Banfora : Descente punitive de supposés hommes de tenues dans le maquis le « Banoi ».
Le maquis « Banoi » au secteur n°8 de Banfora a vécu des moments de frayeurs dans la nuit du 10 au 11 Avril 2024. Alors que des clients y passaient du bon moment, des individus qui s’apparenteraient à des hommes de tenues, venus en tenues civiles, ont fait régner la terreur en frappant et blessant des clients et des serveuses et en faisant de nombreux dégâts.
Selon le témoignage des responsables du « Banoi », c’est aux environs de 0h que tout a commencé. « La nuit du Ramadan vers 0h j’ai entendu des bruits. En ce moment je me reposais. Je suis sorti et j’ai vu les gens qui courraient dans tous les sens et d’autres qui fouettaient. Certains disaient de fermer le maquis. Je ne savais pas pourquoi on va fermer le maquis mais comme les gens courraient de gauche à droite, j’ai attendu que le calme revienne avant de demander ce qui se passait. Moi-même en recherchant le manageur du maquis je suis tombé sur une personne qui m’a donné un coup dans le dos. Immédiatement j’ai fui », a relaté le gérant du Banoi, Bamiki Soulama.
Bamiki Soulama, gérant du maquis Banoi
Selon lui, un avis qu’il tient par la suite du manageur, tout serait parti d’une altercation entre deux clients qui étaient sur la piste de danse. Les différentes interventions pour les ramener au calme n’ont pas porté et ils se seraient tiraillés jusqu’au dehors. Visiblement, celui qui n’a pas eu le dessus dans la lutte qui s’est engagé entre eux semblait être un homme de tenue. « On ne comprenait pas pourquoi mais il a appelé d’autres personnes qui sont venues s’ajouter à lui et ils ont commencé à fouetter tout le monde », a regretté le gérant qui soutient qu’apparemment ce n’est pas une histoire de femme comme il est de coutume. « Ce sont des clients entre eux », ajoute-t-il
Venu donc à la rescousse de leur élément, le groupe de jeune a fait passer aux clients du maquis un mauvais quart d’heure cette nuit. Ces individus munis de cordelettes, sans distinction, ont frappé dans le tas et sur tout ce qui bougeait. Que ce soit les clients présents dont certains faisaient leur retour après 30 jours de jeûne musulman et qui entendaient vraiment passer un bon temps, que ce soit les serveuses et des passants dans la rue hors du maquis, tous ont eu leur dose de bastonnade. Seul le patron de Banoi qui était présent et qui a assisté à l’arrivée des agresseurs a plus de chance. Hors-mis lui que les agresseurs connaissaient certainement, personne n’a échappé à cette descente punitive nocturne. Les plus chanceux sont ceux qui ont pu prendre leurs jambes au cou.
Les vitres des frigos ont volé en éclat
Au lendemain de cette descente musclée, les responsables du maquis sont en train de faire le point des dégâts subis. En attendant ce point, les vitres des deux frigo-vitrines ont volé en éclat, de même que des bouteilles pleines de boissons, de liqueur et de vin qui étaient sur les étagères. Des bouteilles vides et des verres ont également été cassés. Enfin, des tables n’ont pas échappé à la furie des visiteurs remontés. Plusieurs ont été aussi brisées et le comptoir du maquis présentait un aspect détérioré après le passage de ces individus.
Une vue du comptoir après le passage des jeunes
Le Banoi a par ailleurs enregistré 4 blessés parmi les serveuses qui ont été admises la même nuit au CSPS du secteur no8. Des 4 serveuses, trois n’avaient pas encore repris leur service des suites des blessures. « Parce qu’on les a mal battus. Au niveau du DJ, ça ne va pas à cause de son œil, le caissier a eu son pied déchiré en voulant sauver l’argent », a ajouté le gérant qui affirme que les assaillants n’ont pas touché à l’argent.
Cette affaire qui est venue perturber l’ambiance de la fête du Ramadan à Banfora n’est certainement pas close. Elle serait surement portée devant les autorités compétentes une fois le point des dégâts dressé, indique-t-on au Banoi. Des clients victimes de sévices corporels ont-ils porté plainte contre X ? Les jours à venir nous situeront davantage.
Mais en attendant, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une sortie des plus hasardeuse commise une fois de plus par des hommes de tenues dons les frasques d’antan, dans la mémoire collective des Burkinabè, s’estompaient peu à peu. Car ces sorties punitives qui étaient légion sous le régime de Blaise Compaoré, s’étaient raréfiées.
Une vue des tables et chaises saccagées
Mais quel diable a pu piquer ces éléments incontrôlés en cette période sensible de la Transition où le Capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement s’échinent les méninges à faire en sorte de créer l’union sacrée autour de nos FDS ? Doit-on craindre le retour des vieux démons dans un contexte de crise sécuritaire où les FDS ont plus que besoin du soutien du peuple ?
En attendant les vrais motifs de cette altercation, ce n’est pas la première fois que la ville de Banfora enregistre une descente punitive d’hommes de tenues. Pour une histoire de femme, il y a quelques années, des habitants ont bien vécu le calvaire, tabassés par des militaires d’abord à l’unité de séchage de mangues « Sanlé Séchage » puis dans les rues.
Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.