Economie
A la Une

Tarfila : la patate douce, à gogo, manque de clients.

Elle est bien visible tout au long de la route nationale n°7 à Tarfila, village rattaché à la commune de Banfora. En effet, depuis des années, à cette même période, la patate douce est bien exposée dans ce village par des femmes toute la journée. Elles cherchent ainsi leur gagne-pain. Devant cette exposition qui montre à souhait une abondance de la patate douce, cette année, le marché n’est pas à la satisfaction de ces braves dames comparativement aux autres années.

En cette période de l’année, il est difficile de traverser le village de Tarfila, sans être frappé par cette attirante exposition de la patate douce. Comme elles seules savent le faire, ces commerçantes, parmi lesquelles se recrutent tous les âges, ces patates douces sont biens rangées dans des sceaux ou des plats. Souvent à même le sol. Les prix varient selon la bourse du client. Entre 100f et 1500f CFA.

L’accueille est enthousiasmant avec ces commerçantes en cette soirée de ce 6 novembre 2023. Garez votre monture à leur niveau, elles accourent toutes tout de suite pour tenter leur chance. Parmi elles, Minata Sourabié, d’un âge avancé. Depuis 5 ans, elle dit vendre les patates douces sous les arbres au bord du goudron. « L’année passée on avait plus de clients mais cette année il n’y a pas le marché. C’est lié à la conjoncture économique », soutiendra-t-elle, expliquant que certains veulent payer mais ils n’ont pas d’argent. « Cette année, nous sommes entrain de se débrouiller. Si tu gagnes 10f tu vas payer du sel, du soumbala ou du sucre pour pouvoir manger et attendre un lendemain meilleur », a avoué Minata Sourabié.

Foetéssié Héma

Tarfila est une localité de grande production de la patate douce. A entendre Minata Sourabié, la plupart d’entre elles ne cultivent pas la patate mais elles paient aux producteurs pour revendre. « Vous voyez, nous sommes très âgées, nous n’avons plus la force de cultiver », a-t-elle poursuivi, expliquant qu’elles paient pour revendre afin de trouver le prix du « soumbala », de la cola et du tabac. « Ici il y a tous les prix. Il y a pour 1500f, 1000f, 500f. Il y a même un prix pour les pauvres car il y a pour 100f et 200f », a indiqué Minata Sourabié. Loin de se décourager, l’espoir est de mise. « Ici nous sommes assises à cause de Dieu qui peut vous orienter un bon client », a lancé la vielle dame.

Mariam Ouédraogo

Adjaratou Coulibaly est nettement plus jeune. Elle a entamé la vente de la patate douce il y a deux ans. Comme Minata Sourabié, elle avoue que cette année, le marché n’est pas florissant. C’est de temps en temps qu’elles reçoivent des clients, soutiendra dame Coulibaly, pour qui, la recette de la journée peut varier entre 1500 et 2000f. A l’entendre, les années précédentes, elle pouvait vendre jusqu’à 4000f. Toutefois, malgré la rareté de la clientèle elles sont là au quotidien afin de glaner quelques sous pour subvenir à leurs besoins. « Souvent avec la mévente, pour éviter que les patates pourrissent, nous sommes obligées de les éplucher et de la sécher. Une fois séchées, nous pouvons les revendre des fois », a poursuivi Adjaratou Coulibaly.

Minata Sourabié

A quelques 500 mètres plus loin, nous rencontrons un autre groupe de commerçantes. Parmi elles, Ouédraogo Mariam. Elle par contre dit remercier le bon Dieu car elle gagne un peu un peu. Sa joie s’explique par le fait qu’elle vient de commencer l’activité juste le 5 décembre passé. Ce 6 décembre, elle a avoué avoir effectué une recette de 2500f.

La taquinerie est de mise entre ces commerçantes qui ne se regardent pas comme des adversaires en quête de clients. Fortésié Hema, une vielle femme également, contrairement aux autres, dit cultiver la patate douce et la commercialise également. Mais « très sincèrement, la pauvreté de cette année est durement ressentie chez nous. Nous n’avons jamais vécu une telle situation. Nous avons cultivé la patate, la récolte à été bonne mais la patate est entrain de pourrir entre nos mains faute de clients », se plaint celle-ci.

Ici, les vendeuses de Tarfila, exposant leurs produits

Aux commerçantes de justifier leur mévente par la situation sécuritaire difficile au Faso. Certains ayant fuit leurs localités n’arrivent pas s’en sortir et en tant que commerçantes, elles en sont impactées. Sur les avantages de la patate douce, « elle rassasie l’Homme très rapidement. Si tu gagnes deux patates que tu mets au feu, tu n’auras plus faim », a déclaré la vielle femme. « Nous sommes habitants de Tarfila. Nous cultivons la patate douce, nos enfants aussi. Nous n’avons pas d’autre travail si ce n’est cette activité. Aidez-nous avec la clientèle afin que si nous produisons que nous puissions écouler nos produits pour qu’ils ne pourrissent pas », a imploré Fortésié Hema. A entendre cette dernière, actuellement c’est l’inquiétude dans les rangs des commerçantes, certains de leurs produits ayant commencé à pourrir.

Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

Wangolā Médias

Wangolā Médias est un média numérique indépendant et impartial qui fournit des informations locales et internationales de qualité sur les Cascades et d'autres sujets d'intérêt général. Nous sommes engagés à promouvoir la liberté d'expression et la transparence, en utilisant les dernières technologies pour atteindre leur public et fournir des informations précises et opportunes. Wangolā Médias: L'info des Cascades, du Burkina et d'ailleurs

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page