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Festival FEMAR/SKBO : La société des Kȏrêdugaw du Mali fait une forte impression à Niangoloko.

Leur entrée sur scène reste toujours impressionnante, voire, impériale captant irrésistiblement toutes les attentions. Leur originalité culturelle en est sans doute la principale raison de l’attraction. Leurs accoutrements sont simplement indescriptibles : des chapeaux qui sont la production d’un savoir-faire rare, trônent sur les têtes de la vingtaine d’hommes membres de la troupe à la danse et aux gestes mystiques. Hormis ces chapeaux imposants, les vêtements portés sont aussi révélateurs du savoir faire traditionnel, jalousement gardé et qui traverse les décennies, visiblement intacts. Elle, c’est la troupe des Kȏrêdugaw ou Korè-duga de Balulou au Mali. Une société sécrète qui est venue se révéler au festival des musiques et des arts de l’espace Sikasso-Korogho-Bobo (FEMAR/SKBO) du 20 au 23 juin 2024 à Niangoloko. Wangola Médias est allé à la découverte de cette mythique troupe traditionnelle.

Après une prestation séduisante, nous nous sommes précipités pour découvrir cette troupe qui, dès son entrée sur scène, avait annoncé les couleurs. Pas d’images, pas de filmages, les objectifs des appareils et des caméras devaient donc restés éteints au risque de s’exposer au châtiment d’invisibles. Mais cette restriction sera levée quelques minutes après, surement après concertation entre la vingtaine de « vautours » membres de la troupe.

Le chef des Kôrêdugaw, le chapeau qu’il tient à droite daterait de plusieurs siècles

Le public est ensuite invité à venir prendre un rang, du reste, pour ceux qui ont de la malchance ou tout autres soucis liés à leur existence. Certains téméraires gagnent le rang, des hommes comme des femmes et des rites sont effectués durant plusieurs minutes. La séance de délivrance est écourtée pour faire place à d’autres troupes.

« Présentez-vous à nos lecteurs », avions-nous entamé notre découverte. Nous serons surpris. Car avec deux décennies de pratiques du métier de journaliste, c’est la toute première fois que nous vivons une telle réaction : « Moi Korè-duga Lamine Diarra je ne dis pas son nom à quelqu’un. Je vous écoute », nous répond le responsable de la troupe. Dans la surprise, nous éclatons de rires puis insistons qu’il reprenne ce qu’il venait de dire. « Moi Korè-duga Lamine Diarra je ne dis jamais mon nom à quelqu’un », insiste-t-il, expliquant que dans leur société, ils s’expriment en paraboles. Les initiés comprennent. Lisez donc entre les lignes.

Une vue des musiciens de la troupe des kôrêdugaw

Du reste, c’est l’originalité de la troupe Malienne qui est déjà ainsi affichée. Pour la suite, « Nous venons de Sikasso dans le Kénédougou, plus précisément de Balulou. Nous sommes là pour le FEMAR/SKBO. Ils nous ont fait appel pour venir nous produire et égayer le public. Nous sommes tous les mêmes, le Mali, le Burkina, le Niger et la Côte d’Ivoire. Ce sont les blancs qui nous ont séparé. Nous sommes tous les mêmes voila pourquoi nous avons effectué le déplacement », dira le patron des Kȏrêdugaw.

Sur sa troupe, il indiquera que son premier objectif est le divertissement. « Mais c’est une troupe à la fois originale et sécrète », précise-t-il, ajoutant qu’il y a les Kȏrêdugaw partout au Mali. Il insiste en soutenant que les coutumes et les cultures sont les mêmes. « Les cultures de l’Afrique c’est l’Afrique, nos coutumes sont nos coutumes. C’est quelqu’un d’autre qui pourra mettre une différence entre nous sinon nous sommes tous les mêmes et nous avons les mêmes cultures », tranche le Korè-duga. Poursuivant, il nuance en disant que « peut-être d’autres ont perdu leur culture mais chez nous ça existe encore ».

Les membres de la troupe en pleine danse

Le nom Kȏrêdugaw vient d’une initiation effectuée chaque 7 ans. « Après 7 ans il y a des gens qu’on choisit pour les faire Kȏrêdugaw » a dit le korè-duga en chef. Selon des recherches de l’UNESCO, la société sécrète des Korè-duga, est la classe la plus attirante du Korè. « Korè » qui signifie la société d’initiation, et « duga » qui veut dire le vautour. En clair, Korè-duga ou encore Kȏrêdugaw, signifie le vautour du Korè et cette société sécrète constitue la dernière étape d’initiation de la formation spirituelle de l’homme dans la société et correspond au stade de la connaissance.

Sur leurs accoutrements, on y voit des plumes de vautour. Sur les habits et surtout sur les chapeaux. Cette troupe mythique est à sa première prestation au Burkina, a indiqué son commandant. Sur la scène présentée au public, ce dernier est on ne peut plus précis. « Même s’il y a des trahisons quelque part, Dieu merci, on se rassure que tout est écarté. Même s’il y a des dangers quelque part, on se rassure que tout est écarté. Si quelqu’un est venu avec de mauvaises intentions, nous assurons. Cela ne veut pas dire que nous lui retournons le même sort mais nous lui calmons le cœur afin qu’il puisse comprendre que nous sommes là pour nous-mêmes », a affirmé le commandant qui a ajouté que « nous sommes sûrs de ce que nous faisons. Nous ne doutons pas de notre travail ».

Pourquoi ont-ils tenu à garder cette originalité ? « C’est notre authenticité. Cela fait plus de 500 ans que nous avons nos objets culturels. Ces chapeaux que vous voyez comme ça là, ce sont des chapeaux qui ont plus de 500 ans souvent mais nous les renouvelons. Il y a des poils depuis des antiquités et on ajoute les petits poils. Comme c’est sacré aussi, ça se passe comme ça », explique le « mystérieux » chef des Korè-duga.

Les Kôrêdugaw ont impressionné le public

« C’est notre culture, nous ne voulons pas la perde », a ensuite avoué le commandant pour qui, leur spécialité repose sur la thérapie. « Vous voyez les gens viennent faire des promesses, ils prennent des engagements pour résoudre leurs problèmes. En cas de réussite, ce que tu nous as promis tu viens nous donner ça et on fait des sacrifices », révèle-t-il.

Comment des gens qui ont pris des engagements peuvent-ils les retrouver pour payer cette « dette » en cas de réussite ? « Nous sommes arrivées ici à travers des gens. Ils peuvent faire recours à ces gens au cas où ils ne nous trouvent pas. Sinon ils peuvent se rendre au Balulou », a indiqué le commandant mythique des Korè-duga.

Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

Wangolā Médias

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