Tossé Soma, sur la montée de l’USCO en Ligue 1 : « Le bureau complet est en train de réfléchir s’il va continuer ou pas ».
« En tout cas j’aime le thé », nous avoue-t-il. Enfin, après plus de deux semaines d’attente, nous l’avons trouvé autour de 14h ce 17 juillet 2024, un verre de thé entre les mains. Il sirotait son contenu. Sur son bureau trône majestueuse dame coupe remportée récemment en D2. Il s’agit de Tossé Soma, président de l’Union Sportive de la Comoé (USCO) qui vient de regagner l’élite du football national après 6 saisons sportives passées en D2. « Je n’ai pas le temps », nous explique-t-il encore sur notre longue attente. Mais enfin, nous avons obtenu notre rendez-vous. Après l’éphorie de la montée qui avait gagné toute la région des Cascades ce 9 juin 2024, avec lui nous abordons les enjeux sur cette montée de l’équipe en D1, les préparatifs pour une bonne saison sportive qui s’annonce en septembre prochain ainsi que le sort du président même et son bureau, de l’équipe d’encadrement et des joueurs qui ont permis la montée. Visiblement rien n’est encore véritablement envisagé. Lisez ce grand entretien sur l’avenir des unionistes de la Comoé en D1 où Tossé Soma, appel surtout à l’union des filles et des fils de la région des Cascades.
Wangola Médias : Un peu plus d’un mois après la montée en D1 de l’USCO, comment se sent le président que vous êtes. L’éphorie est-elle retombée ?
Tossé Soma : Rires. Il n’y a pas de problèmes, il n’y a pas de soucis, c’est l’émotion de joie qui est toujours là. Les sentiments de joie sont toujours là. Ce n’était pas facile mais nous sommes arrivés et je pense que c’est toujours la joie qui nous anime.
Une fois cette montée réalisée, le véritable travail doit commencer. Comment êtes-vous en train d’aborder ce virage ?
La Ligue 1 est effectivement une autre étape et nous sommes en train d’examiner pour voir si nous pourrons continuer ou pas. Puisse que, sans vous mentir, nous n’avons pas les moyens. Nous avons fait avec les moyens de bord en Ligue 2 donc, nous sommes en train d’examiner, voir si on pourra continuer ou pas. Ce n’est pas simple, c’est vraiment une autre étape.
Mais véritablement vous n’avez pas le choix, il faut continuer, vous êtes en D1.
Je n’ai pas le choix ? Ce n’est pas obligatoire que je continu (Rires). Tout dépendra de la cohésion au tour de l’équipe. Personnellement, seul je ne peux pas sans vous mentir. Je sais qu’au début il y a plus de 90% de gens qui n’ont pas cru à la montée mais je pense que c’est le moment de nous mettre ensemble pour continuer à relever le défi.
Justement, qu’est-ce qui vous fait dire que vous ne pourrez pas alors que vous avez réussi à monter l’équipe en Ligue 1 ? Vous avez fait le plus dure en montant l’équipe.
Il y a beaucoup de gens qui disent que la Ligue 2 est plus difficile que la Ligue 1 mais moi, je ne pense pas à ça. C’est une autre étape. En fait, c’est le manque de moyens. Il faut que je le dise clairement, ce ne sont pas des raisons personnelles. Je n’ai pas les moyens pour en tout cas continuer la Ligue 1. Mais je suis là-dessus.
Vous évoquez le problème de moyens. Dites-nous comment vous avez fait pour réussir la montée en D1. Où avez-vous trouvé les moyens pour conduire l’équipe en D1 ?
Nous avons cherché ces moyens au niveau de Banfora auprès de toutes les filles et fils de Banfora. Il y a des gens qui nous ont aidé, certains ne nous ont pas aidé. Je pense que je l’ai dit plus haut, des gens n’avaient pas cru qu’on pouvait peut-être faire quelque chose. Sinon, le bureau a mis le paquet, nous nous sommes mis au travail avec tout ce qu’on pouvait pour relever le défi.
Pourquoi vous semblez ne pas être prêts à garder la même dynamique ? Vous ne pensez pas que vous pouvez encore compter sur ceux qui vous ont aidé ?
Je pense que les gens vont vouloir dire que si nous avons pu faire la League 2, nous pourrons faire la League1. Pourtant, c’est nous nous savons ce qu’il y a dedans. J’aime le sport, j’aime le football, j’aime l’USCO mais ce n’est pas simple.
Etes-vous en train de dire que vous allez abandonner l’USCO en plein vol ?
Je ne dis pas que j’abandonne l’USCO. Je suis en train de réfléchir et d’ici là, je serai situé si on pourra ou pas.
En attendant qu’est-ce qui est fait par rapport à l’équipe parce qu’il faut se préparer ? Autrement, est-ce que vous vous préparez déjà pour affronter la D1 ?
Pour le moment nous n’avons pas commencé d’abord. Puisse que, je vais le dit clairement, la coupe même qu’on a pris en D2, nous n’avons même pas reçu l’agent d’abord.
Est-ce à dire que votre équipe a tout fait pour monter l’équipe en D1 et maintenant le reste du travail, ce sont les fils de la région qui doivent se mouiller le maillot ?
Voilà. En fait, de la manière même que je suis venu, il y a des gens qui ne le savent pas. J’étais le vice-président de l’ancien bureau et le président sortant avait démissionné. Donc, il fallait sauver l’équipe. En fait, c’est comme si je suis en transition. Ce que je pouvais faire, c’était de ne pas laisser l’équipe tomber. Dieu a voulu les choses, on est monté en première division. Mais à moi seul, sincèrement, je ne pourrai pas. Il faut qu’on s’aide pour qu’on puisse relever le défi ensemble.
Président, en claire, vous attendez beaucoup de soutien. Quel appel vous avez à lancer aux filles et aux fils de la région pour vous aider à continuer de s’occuper de cette équipe ?
En tous cas, j’interpelle les fils et filles de la région des Cascades. Car je me dis que c’est le bon moment car notre région a deux équipes en Ligue 1 et je pense que nous avons notre mot à dire au niveau de la Fédération. J’interpelle tout un chacun à faire un petit effort pour qu’on puisse garder le cap, pour que l’équipe ne redescende plus en deuxième division.
La montée n’aura pas été une partie de plaisirs. Dites-nous président, quels sont vos souvenirs, bons comme mauvais, dans le combat pour la montée de l’USCO en D1 ? Pourriez-vous les partager avec nos lecteurs ?
Le souvenir qui m’anime, c’est lors de la journée contre l’IFFA à Bobo où nous avons perdu le match par un autogoal. C’est nous-mêmes nous avons marqué le but contre nous. Et nous sommes venus à domicile à Banfora faire une défaite à la dernière minute au temps additionnel. C’est ce souvenir qui m’anime puisse que depuis ce jour, le match contre l’AJEB, je n’avais plus espoir. Mais c’est Dieu qui a voulu.
Qu’est-ce qui s’est passé après ?
Après nous avons fait une victoire à Ouahigouya et ainsi de suite, nous sommes venus battre une autre équipe et on a commencé à espérer.
Aujourd’hui, si vous êtes à la tête de l’USCO, seriez-vous prêts à garder la même équipe ? C’est-à-dire le bureau, les mêmes joueurs, le même coach ?
Oui, je pense qu’on ne change pas une équipe qui gagne. L’entraineur va rester. Mais il y a des joueurs mêmes qui savent qu’ils ne peuvent pas jouer la Ligue 1. Il faut donc renforcer l’équipe et maintenant, essayer d’avoir le maintien et puis peut-être viser la Coupe du Faso.
Selon vous, qu’est-ce qu’il faut pour que l’USCO puisse bien se comporter en D1 ?
Le football, tout le monde sait que ce sont les moyens. On a besoin des moyens, on a besoin de soutien, on a besoin de tout un chacun. Je profit interpeller tous les dirigeants qui se sont succédés à la tête de l’USCO. Que ce soit les présidents comme les membres des bureaux, nous sommes là, nous sommes ouverts, donnons-nous la main pour qu’on puisse relever le défi. Je dis aux filles et aux fils de la région que nous seuls nous ne pourrons pas.
Vous avez évoqué les anciens présidents du club. Si on vous demande de vous adresser à Nouhoun Coulibaly, qu’est-ce que vous allez lui dire ?
On aimerait vraiment aller vers lui pour qu’on puisse recommencer à travailler. Je sais qu’il est un peu écarté de l’équipe mais pas trop. J’aimerais qu’il aille voir les matchs, encourager les joueurs et tout. C’est notre papa, c’est lui le fondateur je pense (NDLR, c’est feu Mamadou Koné, ancien Maire de Banfora) et il a été mon conseiller même au cours de la saison sportive passée.
Et à N’golo Drissa Ouattara ?
N’Golo Drissa Ouattara nous a beaucoup soutenu. Je suis personnellement parti chez lui pour lui demander de venir nous allons travailler ensemble. Comme eux ce sont des hommes d’affaires, il m’a dit qu’il n’a pas trop le temps. Sinon il aimerait vraiment nous accompagner.
Il y a eu également Ladji Coulibaly.
Ladji Coulibaly on n’a pas pu le joindre. Nous l’avons appelé beaucoup de fois mais il n’a pas réagi.
Dites-nous, pensez-vous que dans ce climat il faut garder l’espoir pour l’USCO ?
Comme je l’ai dit, l’espoir est là. Parce que dans les trois à 4 semaines, dans les mois qui vont suivre, normalement le championnat national commence en septembre. En septembre-octobre tout doit être prêt. Mais on n’a pas trop décidé d’abord, nous sommes là-dessus, nous sommes en train de réfléchir.
Ne pensez-vous pas que le temps joue contre vous ?
Le temps joue contre nous mais je pense que nous pourrons nous rattraper. Comme l’an passé, ce n’était pas facile mais c’est à la dernière minute que tout a été ficelé. Je ne pense pas que ça va causer des problèmes. En tout cas, le bureau complet est en train de réfléchir s’il va continuer ou pas.
En attendant, vous l’avez souligné, il y a désormais deux équipes de la région des Cascades en D1. Quel peut être la collaboration entre les responsables de ces deux équipes ?
Nous sommes dans de très bonnes relations avec l’équipe qui est déjà en D1, le Sporting football club des Cascades et le président qui est Kassoum Traoré. Nous sommes en parfaite collaboration. Il n’y a pas de problèmes entre nous et je pense que nous allons beaucoup travailler ensemble pour le rayonnement du football dans les Cascades.
Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara et
Go Mamadou Traoré.
Wangola Médias.