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Clément Kaboré, fondateur du CPP sur l’importance des cours du soir : « La plupart des commerçants qui suivent nos cours du soir ont amélioré leur commerce ».

Sur les réseaux sociaux, il est bien connu comme un activiste, acquis depuis à la cause du Capitaine Ibrahim Traoré. Wayiyan, récemment, il se plait à se faire appeler le VDP national. Mais Clément Kaboré, puisse que c’est de lui qu’il s’agit, a bien d’autres casquettes. Vétérinaire de formation, il est aussi le fondateur d’une école qui excelle dans les cours du soir, dénommée Cours Privés le Partenaire (CPP). Après dix ans de combat pour la cause des apprenants, nous abordons avec lui dans notre rubrique le Grand entretien, l’importance de cet enseignement de nuit dans la réussite scolaire et bien au-delà, dans la vie active. « L’important, c’est tout d’abord d’élever le niveau de la société en matière d’études », estime-t-il. Lisez plutôt.

Wangola Médias : vous êtes vétérinaire et fondateur du CPP. Quel est lien entre les deux domaines ?

Clément Kaboré : Ces deux domaines n’ont pas de liens. Il faut dire que c’est depuis 2005 que j’ai embrassé le domaine de l’enseignement, c’est-à-dire le métier d’enseignant à travers l’ouverture du lycée privé Saint Viateur de Banfora (Louis Querbe). Depuis lors j’enseignais et je faisais aussi la vacation à la Sainte Thérèse de Banfora et dans bien d’autres établissements. En début des années 2014-2015, j’ai vu qu’il fallait trouver une solution à un problème. Quel était ce problème ? C’était en l’occurrence les jeunes qui travaillent la journée et étudiaient le soir puisse qu’ils sont soit commerçants, artisans, agriculteurs et même des fonctionnaires et qui n’arrivent plus à avoir du temps au cours de la journée pour étudier. Pourtant ils souhaiteraient avoir un niveau du second cycle soit du premier cycle ou carrément le diplôme.

Au moment où je m’apprêtais à ouvrir le CPP, beaucoup de gens ont tenté de me décourager

C’est là que j’ai pensé à l’ouverture d’une école de cours du soir puisse que les cours du soir existants ne répondaient pas vraiment aux besoins. Pourquoi cela, les élèves qui partaient dans ces cours du soir revenaient à la maison comme quoi, les professeurs sont absents soit il y a une suspension des cours ou pour toute autre raison. C’est pourquoi j’ai jugé bon d’ouvrir mon établissement. A l’époque pour l’ouvrir, même des gens de l’administration me l’avaient déconseillé parce qu’il fallait injecter beaucoup d’argent pour construire les tableaux et autres. Il fallait faire beaucoup de papiers et on m’a dit de ne pas le faire parce que les élèves des cours du soir ont une mauvaise renommée. J’ai dit non, ce ne sera pas le cas chez moi et je vais prouver le contraire. Parce que je suis vétérinaire et de la manière que je gère les bouviers et les animaux, c’est de cette même manière que je vais gérer mon établissement, les professeurs et les élèves.

Ceux qui ne seront pas dans la dynamique seront obligés d’aller ailleurs parce que l’ouverture de ce cours du soir, c’est pour apporter vraiment le succès à toutes ces personnes qui vont venir s’inscrire. Je suis donc parvenu en 2015 à ouvrir ces cours du soir dénommés « Cours Privés le Partenaire ». Depuis, cela nous fait dix ans.

Dites-nous au juste quelle est l’importance des cours du soir ?

L’importance c’est tout d’abord d’élever le niveau de la société en matière d’études. Par exemple, beaucoup aspirent à faire les concours mais sans diplômes, vous voyez que c’est très difficile. C’est pourquoi, même les grandes personnes, des gens qui ont laissé les cours depuis plus de 17 à 20 ans, sont venus s’inscrire au CPP et ont décroché le BAC. Si vous prenez le cas des enseignants du primaire, beaucoup ont fait la seconde, la première, la terminale et ont décroché le BAC. Ils ont ensuite réussi à l’inspectorat et sont partis à Koudougou faire deux années de formations et sont revenus. Ils sont aujourd’hui des chefs de circonscriptions d’éducation de base ou évoluent dans les inspections d’éducation de base pour pouvoir vraiment donner le savoir. Mais ils sont issus de notre école.

C’est un travail de fond que nous faisons et je dis toujours aux élèves qu’ici nous n’avons pas des professeurs du cours du soir, mais nous avons des professeurs certifiés des lycées et collèges qui sont affectés dans le public et qui enseignent au CPP le soir. Donc pour dire que c’est un sacrifice de part et d’autre que nous donnons pour permettre aux élèves de réussir.

L’important c’est que cela permet par exemple aux élèves de passer les concours de la fonction publique, les concours professionnels ou même de créer d’autre niveau de travail dans la société où d’aucuns ont besoin d’un niveau pour pouvoir obtenir cette intégration ou ce concours. Tout ça pour montrer l’importance des cours du soir et parmi les commerçants qui suivent ces cours du soir, beaucoup ont amélioré leur commerce. Ils arrivent à maitriser la gestion et tout ça, c’est l’effet des cours du soir. Ce qui fait que nous avons le même programme que celui des cours du jour. Nous avons le même cahier de charge, nous travaillons dans la même dynamique et nous avons des résultats.

« L’important c’est que cela permet par exemple aux élèves de passer les concours de la fonction publique, les concours professionnels ou même de créer d’autre niveau de travail dans la société »

Quels sont au fait les échos qui vous parviennent par rapport à votre impact dans la région en matière rehaussement du niveau de l’instruction ?

Les échos sont vraiment très répétés pour dire qu’à chaque fois nous avons des retours. Par exemple, Sawadogo Moumouni qui était le trésorier de la BNSP de Banfora, est actuellement en train de faire son Master 2 et bientôt il va attaquer la Thèse de doctorat. Nous comptons tous aller le soutenir lors de sa soutenance parce qu’il va sortir docteur. Mais c’est quelqu’un qui avait laissé l’école il y a longtemps. Voilà qu’il a poursuivi et il y a pas mal de personnes comme lui. Les gens en ville m’indexent que c’est grâce à moi qu’ils ont réussi à l’école.

Le retour est vraiment très encourageant et c’est ce qui nous a permis d’atteindre ces 10     ans et nous projetons beaucoup d’autres décennies à venir.

Vous comprenez, beaucoup d’élèves sont rejetés du système classique à qui on avait même dit qu’ils n’allaient jamais réussir. Maintenant qu’ils sont venus au CPP réussir ne serait-ce soit le BEPC, soit l’entrée en seconde ou le BEP, affectés dans les établissements publics, ils font des prouesses. Ces cas sont légion. Nous ne parlons même pas de ceux qui sont allés jusqu’au BAC et qui se trouvent à l’université. D’autres même ont déjà fini et enseignent dans les lycées.

Nous avons d’autres qui sont venus chercher la vacation chez nous pour pouvoir enseigner. Pourtant ils ont tous fait le CPP. A notre niveau, la joie est vraiment très comblée.

Après dix ans au compteur marqués par une satisfaction, quelles sont les perspectives au CPP ?

Nos projets sont énormes. Il faut savoir que le Burkina avec la dynamique du Capitaine Ibrahim Traoré, c’est de travailler à professionnaliser les jeunes. Et nos perspectives restent de pouvoir ouvrir un établissement du jour d’enseignement technique et professionnel. Dès le bas âge, les enfants vont apprendre les métiers pour parvenir au CAP, BEP, BAC professionnel. Tout ça c’est pour permettre même s’ils se limitent à la classe de la troisième qu’ils sachent faire quelque chose de leurs dix doigts.

Je suis membre de la veille citoyenne, je suis un Wayiyan, le VDP national, nous accompagnons le Capitaine Ibrahim Traoré. Ce pourquoi, il nous faut travailler pour atteindre nos perspectives. Le terrain est déjà disponible, le ministère des impôts a déjà délivré l’arrêté ministériel, le ministère en charge des enseignements secondaires a aussi délivré une autorisation d’ouverture d’établissement.

Nous sommes maintenant en quête du nerf de la guerre, c’est-à-dire l’argent pour réaliser notre objectif. Ça sera vraiment des merveilles pour la région des Cascades, voire du Burkina Faso et de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) d’une manière générale. Parce que les enfants vont venir d’ailleurs car nous auront un internat. C’est ce que nous projetons pour que les enfants d’ailleurs viennent apprendre et repartir avec des diplômes très bien reconnus.

« Je suis membre de la veille citoyenne, je suis un Wayiyan, le VDP national, nous accompagnons le Capitaine Ibrahim Traoré. »

Quels sont les conseils que vous pouvez donner à un élève qui part aux cours du soir et qui ne prend pas les choses au sérieux ou à ceux qui sont assis à la maison au lieu de poursuivre leur cursus scolaire pour rehausser leur instruction ?

Mes conseils sont multiples et premièrement, je vais poser un préalable. Dès que les concours de la fonction publique sont proclamés, nous voyons plus des dénominations de patronymes d’autres localités qui sont plus dans la liste de succès. Pourtant, ceux de la région sont moindres. Là-bas par exemple, si vous partez à Ouaga, Koudougou, Yako et autres, les gens ne dorment pas, ils étudient. Les cours du soir sont remplis et maintenant, les lampadaires qui sont là sur les allées, les gens les utilisent à bon escient pour pouvoir étudier.

Mais voyez, les lampadaires que nous avons à Banfora et que le PDS peine avec son conseil pour payer à la SONABEL pour permettre aux jeunes de pouvoir étudier pour s’en sortir, nous les utilisons pour faire les vas-et-vient la nuit juste pour aller s’assoir dans les débits de boissons ou je ne sais quoi. C’est très déplorable.

Nous devons utiliser ces lampadaires pour étudier et là, si le PDS de Banfora est en circulation la nuit et il voit les jeunes en train d’étudier sous les lampadaires, il sera dans l’obligation de faire passer un projet dans le conseil afin de pouvoir faire des banquettes en ciment sous ces lampadaires et permettre aux jeunes de rester pour étudier. Mais les lampadaires sont là et ils ne les utilisent pas si ce n’est pas pour boire du thé et vous voyez que c’est très mauvais.

Secundo, ce sont encore les concours de la fonction publique. On a besoin de niveau et j’ai toujours dit aux gens que le Capitaine Ibrahim Traoré est venu pour employer tous les Burkinabè qui veulent du travail selon le niveau de chacun. Tu n’as pas fait l’école, tu seras gardien ou je ne sais pas quoi. Maintenant, si tu as fait l’école, tu as le niveau CEPE, tu seras employé au niveau CEPE, pareille pour le BEPC tout comme le niveau terminal ou le BAC. C’est pour dire que chacun sera employé selon son niveau et j’encourage toujours les jeunes à suivre les cours.

Ceux qui n’arrivent pas à suivre les cours du jour, suivez les cours du soir, venez au CPP ouvert à tout le monde. Il suffit de garder la discipline.

Entretien réalisé par Dorlota Dabiré

Retranscription, Sié Yacouba Ouattara.

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