Culture

MC La Korektion à propos de son tout premier album discographique : l’album se porte bien, et même très bien.

Il vient de dédicacer son tout premier album musical. C’était le 30 juin 2025 à Banfora. Après c’est à Gaoua sa région d’origine qu’il s’est rendu et où il a tenu un giga concert à guichet fermé une heure de temps avant le début et ce malgré le renfort de chaises pour permettre à ses fans de s’asseoir. Lui c’est MC La Korektion, de son vrai nom, Youl Ollo Jean Luc, que Wangola Médias vous propose de découvrir davantage à travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder. Lisez plutôt !

Présentez-vous à nos lecteurs ainsi qu’à vos fans qui ne connaissent pas votre nom à l’état civil ?

Je suis Youl Ollo Jean Luc à l’état civil et mon nom d’artiste est MC la Korektion.

« Au lieu d’une correction ordinaire, il faut une Korektion extraordinaire, et c’est la raison pour laquelle Korektion s’écrit avec K et un seul R ».

Vous précisez que Korektion s’écrit avec la lettre K là où la bonne orthographe demande C. Dites-nous pourquoi un tel nom d’artiste ?

Il faut savoir que mon premier nom d’artiste était MC Cool. J’ai été embarqué à l’époque par la ferveur du hip-hop des années 2000. Il fallait avoir un sobriquet qui cadre avec cette époque. Entre-temps, on a vu que la direction que prenait le monde n’était pas bonne. On s’est ravisé et on s’est rendu compte que rien n’est véritablement Cool, et qu’il fallait que nous apportions une touche particulière à cela. Il fallait donc changer de nom d’artiste et de MC Cool, nous sommes passés à MC la Korektion. Et Korektion s’écrit avec K parce qu’on se dit qu’il faut aussi se départir de la façon habituelle de faire les choses. Au lieu d’une correction ordinaire, il faut une Korektion extraordinaire, et c’est la raison pour laquelle Korektion s’écrit avec K et un seul R.

En prestation à Banfora lors du concert dédicace de son album

La dédicace de votre tout premier album a eu lieu à Banfora il y a quelques mois. Comment se porte-t-il sur le marché ?

Effectivement, c’est le 30 juin dernier que l’album est sorti. Nous avons fait le lancement à travers une conférence de presse suivie d’un concert de dédicace. Après Banfora, nous sommes allés présenter l’album à Gaoua. Il faut dire que dans l’ensemble, l’album se porte bien, et même très bien. Côté promotion, nous avons tant bien que mal pu gérer avec les moyens dont nous disposons. Nous écoulons le produit sur le marché avec notre stratégie à nous, qui consiste à présenter l’album là où nous avons des affinités. C’est donc une stratégie basée sur la communication de proximité et par affinité, car nous n’avons pas les grands moyens. Sinon, je pense que je suis sur la bonne voie et j’invite tous ceux qui peuvent nous donner un coup de pouce dans ce domaine à ne pas hésiter.

A Gaoua, ce fut un concert à guichet fermé

Dites-nous comment le public a réagi lors des différents concerts que vous avez donnés ?

L’album a été reçu par les mélomanes avec beaucoup d’enthousiasme. Les gens l’ont adopté, franchement. J’en veux pour preuve l’étape de Gaoua, qui est aussi chez moi, bien entendu. Là-bas, nous ne nous sommes pas confiés à une structure pour organiser le concert. Je le disais tantôt, nous ne disposons pas de gros moyens. Nous avons approché des structures dont les budgets étaient assez colossaux. Nous avons préféré travailler avec des freelances, faits d’amis et membres de notre entourage. Sans mentir, l’étape de Gaoua a été assez cruciale parce que c’était un énorme défi pour moi. Comme je l’ai dit, c’était chez moi. Les gens m’ont vu commencer et, entre-temps, j’ai disparu des radars. Puis je reviens pour annoncer un album. Il ne fallait pas décevoir. Mais franchement, nous avons été satisfaits au-delà de nos attentes, car avant même l’heure du concert, les guichets étaient déjà fermés. Le concert était prévu pour démarrer à 20 heures, mais déjà à 19 heures, il n’y avait plus de place. Pourtant, c’est une salle de 500 places et, la veille, nous avons ajouté 150 chaises. Malgré tout, il y avait du monde dehors qui attendait. En tout cas, le public a bien accueilli l’œuvre. Il faut dire que ça a été une sacrée expérience pour moi, car je disais au moment des répétitions que cela serait vraiment décisif, parce que je voulais changer le format du concert et faire en sorte que le public participe activement. C’est ce qui a été fait. Le public a chanté avec moi et je profite pour faire un coucou particulier à DJ Kennedy qui m’a accompagné. Franchement, je tire mon chapeau à tous ceux qui ont contribué à la réussite de l’événement.

L’artiste MC La Korektion est en harmonie avec ses fans

Les promoteurs culturels et les organisateurs de cérémonies au plan national peuvent donc compter sur vous ?

Oui, absolument. Je dis toujours que le défi appartient à l’artiste. Pour ma part, j’estime que si les organisateurs et promoteurs ne te font pas appel parce qu’ils estiment que tu n’es pas suffisamment côté, c’est à toi de travailler dur pour remonter la côte. Dès que tu atteindras leur quorum, ils seront obligés de te faire appel. Et à ce moment-là, c’est toi qui imposes le tempo. Voilà. J’ai souvent appelé des numéros que je vois sur des affiches, mais le plus souvent on te dit que c’est déjà bouché. Pourtant, ce sont les premiers moments de l’affiche. À partir de ce moment-là, on t’amène à négocier et tu es obligé d’accepter leurs conditions. Très souvent, on te dira : « Ah ! Si tu veux, on t’offre la tribune pour t’exprimer, mais il n’y a pas de cachet. » C’est un peu déplorable parce que je pense qu’avec ce raisonnement, on doit prendre en compte ceux qui sont sur place. En tout cas, il faut que les artistes travaillent à avoir un album de belle facture et il faut aussi que les organisateurs permettent à ceux qui sont moins connus d’être vus également.

Même les personnes du 3e âge se sentent à l’aise avec la musique de MC Korektion

Vous êtes acteur de la justice de par votre profession. Comment arrivez-vous à concilier cette profession et la musique ?

On ne peut pas dire que c’est facile. Mais comme je l’ai déjà dit, ce qui est fait par passion, embarque tous les grands moyens. En tout cas, ce qu’on fait par passion, on trouve toujours le temps et les moyens. Je faisais de la musique avant de réussir à mon concours. La phase de formation a un peu ombragé le côté artistique, j’ai dû accepter. Mais comme c’est quelque chose qui est en moi, ça resurgit. Si bien qu’à mes temps libres, je vais au studio. J’ai pris beaucoup de temps avant de faire sortir l’album, car ma première prestation remonte à 2006 à Gaoua. C’était un grand podium offert par une compagnie de téléphonie à l’époque. C’était en plein air et devant un grand public. Donc je suis aguerri pour affronter le public. En tout cas, il n’est pas simple de concilier la profession avec la vie d’artiste, mais quand on aime quelque chose, on trouve toujours le temps et les moyens de le faire. Je fais de la musique à mes temps libres, mais je suis également conscient que c’est le salaire qui me permet de réaliser certaines choses dans le volet artistique. Je suis donc conscient qu’il faut assurer le volet professionnel avant de songer à la musique.

Sur scène, MC La Korektion fait bouger le monde

Vous allez souvent en boîte. Pensez-vous que la musique burkinabè est suffisamment jouée par nos DJ ?

C’est assez délicat. Je ne dirais pas que la musique burkinabè ne se joue pas, mais il faut reconnaître que c’est de façon très sporadique. Il faut peut-être inviter tous ceux qui gravitent dans ce monde du show-business à donner plus de force et de temps à la musique burkinabè. Parce qu’ailleurs, on ne nous joue pas comme ça. Là où on nous joue, c’est peut-être que la boîte en question appartient à un Burkinabè. On peut et on doit valoriser notre musique. On peut organiser une soirée de musique nigérienne, mais 90 % de la musique qui se joue est burkinabè. C’est comme ça ailleurs. Puis le lendemain, on passe à un autre pays, mais toujours est-il que la musique nationale est celle qui domine. Si nous délaissons notre musique au profit de celle étrangère, qui va valoriser la nôtre ? Ce qui est évident, c’est qu’ailleurs, les artistes burkinabè n’ont pas de force. Nous devons d’abord chercher à être forts chez nous avant de nous imposer à l’extérieur. C’est pourquoi j’invite les acteurs du show-business, que ce soit les DJ ou les promoteurs culturels, à travailler pour jouer la musique burkinabè, car les talents, il y en a. Si nous prenons la région des Tannounyan, il y a pas mal d’artistes ici, mais combien d’entre eux sont joués en boîte ? Et donc ici à Banfora, les DJ pourraient mettre l’accent sur les artistes de la région, et ceux de Bobo Dioulasso devraient aussi mettre l’accent sur les artistes bobolais. C’est cette politique qu’il faut adopter au bénéfice de tous, car c’est indéniablement ce qui va permettre aux artistes de vivre et d’être connus.

Difficile de rester à sa place

Quel est votre appel à l’endroit de vos fans ?

Je leur demande plus de tolérance, parce que ce n’est pas simple. Quand on rentre au studio et qu’on prend le micro, c’est là qu’on se rend compte de l’énormité de la tâche. Il faut être beaucoup plus tolérant envers les artistes et je garde à l’esprit qu’il faut que je travaille dur pour toujours les satisfaire. Je crois en eux, et je les invite à toujours se mobiliser quand un appel est lancé pour me soutenir à promouvoir mes œuvres. C’est valable pour les fans des autres artistes également. Quand on sort un clip, ça coûte beaucoup d’argent, mais ce n’est pas évident que dans ton entourage immédiat, tout le monde aille sur YouTube et les autres plateformes pour le visionner. Pourtant, l’artiste a besoin que son entourage regarde ce qu’il fait.

Interview réalisée par Go Mamadou TRAORE et Sié Yacouba OUATTARA

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