La balade du griot

Balade griot : Ces voies de contournement qui enlèvent toute envie de contourner.

Depuis quelques semaines déjà, le griot, comme ses concitoyens s’accommode aux longues files de camions stationnés aux abords de la RN7 et même dans certains six-mètres à l’intérieur de la ville de Banfora. Etant lui aussi branché comme dirait cette nouvelle génération, il a appris qu’un pont sous les fortes pluies avait cédé à 8 km de Banfora, précisément à Tarfila. Sur les réseaux sociaux qu’il suit, en plus du contournement officiel donné par les autorités de la région, il a appris qu’une autre voie pouvait être empruntée par les usagers à deux roues.

Comme lors de la première rupture de l’ouvrage, le griot pensait que les travaux allaient durer juste quelques jours et que les usagers bloqués dans les deux sens seraient autorisés à poursuivre leur route. La rupture de ce 8 octobre n’a pas connu la célérité et finalement, fatigué d’attendre, la conscience du griot a commencé depuis quelques temps à le gronder. Car il ne manquait pas dans la cité sucrière du Burkina qui est Bérégadougou. Pourquoi ne ferait-il pas d’une pierre deux coups en allant comme d’habitude rendre visite à ses connaissances et en même temps, profiter connaitre la réalité sur ces voies de contournement ?

Il se décida donc d’assouvir sa curiosité afin qu’après tout ce calvaire sur la RN7, lui aussi puisse apporter sa pierre dans cette affaire de blocage du trafic qui restera gravée dans l’histoire de la cité du paysan noir et partant du pays tout entier. Car si les spécialistes de l’économie nationale s’y mettent, les chiffres des pertes seront effrayants. Le griot qui maitrise les distances entre Banfora-Bérégadougou, opta pour le plus court chemin, celui qui contourne « Alicia parc » sur la RN7 en passant sur les rails, traverse aussi les champs et continue soit à Bérégadougou ou regagne la RN7 pour Bobo-Dioulasso. Sur ce chemin court, le griot se rendit compte que les réseaux sociaux ne lui avaient pas suffisamment décrit la situation de calvaire que pouvaient vivre les usagers.

En effet, que ne fut pas la surprise, voire la trouille du baladeur de se retrouver devant une grande pente presqu’abrute à gravir ? N’ayant pas le choix, le griot dû prendre quelques minutes à observer cette foule grouillant à pied ou à motos pour traverser ces rails superposés sur un pont au milieu des hautes herbes. Il vit des femmes avec leurs enfants monter péniblement la pente, des motocyclistes de tout gabarits confondus obligés de faire comme au Paris-Dakar d’effectuer des acrobaties pour monter ou descendre. Que faire pour le griot qui n’est pas un surdoué de la moto ?

Fort heureusement, comme dans toute situation désespérée il y a des bonnes volontés, le baladeur fit la remarque que des jeunes et même des tout-petits s’échinaient à aider les passants pour la pénible traversée moyennant quelques jetons. Il fit appel à l’un d’entre eux. Et en quelques secondes, le griot vit sa monture en haut de la pente. Prudence oblige, pour ne pas faire une roulade à reculons, il a fallu au griot de faire les 4 pattes pour lui aussi se retrouver haut perché sur les rails. Ce premier obstacle franchi, il lui restait une autre étape non moins importante. Celle de rouler sur les rails, ce qui dénote d’une maitrise de la monture. Avec l’affluence les croisements sont aussi difficiles à négocier sur une distance de près de 300 mètres sur les rails et ses graviers, personne n’étant prête pour céder le passage à l’autre faute d’encadrement. Une fois montée, la descente des rails constitue la troisième épreuve et il faut avoir de « bons patins de freinage » pour ne pas se retrouver à faire cette fois la roulade avant.

En somme, cette traversée restera gravée dans la mémoire du griot car jamais, dans sa balade, il n’avait encore vécu pareille calvaire. Gardant une dent contre les réseaux sociaux qui l’avaient comme conduit dans ce calvaire, le griot se résolu de ne plus revivre cette dure épreuve de la traversée du pont du chemin de fer, même s’il a été séduit par la maitrise de quelques motoristes.

Ainsi, il opta pour la voie officielle de contournement. Bien que le griot ait su qu’emprunter cette voie relevait d’un parcours de combattant, il n’imaginait pas cette route en si mauvais état. Le trafic, en quelques jours a bien rendu cette route impraticable par endroit, d’où ces multiples embourbements sur l’axe. Pas même la présence d’un engin de terrassement pour améliorer la situation. Conséquence, de nombreuses pannes de véhicules sur la route. L’on n’ose pas imaginer le calvaire des usagers au regard l’état de cette route juste après une pluie.

Le griot ne s’en est pas tiré à bon compte avec des égarements dans la boue entre le village de Lémouroudougou et les champs de cannes. C’est pourquoi, du fond du cœur, il tire son chapeau à ces vaillants conducteurs obligés d’emprunter cette voie, qui pour sauver les voyageurs, ou, pour ravitailler la ville face à ce « siège » qui ne dit pas son nom. Vivement, la fin des travaux de l’ouvrage de Tarfila afin d’éviter ces voies de contournement qui ne se laissent pas emprunter facilement.

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