Téné Tina : « Ça ne va pas, les autorités doivent faire pardon soutenir les artistes »
Dans la cité de Santa, Niangoloko, elle n’est plus à présenter dans le milieu du show-business. Soulama Maténé Martine Alias Téné Tina, puisse que c’est d’elle il s’agit, est l’invitée de Wangolā Média. Sans langue de bois, l’artiste nous parle de sa carrière et dépeint un tableau peu reluisant de la situation des artistes en manque de soutien véritable. Téné Tina évolue dans la musique tradi-moderne. « Pratiquement, je fais du Tchémélé Djaz, la musique du terroir », précis- t-elle. Ça ne va pas, les autorités doivent faire pardon soutenir les artistes, tel est son cri de cœur. Lisez plutôt.
Comment se porte l’artiste Téné Tina ?
Téné Tina va très bien. Sur le plan de ma carrière, ça va molo molo. C’est-à-dire que ça ne va pas très bien. Tout le monde connaît la musique Burkinabè comment ça se passe. C’est un peu naze.
Quelles sont selon vous les raisons de cette morosité ?
Il y a l’entourage même. Quand tu regardes, on dit que nul n’est prophète chez soit. Pourtant, quand tu fais quelque chose, d’abord c’est ton entourage qui doit te soutenir. Mais on a remarqué qu’on organise les concerts nous-mêmes dans la localité, les gens s’intéressent peu. Ils sortent mais pas comme on veut. Puisse que soudans, quand tu vois que tu finis ton concert et puis tu dois payer des crédits, donc tu te dis que ça n’a pas marché.
En plus de ça aussi, il y a les cachets. Dans les cérémonies on t’invite, ce que tu va dire, peut être même qu’on va te donner le tiers de ce que tu t’attends à avoir. Donc tout ça ce sont des problèmes. Cela fait que nous-mêmes nous n’arrivons pas à progresser, on arrive pas à faire sortir d’autres albums puisse qu’il faut de l’argent. Il n’y a pas de soutien, il n’y a pas des gens qui vont t’appeler pour dire prends ça, va tu va t’épauler. C’est un peu rare.
Donc les cachets qu’on gagne, les concerts que nous faisons, c’est avec ça qu’on s’en sort.
Revenons sur votre carrière. Vous avez combien d’albums sur le marché du disc et comment vous êtes venues à la musique ?
D’abord, j’étais à la Chorale Saint Pierre de Banfora dans les années 1994 avec Bensi Robert (paix à son âme). C’est lui qui m’a beaucoup appris à la Chorale. Mais après, moi-même j’ai commencé avec mes propres compositions, précisément un Lundi de Pâques. J’ai demandé la grâce au Seigneur de me donner la grâce de la composition. En 1998 un lundi de Pâques j’ai reçu cette grâce du Seigneur et c’est en 2014 que j’ai fais sortir mon premier album intitulé « Libération » composé de 8 titres. Après ça, j’ai fais sortir le deuxième album en 2018 composé également de 8 titres. Mon dernier single c’est « Indépendance » que j’ai fais sortir en 2020.
Présentement même je suis en studio entrain de préparer mon troisième album.
Vous êtes en studio, qu’est-ce que vous nous concoctez ? Wangolā peut avoir la primeur de ce que vous êtes entrain de préparer ?
En studio j’ai commencé en décembre dernier. Comme vous-mêmes vous le savez, c’est un peu lent. Nous sommes entrain de préparer un peu un peu. Là aussi c’est 8 titres que je prépare. Ce troisième album sera vraiment au top. C’est-à-dire que les gens seront étonnés puisse que de la façon dont j’ai commencé, je disais que j’ai débuté à la Chorale, donc, tout à commencé à l’église. Bien vrai que j’ai commencé avec la musique moderne mais les gens seront étonnés de voir mon troisième album qui va beaucoup parler de la religion, de Dieu, de Jésus et de la Vierge Marie. Nous ne pouvons pas diriger notre vie nous-mêmes, c’est Dieu qui dirige. Je vois que je me sens bien dans la musique religieuse. Quand je chante pour Dieu, je me sens vraiment, j’ai une joie intérieur, une paix du cœur. J’ai commencé à l’église et Dieu veut que je fasse un retour pour le glorifier.
Cela vous fait combien d’ans de carrière dans la musique et dites nous si vous êtes satisfaite.
Satisfaite ? Pas tellement puisse que quand je vois depuis le premier album sorti depuis 2014 jusqu’à nos jours, je vois qu’il n’y a pas eu tellement de satisfaction. En tout cas je me suis pas tellement sentie. Car je vois là où je devais être là, je vois que je n’ai pas encore atteint ce niveau.
Il y un aspect important dans ta carrière car on voit que tu es une femme qui joue la Cora. Une femme qui joue parfaitement la Cora, un instrument traditionnel mandingue. Comment tu as appris cet instrument ?
La Cora, je l’ai apprise à Niangoloko. Au début, c’est la guitare même que je voulais apprendre mais je n’avais pas les moyens pour me l’acheter. Puiisse que tu pars, tu fais les répétitions, tu reviens à la maison il n’y a pas de guitare pour répéter donc ça été un peu dur.
J’avais un voisin griot qui confectionnait les Ngonis (Cora) pour vendre. C’est lui-même qui m’a encouragé que pourquoi ne pas apprendre cet instrument ? Parce qu’il y a des filles qui jouent mais c’est un peu rare surtout dans notre région des Cascades. En faite, il n’y a pas de filles qui jouent le Ngoni . Même s’il y a n’en, je l’ai pas encore vu. Donc ce griot m’a encouragé à prendre le Ngoni et c’est lui-même qui m’apprenait un peu un peu les cordes. Donc j’ai commencé avec lui et à la maison les nuits, moi-même je répétais un peu un peu et c’est comme ça j’ai appris la Cora.
Quel est le cri de cœur de Téné Tina pour que les artistes puissent se sentir bien comme tu le veux ? Que ce soit la population et les autorités ?
Mon cri de cœur c’est demander aux autorités vraiment de soutenir leurs artistes. Parce que les artistes sont là, ça ne va pas. Tu es là peut être avec ta famille qui doit t’épauler sachant bien que dans nos communautés, quand tu regardes ces familles, il y a des problèmes. Donc je me dis que les autorités doivent faire pardon pour soutenir les artistes.
Et la communauté aussi, si un artiste organise un concert, s’il y a des manifestations culturelles, songez d’abord à vos artistes. Les cachets là aussi, songez aussi à les rehausser pour que l’artiste puisse aussi se prendre en charge.
Par rapport aux événements à caractère nationaux, on voit que beaucoup de choses se passent à Ouagadougou. Il y a le SIAO, il y a d’autres événements mais c’est rare de voir des artistes de région. Est-ce que l’éloignement de Banfora de la capitale ne vous rend pas victimes de cette injustice ?
Moi je dis que c’est pas l’éloignement, puisse que, souvent nous avons les informations, nous allons vers eux mais ils ne nous répondent pas. Même par exemple les SIAO et autres, nous déposons nos dossiers pour les plateaux off, mais on ne nous répond même pas.
C’est centré à Ouagadougou, même à Bobo c’est un peu. Tout est centré à la capitale. On ne sait pas s’ils veulent dire que les autres en province ne font pas de la bonne musique. Et pourtant quand on regarde nos musiques et celles de là-bas, c’est pas parce que nous on ne fait pas de la bonne musique. Mais tout est centré là-bas.
Un mot pour le ministre de la culture par apport à cette situation ?
Ce que je peux demander au ministre de la culture, c’est de voir si par exemple il y a le SIAO ou le FESPACO, la SNC comme ça qui arrive, au moins, ils n’ont qu’à prendre dans les régions. Chaque région, ils n’ont qu’à prendre un certain nombre d’artistes pour nous soutenir. Puisse que c’est de ça nous aussi on se nourrit.
Est-ce que c’est pas une injustice qu’on prenne seulement les artistes de Ouagadougou et quelques uns de Bobo en ignorant le reste pour les évènements nationaux ?
En tout cas c’est une injustice. Quand je regarde, je fais du tradi-moderne. Normalement même chaque région doit présenter sa culture. Si on prend par exemple la région des Cascades, on doit prendre des artistes de la région qui font du traditionnel pour qu’ils puissent monter aussi que au Burkina, il y a des ethnies qui sont là. Puisse qu’il y des ethnies qu’on ne connait même pas, ils ne savent même pas qu’elles viennent du Burkina Faso. Donc c’est une occasion pour ces artistes qui font du traditionnel de représenter leurs régions. Ils n’ont qu’à songer à ça les jours à venir pour que ces artistes puissent valoriser leurs régions.
Wangolā