EconomieEnvironnement

Moussa Koné, Président de la Chambre Nationale d’Agriculture à propos de l’exportation de nos animaux sur pied : “Si un animal est transformé sur place, sa valeur peut atteindre 200 à 300% de sa valeur nominale”

Dans cette dernière partie de l’entretien qu’a bien voulu nous accordé Moussa Koné, Président de la Chambre Nationale d’Agriculture (CNA), il aborde la nécessité de la transformation de nos produits agrosylvopastoraux et halieutiques avant exportation. Entre autres conseils, il invite les producteurs à se garder de brader leurs récoltes.

Parlant justement de l’exportation de nos produits. Chaque jour, ce sont plusieurs dizaines de camions qui franchissement nos frontières avec des bœufs sur pieds. Comment vous réagissez à cela ?

Notre rôle aujourd’hui au niveau de la faîtière des Chambres d’agriculture, c’est de continuer à faire le plaidoyer. Car ce n’est vraiment pas intéressant de faire l’exportation de nos produits de façon brute. Pour le cas de ces animaux qui sont exportés sur pieds, nous devons travailler à construire des abattoirs à nos frontières, pour leur donner beaucoup plus de valeur ajoutée. Quand vous exportez un animal vivant, l’animal sort avec tout. La peau, les os, même les déjections qui sont dans la panse, les cornes et autres. Par contre si cet animal est transformé sur place, sa valeur peut atteindre 200 à 300% plus de sa valeur nominale. Mieux, la transformation donne plus de revenus au producteur. Car, il faut savoir qu’un animal qui est exporté vivant est vendu autour de 500 à 600 milles mais lorsqu’il est transformé sur place, on peut le vendre à autour de 2 millions. Donc vous comprenez que s’il y a quelque chose à faire dans ce secteur d’activité là, qui est le sous-secteur de l’élevage, c’est de mettre en place des unités de transformation et de conservation de la viande. Donc nous faisons le plaidoyer et il y a le projet de compétitivité de l’élevage qui a pris cette préoccupation en compte. Dans la mise en œuvre de ce projet, il y aura la construction d’abattoirs dans certaines villes et je pense que Banfora en fait partie. Toutefois, il nous faut travailler à avoir des animaux de gabarit à travers l’embouche.

En quoi faisant ?

Dans la région des Cascades, nous avons tout ce qu’il faut pour cela. Nous avons la mélasse de la SOSUCO, le son à la MINOFA et toute la matière végétale nécessaire. Si nous arrivons par exemple à réhabiliter l’ancien centre de l’INERA, le feedlot, qui se trouve à Kiribina, cela va nous permettre d’avoir de animaux de très bonne qualité. De nos jours, il faut plutôt aller à l’intensification. Dans la filière bétail, on ne peut pas continuer à élever comme nos grands parents le faisaient dans les années 1960. Il faut en 5 ou 6 mois avoir des animaux de bonne facture, qui répondent aux exigences des normes internationales.

De nos jours on assiste à l’arrivée d’hommes politiques, d’opérateurs économiques et de fonctionnaires dans la production agrosylvopastorale. Comment en tant que président CNA, vous accueillez cela ?

Je crois que le secteur de la production intéresse de plus en plus un certain nombre de catégories de personnes. Notamment les hommes politiques, les hommes d’affaires et comme vous le dites, des fonctionnaires. Cela est à saluer. Si véritablement leur objectif est de faire des investissements structurants qui peuvent être rentables et permettre qu’on atteigne l’autosuffisance alimentaire. Il faut dire que le secteur de la production a deux objectifs. Le premier est de produire pour nourrir les populations et le second, à améliorer le revenu du producteur. Nous pensons que si ces deux objectifs peuvent être atteints à travers la contribution de ces hommes, il faut saluer leur élan. Seulement, ce que nous dénonçons, c’est que certains d’entre ces gros bonnets viennent s’accaparer des terres qu’ils n’exploitent pas véritablement. Ce qui crée un manque à gagner pour l’objectif que nous nous sommes assigné. C’est pour cela que nous estimons qu’il faut revoir la réforme agraire et foncière pour faire en sorte que tous ceux possèdent de grands espaces de production puissent les mettre effectivement en production. Et s’ils ne peuvent pas le faire, qu’on leur fasse obligation de les donner en location. Ou encore que l’Etat puisse réquisitionner ces terres pour cause d’utilité publique pour produire afin que le pays puisse véritablement atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Nous tirons vers la fin de la campagne agricole humide. Qu’avez-vous à dire aux producteurs ?

Je tiens à remercier, féliciter et magnifier l’ensemble des acteurs de ce secteur du monde rural pour leur résilience. Malgré les difficultés consécutives à la crise sécuritaire, ils ont toujours su faire preuve d’engagement et de dynamisme dans la production agricole. C’est le lieu de leur témoigner notre gratitude pour cet engagement constat et leur dire que nous devons plus que jamais travailler à changer les paradigmes et faire en sorte que les acteurs continuent à croire à ce secteur et qu’ils n’hésitent pas à investir de façon structurante dans leurs exploitations. Nous avons constaté que certains n’investissent pas comme il se doit dans leurs exploitations. Ils sont plutôt toujours en train d’attendre les appuis de l’Etat qui pourtant ne peuvent pas continuer indéfiniment. Pour terminer, j’invite les producteurs à ne pas brader leurs productions et de rester solidaires par rapport aux prix de vente. Parce que nous remarquons que les productions sont bradées sur la place du marché et cela joue négativement sur les coûts de productions tout en créant des concurrences déloyales. Au niveau des Chambres d’agriculture, nous avons un système d’informations des marchés que nous réactualisons chaque semaine. Nous demandons donc aux producteurs de nous approcher pour s’informer par rapport aux prix des denrées agrosylvopastorales et halieutiques. 

Go Mamadou TRAORE

Wangola Médias

Wangolā Médias

Wangolā Médias est un média numérique indépendant et impartial qui fournit des informations locales et internationales de qualité sur les Cascades et d'autres sujets d'intérêt général. Nous sommes engagés à promouvoir la liberté d'expression et la transparence, en utilisant les dernières technologies pour atteindre leur public et fournir des informations précises et opportunes. Wangolā Médias: L'info des Cascades, du Burkina et d'ailleurs

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page