Banfora : la pénurie de carburant évitée grâce à la témérité de certains chauffeurs de camions citernes.
La situation était en train de virer au cauchemar pour les propriétaires de motos et de véhicules dans la ville de Banfora 72h après le blocage de la RN7. En effet, face à la rupture du pont de Tarfila, l’approvisionnement de la ville en carburant était devenu difficile et préoccupant. Plusieurs stations n’avaient plus d’essence et avec le besoin, beaucoup s’étaient rabattus sur le carburant de la rue. Conséquences, les prix avaient commencé à grimper. Fort heureusement, même si la situation ne s’est pas encore normalisée, le pire a été évité. Comment ? Ce 21 octobre 2024, Wangola Médias est allée à la rencontre des pompistes et de gérants de stations.
Djakalya Sory « Depuis que le pont est gâté, nos citernes n’arrivent plus à nous ravitailler en carburant ».
Comment les stations d’essence vivent-elles la situation de blocage de la RN7 ? Comment certaines stations arrivent-elles à se procurer le carburant pour satisfaire la clientèle en évitant le pire tandis que d’autres stations sont depuis fermées ? Notre périple nous a amené à la ORYX de Bounouna sise au secteur n°9 de Banfora. Selon Diakalya Sory, pompiste à cette station, depuis ce 8 octobre où les autorités, suite à la détérioration du pont de Tarfila ont interdit la circulation sur la RN7, la situation est dramatique. « Depuis que le pont est gâté, nos citernes n’arrivent plus à nous ravitailler en carburant. Depuis lors nous sommes là, le carburant est fini », affirme-t-il. A l’entendre, le gaz aussi est fini, « Nous sommes en rupture, actuellement nous venons nous s’assoir pour juste communiquer aux clients qu’il n’y a pas de produits à leur servir ».
Pourtant d’autres stations ont le carburant. Sur la question, « certainement on n’a pas le même ravitailleur. Chaque station a son client de ravitaillement. D’autres acceptent faire le contournement par contre, chez nous les chauffeurs ont refusé de prendre cette voie. Il y a la boue, la voie n’est pas praticable », justifie-t-on à ORYX précisant que vue toutes ces contraintes, « nos chauffeurs ont refusé de prendre la voie ». Cette station est à la sortie de la ville et les clients se plaignent s’ils ne viennent pas trouver du carburant, avoue le pompiste.
Selon Zakaria Traoré, leur station arrive à se ravitailler à travers la voie de contournement de Lémouroudougou et les champs de cannes
Contrairement à ORYX/Bounouna, la station SODISER avait du carburant à la pompe et les clients se servaient sans attendre. Le secret selon Zakaria Traoré, leur station arrive à se ravitailler à travers la voie de contournement de Lémouroudougou et les champs de cannes. « C’est là-bas que les citernes sortent pour pouvoir atteindre Banfora. Les chauffeurs se débrouillent car la voie n’est pas praticable » a expliqué ce pompiste. Dans cette station d’essence, le ravitaillement a été déjà assuré à deux reprises malgré le blocage du trafic. « Mais ce n’est facile pour que les chauffeurs atteignent Banfora. Des fois nous pouvons faire 2 à 3 jours en route avant de rentrer à Banfora », explique Zakaria Traoré.
Cyril Millogo avoue que la situation de Tarfila les a un peu choqués.
Tout comme à SODISER, la station PETROFA disposait de carburant. Mais Cyril Millogo avoue que la situation de Tarfila les a un peu choqués. « C’est une voie centrale et quand c’est comme ça, toutes les activités sont en bernes. Les camions n’arrivent pas à rentrer et le carburant aussi » se plaint-il. Il explique que leur carburant vient également par la voie de contournement. « Notre carburant peu finir et quand nous passons la commande, avec la voie qui n’est pas bonne, ça met du temps avant d’arriver. Et ce sont des pertes pour nous », soutient Cyril Millogo.
Pour Ibrahim Koné, chef de piste de la station, le pont de Tarfila leur a causé beaucoup de problèmes
A la Station SKI, les pompes sont vides depuis la survenue de la situation. Pour Ibrahim Koné, chef de piste de la station, le pont de Tarfila leur a causé beaucoup de problèmes. « Voilà deux semaines que j’ai fait la commande mais j’ai n’ai toujours pas été ravitaillé. Il n’y a pas de route pour nous ravitailler » dira-t-il. « Il y a une voie de contournement. Mais entre-temps avec les camions, ils ont tout bougié. Mais aujourd’hui ça va, j’ai parcouru le trajet et j’ai vu que ça va. Donc j’ai dit à mes chauffeurs d’amener le carburant et s’il n’y a pas de pluie, nous serons ravitaillés » a poursuivi Ibrahim Koné.
Les pompes au niveau de la station Total Energie de Banfora étaient également à l’arrêt. Le gérant absent, son collaborateur s’est gardé de tout commentaire. Mais des sources nous expliquent que là-bas, ils ne veulent pas prendre de risques au regard de la situation de la voie de contournement.
Sansan Aboubacar Noufé « Mais nos chauffeurs ont fait beaucoup d’efforts avec la déviation qui est là. De temps en temps ils arrivent à nous ravitailler en carburant« .
Selon Sansan Aboubacar Noufé, gérant de la station PEFAN, ils vivent la situation comme les autres. « Mais nos chauffeurs ont fait beaucoup d’efforts avec la déviation qui est là. De temps en temps ils arrivent à nous ravitailler en carburant », dira-t-il. Leur stock tirait à sa fin à notre passage et l’inquiétude d’un ravitaillement était de mise si entre temps il pleuvait. Aussi, depuis une semaine, le gasoil est fini dans cette station. L’effort des chauffeurs de PEFAN a fait que la rupture de l’essence n’a pas excédé 48 h depuis le début de la situation.
Le ravitaillement de la ville de Banfora sera-t-il assuré en carburant d’ici la fin des travaux sur l’ouvrage au bonheur de la clientèle ? C’est la prudence chez certains gérant qui comptent sur dame pluie afin qu’elle ne tombe pas. Mais en cas de pluie, ce serait à nouveau l’inquiétude et le calvaire sur la voie de contournement. Toutes ces stations à essence ont les yeux tournés vers les autorités pour une diligence dans la pose du pont mobile métallique de Tarfila dont les travaux se poursuivent depuis le 13 octobre dernier.
Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.