Moussa Koné, président de la Chambre Nationale d’Agriculture à propos de l’appui que l’Etat apporte aux producteurs “ Je félicite le gouvernement qui met les techniciens et les tracteurs à la disposition des producteurs”.
Selon le président de la Chambre Nationale d’Agriculture, Moussa Koné, la présente campagne agricole est prometteuse. Pour cela, il faut selon lui saluer le gouvernement qui à travers le ministère de l’agriculture accompagnent les producteurs. Lisez !
Comment se présente la présente campagne agricole ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais traduire la reconnaissance de la profession agricole à l’endroit des membres du gouvernement qui ne cesse d’accompagner les acteurs du monde rural à travers un certain nombre d’actions dont la mise à disposition des facteurs de productions, notamment les intrants agricoles que sont les engrais mais aussi les tracteurs. Je félicite également le gouvernement à travers le ministère de l’agriculture qui met les agents terrains, les techniciens de l’agriculture aux côtés des producteurs qui les encadrent dans le respect de l’itinéraire technique de production. Toute chose qui permet aux producteurs de booster leur production. Revenant à votre question, je dois dire que pour la présente campagne agricole, les acteurs ont bénéficié d’importants accompagnements de la part de l’Etat et c’est une première au Burkina Faso. Nous avons eu les engrais à bonne date, c’est à dire avant même le début de la campagne. Nous avons bénéficié aussi de tracteurs qui ont permis de faire les labours gratuits pour les producteurs. La présente campagne a démarré tardivement car nous avons connu quelques poches de sécheresse mais après, il y a eu une abondance de pluies en témoigne les inondations que nous avons enregistrées. En tout cas on espère avoir de très bons rendements surtout dans la région des Cascades. Certaines régions où les populations avaient déguerpis à cause du terrorisme sont revenues à la production et c’est le lieu de féliciter une fois de plus le gouvernement, les FDS et VDP qui ont bataillé pour cela.
Parlant des tracteurs que l’Etat a mis à la disposition des producteurs dans les communes. Comment se porte le projet sur le terrain ?
Nous avons effectivement constaté que des tracteurs ont été mis à la disposition des producteurs au niveau des Directions régionales de l’agriculture qui les ont affectés aux communes pour réaliser des labours gratuits. Je dois cependant dire que pour l’identification des bénéficiaires de travaux de ces tracteurs, les Chambres d’agriculture n’ont pas été associées. Mais ce que nous avons compris, c’est que l’intervention de ces tracteurs a été orientée d’abord vers les PDI et un certain nombre de personnes vulnérables qui ont été identifiées à travers les services déconcentrés du ministère de l’agriculture notamment les chefs de zone. Ce schémas, il est bon mais comme on aime le dire, ce n’est pas arrivé. L’objectif à terme est la création de coopératives qui vont bénéficier de ces labours. En allant dans le sens de la contractualisation de l’agriculture, une coopérative qui a un marché de 100 tonnes de maïs par exemple auprès d’une unité de transformation peut demander le service de labour. Cela va permettre à la coopérative d’avoir un coup de production un peu bas et être compétitif sur le marché. L’autre élément c’est qu’avec la typologie de nos sols et la structuration de nos agriculteurs, nous devons nous orienter vers la petite mécanisation. Parce que nos agriculteurs ont souvent un hectare voire deux et vous conviendrez avec moi que lorsqu’un tracteur doit parcourir plusieurs kilomètres pour aller labourer juste un hectare, techniquement ce n’est pas trop rentable. C’est pourquoi j’estime que si nous pouvons mettre l’accent sur des motoculteurs à quatre roues qui peuvent intervenir aisément dans ces petites exploitations, ce serait mieux. Au passage, et pour diminuer les pertes post-récolte qui sont estimées à souvent 10 ou 15%, on peut acquérir des équipements pour la récolte. En tout cas nous saluons la mise à disposition des tracteurs mais nous disons qu’on peut améliorer le concept de sorte que tous les petits producteurs puissent en profiter.
Comment l’Etat peut-il encourager les citoyens à aller vers la production agrosylvopastorale ?
Je crois que pour ce faire, l’Etat peut travailler à immatriculer les acteurs du monde rurale pour que cette profession soit bien connue à l’image des autres comme la commercialisation, les artisans. Toute chose qui va faciliter l’intervention des pouvoirs publics. Un des grands défis est également de travailler à immatriculer le capital terre, c’est à dire les exploitations. 90% de nos exploitations ne le sont pas. Les exploitants ne disposent pas de titre de propriété et l’activité se fait beaucoup dans l’informelle. Il nous faut rompre avec cela et mettre en avant certains concepts comme le métayage, les baux emphytéotiques pour permettre à certains acteurs de se lancer dans la production agricole. Si de nos jours on assiste à l’exode rural ou à la ruée vers l’or, cela est dû au fait que les jeunes n’ont pas accès à la terre ; non pas parce que l’agriculture ne nourrit pas son homme mais parce que les jeunes n’ont pas de terre à exploiter. L’autre défis, c’est la maîtrise de l’eau. Nous ne pouvons pas continuer à produire en comptant uniquement sur la pluviométrie. C’est vrai, aujourd’hui nous sommes gâtés par dame nature, mais nous devons aller vers la réalisation de forages, des retenues d’eau, des boulis et mettre en place un système de transport de l’eau des barrages vers d’autres zones pour faire de l’irrigation. Cela permettra aux agriculteurs d’avoir deux ou trois cycles de productions dans l’année. Ainsi ils ne seront plus oisifs. C’est un appel que nous lançons aux décideurs. Nous devons penser à une autre politique agricole pour que les producteurs puissent être occupés à plein temps, à travers la mise à leur disposition de l’eau. A côté de tout cela, il faut penser à la transformation et à la commercialisation de la production. Si nous estimons que le secteur de l’agriculture est un secteur de souveraineté, travaillons à mettre en place une caisse de péréquation des prix des intrants notamment celui de l’engrais. L’Etat fait des efforts à travers la mise en place de la SOBUMAG et de l’unité de formulation d’engrais à Koupéla mais nous devons travailler à une homologation des prix de l’engrais sur toute l’étendue du territoire. Cela va éviter qu’il y ait trop de spéculations et que les petits acteurs attendent toujours l’engrais subventionné de l’Etat avant de commencer leur production. Comme vous le voyez il y a beaucoup de défis à relever, et nous devons travailler pour que la dynamique qui est enclenchée avec l’offensive agropastorale et halieutique produise des résultats très probants.
Go Mamadou TRAORE
Wangola Médias