Distribution de vivres de la SONAGESS à Banfora : calvaire et prises de mesures fortes pour la distribution de 80 tonnes de maïs.
« C’est très fatigant de prendre le rang. Cela peut même réveiller ta tension » ; « L’opération se déroule ici très lentement car nous devons prendre le temps de vérifier ». Nous sommes ce 1er Aout 2024 au nouveau site d’enregistrement des bénéficiaires au niveau de l’ancien site d’établissement des cartes d’identités nationale (CNIB). « Nous sommes débordés, c’est décevant », réagi Yacouba Barro, Président de la Délégation Spéciale (PDS) de Banfora. Se sont autant de réactions autour de la distribution de vivres de la SONAGESS à Banfora entamée il y a plus d’une semaine. Autant le dire, l’opération est à la fois un calvaire pour les bénéficiaires, les agents de distribution et les autorités municipales qui ont fini par prendre des mesures drastiques pour filtrer les bénéficiaires qui, depuis le début de l’opération, dorment devant les magasins de la SONAGES. Depuis ce 1er Aout 2024, il faut se faire d’abord enregistrer par le service social de la commune de Banfora avant de se voir livrer ces vivres en cette période de soudure. Le Président de la Délégation Spéciale (PDS) de Banfora a pris cette mesure pour limiter le calvaire à plusieurs niveaux.
Wangola Médias : Comment se fait-il que cette énième opération de distribution de vivres aux personnes vulnérables de Banfora soit aussi difficile dans l’obtention pour les bénéficiaires, les agents de distribution et vous-mêmes autorités ?
Yacouba Barro « L’image que je suis allé constater sur le site ne nous honore pas. Que les gens qui vont prendre les vivres pour aller les reconditionner dans d’autres sacs, nous n’avons pas les preuves mais nous avons des rumeurs ».
Yacouba Barro : En tout cas vous faites bien de venir. C’est la toute première fois mais, ce n’est pas la première fois que les vivres de la SONAGESS sont vendus à prix social. Mais cette fois-ci, on est véritablement débordé. J’étais obligé personnellement d’aller au site des ventes pour constater ce qui se passe là-bas. C’est décevant et c’est désolant comme les gens le disent. J’ai échangé avec le point focal de la SONAGESS pour voir quelle formule trouver pour que les gens ne viennent pas sassoire, veiller, s’entasser. Ce n’est pas une bonne image pour notre commune. Mais la proposition qu’il m’a faite était d’envoyer des agents de sécurité pour aller mettre de l’ordre ou intimider les gens. J’ai trouvé l’idée bien mais pas assez pertinente parce que c’est un site qui doit être accessible à tous.
Souvent les gens ne comprennent pas la présence des forces de l’ordre car la tenue peut influencer certaines personnes qui sont véritablement dans le besoin et qui pourront ne pas s’approcher. Je suis allé échanger avec tous les acteurs pour que les gens puissent comprendre que ces vivres-là, les bénéficiaires ce sont les personnes vulnérables. J’insiste, ce sont les personnes vulnérables. Mais quand j’ai été sur le site, j’ai constaté que des agents de l’Etat, des commerçants, des femmes de commerçants que j’ai pu identifier et que j’ai interpeller pour savoir qu’est-ce qu’ils faisaient ici ? quand une famille est à mesure d’acheter un sac de maïs, à quoi bon d’aller se faire traumatiser ?
« Cette fois-ci, on est véritablement débordé. J’étais obligé personnellement d’aller au site des ventes pour constater ce qui se passe là-bas » dixit Yacouba Barro.
Quand on parle de personnes vulnérables, il y a un minimum de personnes, c’est une population cible qu’on a identifié. J’ai essayé de prendre la parole pour faire comprendre à l’assemblé qui était là-bas que tous ceux qui sont ici ne sont pas à un sac de maïs ou de riz près. On a dit les personnes vulnérables et vous venez. Ceux mêmes qui sont bénéficiaires n’arrivent même pas à avoir. Et selon mes enquêtes, des gens nantis, donc qui ne sont pas des personnes vulnérables, restent à domicile et passent malheureusement par des personnes vulnérables en leur donnant le prix social auquel le sac est vendu pour aller prendre tous ces rangs là pour ensuite aller vendre. Et je suis sûrs qu’en retour, c’est pour aller faire du commerce et j’ai donné des instructions fermes. Le jour où on va prendre des personnes vulnérables qui viennent prendre des vivres parce que des commerçants sont restés dans l’ombre et leur ont donné de l’argent pour aller prendre ces vivres, la loi va s’appliquer dans toute sa rigueur.
Je leur ai demandé ne venez pas dormir, ça ne sert à rien car il y a une liste que vous gérez entre vous-mêmes. Si la liste est établie, celui qui n’est pas pris en charge, on évacue cette liste et la liste du lendemain on arrive et on s’inscrit. Mais apparemment le problème n’est toujours pas résolu. A un moment donné, on attendait les carnets de vente qui ont trainé également à Ouagadougou et j’étais obligé hier (31 Aout 2024) d’appeler le point focal pour lui demander pourquoi la vente est suspendue. Il m’a dit qu’ils attendaient ces carnets qui devaient venir de Ouagadougou. Mais il semble que tout est rentré dans l’ordre et qu’ils vont reprendre certainement ce vendredi.
Devant cette situation de distribution compliquée de vivres, dites-nous quelles sont vos mesures palliatives étant donné que vous êtes le premier responsable de la commune ?
J’ai fait un communiqué. Je ne vais pas envoyer des forces de l’ordre. Leur présence ce n’est pas là-bas. On a besoin d’eux ailleurs et ce n’est pas la peine d’épuiser nos forces pour ce qui se passe à l’intérieur. Donc nous avons trouvé ensemble avec le service social communal une solution qui pourra éviter le regroupement sur le site. Comment cela va se passer ?
Avec le service social communal de la mairie, on connait véritablement les personnes vulnérables. J’ai fait un communiqué pour inviter tous les bénéficiaires, notamment les personnes vulnérables, la population cible à passer désormais au service social communal pour se munir d’un ticket. Ce ticket va leur permettre de se rendre au site de la SONAGESS pour se faire servir à prix social les vivres. J’ai également dit au service social que toute la rigueur, toute la transparence que je souhaiterai, que ce travail soit fait. Il faut suivre, ils connaissent également ceux qui peuvent infiltrer les personnes vulnérables pour aller prendre les vivres là. Donc, c’est un nouveau système qu’on a mis en place depuis ce 1er Aout 2024. Pas de forces de l’ordre sur le site de la SONAGESS, peut de regroupements et je vais associer d’autres services qui vont suivre véritablement. Au niveau du service social, tout ceux qui seront complices de la vente des vivres parce que c’est vrai qu’il y a le prix du sac de maïs qui a grimpé mais, ce que le gouvernement a donné c’est pour une population cible qui est bien connue.
Nous avons une liste, un logiciel, j’allais dire, une application des personnes déplacées internes (PDI) et actuellement on n’a pas assez de PDI. Tous les PDI sont retournées chez eux. Maintenant, le peu de PDI qui restent on les connait. Elles sont enregistrées dans une base de données qui est auprès du service communal. En plus des PDI, il y a des personnes réellement vulnérables qui sont dans le besoin. Donc ces personnes-là peuvent venir. Le chef du service social communal va prendre un ticket, mettre cachet pour dire que vous pouvez être servis. Vous prenez ce ticket et vous continuez directement au niveau de la SONAGESS pour se faire servir.
Au niveau de la SONAGESS, à une certaine heure, il faut arrêter par ce que c’est de la liquidité que les agents de vente perçoivent et le Trésor se ferme à partir de 14h ou 14h30mn. Il faut rapidement aller verser l’argent récupérer et donc à 14h il faut arrêter pour permettre aux agents de vente de verser les montants qu’ils ont eu pour éviter qu’il ne disparaisse pas. Ils auront un quota par jour et si c’est 100 personnes qu’ils vont prendre par exemple par jour, ces 100 tickets seront disponibles.
Dès que ces 100 tickets seront servis, personne ne va encore dormir sur le site où aller à 4h du matin. Ils vont rentrer chez eux. Mais les personnes âgées qui vont rester au niveau de la SONAGES qui dorment, qui se lèvent à 3h ou 4h du matin, c’est fini.
Pourquoi vos services n’ont pas su anticiper avec de telles mesures ?
On aurait dû mais pourquoi on ne l’a pas fait, c’est parce que ce n’est pas la première fois que les vivres de la SONAGESS sont distribués. Je crois que quand les vivres venaient, on a multiplié même les sites de ventes mais il n’y avait pas d’engouement au niveau de la SONAGESS. Ce n’était pas la même chose. Actuellement comme nous sommes dans une période de soudure c’est ce qui fait certainement que compte tenu du prix des céréales qui ont grimpé il y a ces difficultés. C’est la première fois et on n’arrive pas à comprendre la situation.
Le PDS Yacouba Barro appelle à la transparence et à la tolérance
Un appel à lancer ?
L’appel que j’ai à l’endroit de la population, c’est d’être sincère. Certes, il y a des difficultés, mais cette aide, c’est une aide du gouvernement. L’image que je suis allé constater sur le site ne nous honore pas. Que les gens qui vont prendre les vivres pour aller les reconditionner dans d’autres sacs, nous n’avons pas les preuves mais nous avons des rumeurs. Qu’ils se démarquent de ces actes parce que nous allons associer les services de sécurité et les renseignements. Dès que quelqu’un sera pris, même une personne vulnérable complice de cette situation, toute la rigueur de la loi va être appliquée.
Donc, c’est un appel à la transparence, à la tolérance et d’éviter de s’attrouper sur le site de la SONAGESS. Pour les prochaines fois nous sommes en train de voir comment multiplier les lieux ventes.
Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias