Minyemba Souobou, Directeur régional de l’agriculture des ressources animales et halieutiques des Cascades à propos de la campagne agricole humide: « Nous sommes convaincus que l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2024 sera une réalité en terme d’objectif dans la région des Cascades »
La campagne agricole humide de 2024 s’installe timidement dans la région des Cascades comme c’est le cas un peu partout au Burkina Faso. Néanmoins, Minyemba Souobou, Directeur régional de l’agriculture des ressources animales et halieutiques des Cascades, affiche un optimisme et une sérénité sans faille. Mieux, il invite les vaillants producteurs de la région à poursuivre les préparatifs afin que l’installation des pluies vienne trouver qu’ils sont prêts pour la campagne. Lisez !
Comment se présente la campagne agricole humide 2024 dans la région des Cascades ?
Merci de nous donner l’occasion d’évoquer la campagne agricole de la région dans les colonnes de votre journal et de nous adresser également aux vaillants producteurs. Pour revenir à votre question, il faut dire que la campagne agricole 2024 s’installe timidement dans la mesure où sur l’ensemble des postes pluviométriques, nous avons suivi une situation déficitaire. Mais je dois dire que nous ne nous alarmons pas pour autant. Les choses vont s’améliorer d’ici quelques jours avec le regain de l’activité de la mousson. En termes de préparatifs, il faut dire que tout est fin prêt pour que nous puissions nous lancer dans la campagne avec sérénité. Les intrants ont été mis à la disposition des producteurs, nous n’attendons plus que la pluie pour véritablement poursuivre avec les travaux dans les champs. Nous sommes donc dans les préparatifs de la campagne. Et vous n’êtes pas sans savoir que dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique 202-2025, la région des Cascades a été dotée en tracteurs. Grâce à cet appui, nous sommes en train d’accompagner les producteurs pour la préparation des champs, notamment à travers les labours gratuits dans les différentes communes. Je précise que chaque commune a reçu un tracteur qui est géré par le service départemental en charge de l’agriculture.
Au regard du retard constaté dans l’installation des pluies, quels conseils donnés-vous aux producteurs afin qu’ils puissent tirer leur épingle du jeu cette année ?
Merci pour l’intérêt que vous portez à cet aspect de la campagne. C’est vrai qu’il y a un léger retard pour ce qui concerne les pluies, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut croiser les bras et attendre. Aux producteurs, nous disons qu’on ne doit pas attendre la pluie. On prépare le terrain, les intrants et on se prépare même physiquement de sorte que dès que les pluies vont véritablement s’installer, ce qui ne va d’ailleurs plus tarder, on poursuit tout en intensifiant les activités. Cela veut dire qu’il faut se tenir prêt. Il faut aussi respecter les itinéraires techniques de production. Aujourd’hui, la plupart des producteurs ont reçu des appuis soit en labour soit en intrants. C’est pourquoi nous leur disons de mettre en œuvre les recommandations des services techniques déconcentrés. Les agents sont sur le terrain dans la mesure où dans chaque village, nous avons une unité d’animation technique qui s’occupe de l’accompagnement technique des producteurs. Nous invitons donc les producteurs à aller vers ces agents en cas de besoin et de respecter scrupuleusement les itinéraires techniques recommandés pour chaque spéculation. C’est dire que dès que les pluies vont s’installer, toute la région doit être prête pour les semis. De plus il faut comme je l’ai dit plus haut, respecter scrupuleusement le calendrier cultural en apportant les engrais à temps pour tirer véritablement le maximum de profit de la présente campagne. Il faut aussi désherber correctement les champs et au bon moment. Il faut sarcler suffisamment et même quand il n’y a pas d’herbe, il faut remuer la terre pour que le sol puisse garder l’humidité dont a besoin les plantes. C’est vraiment le respect des itinéraires techniques que nous recommandons aux producteurs.
Les semences qui sont actuellement vulgarisées dans notre région s’adaptent-elles à la situation pluviométrique que nous vivons cette année ?
Bien sûr. Nous partons toujours d’un diagnostic et c’est à partir de cela que nous recevons les dotations. L’Etat n’envoie pas les semences sans ce préalable. On tient compte de la situation de chaque région en termes de production et de conditions agro-pédo-climatiques. Donc les variétés sont proposées en fonction de cela. Du reste ce sont les services déconcentrés du ministère qui proposent les variétés et, sur cette base, au niveau central, la livraison est faite. C’est ainsi que vous verrez que les variétés qui sont distribuées dans notre région ne sont pas forcément celles qui l’ont été dans le nord. A ce niveau, il n’y a pas d’inquiétude à se faire.
Comment un producteur procède-t-il pour bénéficier des services des tracteurs que le gouvernement a mis à leur disposition ?
D’abord je crois qu’il faut saluer cette opération qui vient permettre à l’Etat d’assurer ce service aux producteurs. C’est bien vu de la part des autorités du pays. Avant de répondre à votre question, je voudrais demander aux producteurs de s’approprier cette opération qui est à leur faveur et non pour quelqu’un d’autre. C’est à eux aussi de contribuer à ce qu’elle se déroule dans les règles de l’art, comme l’a souhaité les plus hautes autorités du pays. Cette année, les labours se font gratuitement. La région des Cascades a reçu 17 tracteurs de la Présidence qui sont mis en fonctionnement par les ressources de l’Etat à travers le Ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques. Ce qui veut dire que l’Etat finance les labours gratuitement au profit des producteurs.
Pour bénéficier du labour gratuit de cette campagne 2024-2025, il faut :
- être une coopérative de producteurs régulièrement constituées,
- être un producteur individuel en prenant en compte ceux ne disposant pas de moyens pour labourer leurs superficies,
- être une caserne militaire, un centre pénitencier ou un site de SND disposant de terres exploitables pour la production agricole ;
- être une école ou centre de formation disposant de terres exploitables pour la production agricole.
Pour les coopératives, les centre de formation, écoles et casernes, disposer d’une superficie agricole d’au moins 5 ha d’un tenant.
Vous comprenez qu’on ne peut pas déplacer le tracteur sur 50 kilomètres pour aller labourer 1 seul hectare. Alors, dans chaque village, il y a comité de sélection des bénéficiaires qui est mis en place et qui est composé de quatre personnes dont le responsable de l’unité d’animation technique, c’est-à-dire l’agent d’agriculture, le CVD, un représentant du comité de veille et de développement ou de la coordination des associations de veille citoyenne et un représentant de la Chambre régionale d’agriculture. L’agent d’agriculture peut recevoir les demandes mais c’est ce comité qui les valide dans un premier temps et qui les envoie au niveau communal où se fait la validation définitive donnant au demandeur la possibilité de voir son champ labourer.
Mais je précise que cette validation est tributaire du respect de certains critères principaux à savoir qu’il soit facilement accessible, qu’il n’y ait pas de souches dans le champ qui peuvent endommager le tracteur. Il faut aussi être un producteur qui ne dispose pas de moyens pour faire labourer son champ, donc, il faut être un producteur vulnérable.
Comment pouvons-nous conclure cet entretien ?
Je tiens une fois de plus à dire merci au journal Wangola Médias pour l’opportunité de cet entretien qui nous a été offerte. Pour conclure cet entretien, je lance une fois de plus un appel aux producteurs. Je suis sûr qu’ils ne sont assis. A la faveur des nombreuses sorties que nous effectuons sur le terrain, nous constatons qu’ils sont à pied d’œuvre. Je les réconforte dans cette dynamique. Les pluies ne sont pas suffisantes pour le moment, mais elles vont venir. Il ne faudrait pas que lorsqu’elles vont venir, qu’on ne soit pas à mesure de rattraper le retard. L’Etat a fait beaucoup d’effort cette année dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique et il faut que nous puissions valoriser cet effort. L’offensive agropastorale et halieutique n’est vraiment pas un vain mot, c’est du concret avec des objectifs nobles. Et avec les efforts des uns et des autres, nous allons atteindre ces objectifs. En tout cas nous sommes convaincus que l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2024 sera une réalité en termes d’atteinte des objectifs dans la région des Cascades pour la souveraineté alimentaire.
Interview réalisée par Mamadou TRAORE