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Insurrection d’octobre 2014 à Banfora : « Je compte personnellement sur ce régime pour continuer le combat des insurgés », dixit Gildas Halma Hié.

Ce 31 octobre 2023, les Burkinabè ont célébré dans la sobriété et le recueillement la journée des martyrs. Cette date rappelle la chute du régime de Blaise Compaoré, avec 28 Burkinabè qui ont payé le sacrifice suprême en mourant pour la libération de leur patrie sous 27 ans de règne sans discontinuer du régime en place. A l’époque la ville de Banfora a joué sa partition et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés. Fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été causée. Retour sur un pan de ce soulèvement avec un des acteurs clé, Gildas Halmas Hié.

Hié Halma Gilads « S’il y a des leçons à tirer des régimes après le président Compaoré, il faut noter que chaque régime a eu des hauts et des bas ».

Présentez-vous à nos lecteurs ?

A l’état civile, je suis Hié HALMA Gildas, citoyen burkinabè résident à Banfora. Je suis professeur de lycée et collège.

Dîtes-nous, 9 ans après l’insurrection d’octobre 2914, quels sont les souvenirs qui vous reviennent à l’esprit ?

Pour les souvenirs qui n’animent, c’est après tout la notion de l’incertitude et le fait que nous étions convaincus d’être entrain d’écrire une page de l’histoire du pays. Les souvenirs c’est aussi cette grosse machine politico-syndicalo-osc que nous avions mis en place quelques semaines avant l’insurrection. Un travail de coordination des mouvements de masse avait été abattu avant la date fatidique. Nous avions même dans nos rangs la plupart des opérateurs économiques de Banfora qui nous ont soutenu financièrement pour certains et en matériels pour d’autres. Je me rappelle toujours qu’on était les premiers à se lever et les derniers à se coucher car il fallait planifier quelque chose pour le lendemain.  Plusieurs activités post-insurrectionnelles ont été organisées pour permettre le maintien d’une certaine mobilisation entre les politiques, le collectif CCVC et les OSC de la place.

Quel est le rôle que vous avez joué exactement à l’époque dans ce soulèvement populaire ?

 Avec mes camarades du MPP (Mouvement du Peuple pour le Progrès) nous avons joué un grand rôle de coordination avec les acteurs de la place. J’ai personnellement facilité la jonction au niveau local du politique et le collectif puisque j’étais à la fois le responsable provincial des jeunes du MPP et le SG d’une structure syndicale. Sur le terrain avec mes camarades du parti, nous avons assuré une certaine organisation qui a limité les dégâts. Il fallait contenir la masse et donner des informations qui nous venaient de Ouaga. Ainsi la masse était renseignée de tout ce qui se faisait à Ouaga et dans le reste du pays. On disposait d’une équipe mobile en avant garde dotée de mégaphones. Cette équipe prévenait les riverains de l’arrivée de la masse et qu’il fallait fermer les boutiques. Cela a permis de minimiser les pillages à Banfora. C’est l’occasion pour moi de saluer la compréhension des jeunes de Banfora et certains camarades avec qui nous avons empêcher la ruée de la masse vers la maison d’arrêt, le palais de justice, la police municipale. Nous avons également pu empêcher le saccage de certains domiciles privés.

Pouvez-vous nous rappeler les stigmates de cette insurrection pour la ville de Banfora ?

Pour les stigmates dans la ville de Banfora, c’est le siège du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès, parti au pouvoir) qui partira en fumée ainsi que les domiciles de certains caciques de ce parti. Cela a été malheureux, mais les jeunes disaient qu’à l’image de ce qui se passait dans le pays, ils devraient aussi brûler. Malgré nos protestations des groupes incontrôlés ont réalisé ces forfaitures.

On se souvient que le parti de l’éléphant l’ADF/RDA n’a pas été épargné. Qu’est ce qui justifiait cela à l’époque ?

Oh ! Pour la pancarte de ce parti, elle ne pouvait pas échapper à la vindicte populaire. Car représentant un soutien à la patrimonialisation du pouvoir. Gilbert Ouédraogo était partie prenante pour la modification de la Constitution et du maintien du règne du président Compaoré.

Les images des temps forts de l’insurrection populaire à Ouagadougou

Pour la liberté et le changement, des Burkinabè sont morts. 9 ans après, quelles leçons peut-on tirer après les 3 régimes qui ont succédé celui de Blaise Compaoré ?

 S’il y a des leçons à tirer des régimes après le président Compaoré, il faut noter que chaque régime a eu des hauts et des bas. Le problème du président Roch était son manque de fermeté dans la gouvernance. Tout ministre et DG qui ferait l’objet d’un scandale devrait être démis de sa fonction et placé à la disposition de la justice. Le volet sécuritaire qui demeure une tache sombre ne relevait pas de lui. Des facteurs exogènes lui rendaient la tâche difficile et notre armée avait besoin de réformes profondes. La hiérarchie militaire ne lui permettait pas de gérer correctement le volet sécuritaire.

C’est en cela que je salue le courage du président Traoré qui a entrepris les réformes nécessaires et l’équipement de l’armée. Il lutte contre la compromission et l’affairisme au sein de la hiérarchie militaire. Seul un militaire pouvait le faire avec succès.

En tant que régime d’exception il peut avec succès s’engager sur les chantiers d’une réelle autonomisation du pays. Je salue au passage cette décision audacieuse de remettre au peuple burkinabè sa SN-SOSUCO. Nous avons initié et engager ce combat sans suite. Je comprends aujourd’hui qu’il ne pouvait pas aboutir sous un régime démocratique. Je compte personnellement sur ce régime pour continuer le combat des insurgés, car on ressent 9 années après un goût d’inachevé de l’insurrection populaire.

   Propos recueillis par Wangola Médias.

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