes, les chefs traditionnels doivent se respecter. Nous disons aux Dosobas et aux Dosos de se respecter. Les chefs de terres, tous, nous devons se respecter. Nous ne devons pas faire des choses qui ternissent notre image. Pour cela, nous devons être droits, travailler dans la transparence, dans la légalité, dans la dignité. Mais si nous laissons cela et nous faisons autre chose, ce n’est pas bon.

Nous devons aussi dire la vérité aux autorités. Ce n’est pas parce que ce sont des autorités que nous devons les laisser commettre des erreurs et on ne peut pas le leurs dire. Nous Dozos, on ne doit pas faire ça. Lorsque les autorités sont en infraction, nous devons leurs dire que vous ne devez pas faire ça. Nous travaillons avec les ancêtres et nous ne devons pas mentir. Nous avons banni le mensonge, on ne doit pas mentir, mais on les accompagne. Si elles sont en erreur, nous avons le devoir de le leur signifier. Qu’il y ait la paix aux Burkina Faso, dans la sous-région et dans le monde.

Enfin, nous appelons les filles et fils des Cascades, d’accompagner Wangola Médias, parce que ses journalistes sont en train de faire un travail formidable pour la région des Cascades et partant, du Burkina. Tous ceux qui peuvent les accompagner n’ont qu’à le faire. Mais nous leur demandons de travailler dans la clarté et la transparence. Un journaliste doit dire la vérité, il ne doit pas mentir. C’est ce que nous vous demandons.

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara et Go Mamadou Traoré.

Wangola Médias.

Wangolā Médias

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