Balade du griot : à Banfora, les intersections de certaines rues prises d’assaut par des pratiques mystiques ou de guérison
Tant que sa santé lui donnera l’opportunité, le griot ne se lassera jamais d’emprunter les rues de la cité du paysan noir, cette ville qui l’a si bien adopté. Sa mission traditionnelle lui faisant cette obligation, celle d’aller rendre des visites de courtoisie à ses connaissances une fois qu’il estime que le besoin s’impose. Aller s’enquérir des nouvelles de ses proches reste donc une mission traditionnelle aussi noble que nécessaire. N’est-ce pas aussi cela qui lui permet d’être proche de sa société et de la connaître mieux ?
Si cette mission s’impose à lui, il en est de même pour les cérémonies sociales à savoir les baptêmes et les Douas pour lesquels il est sollicité en permanence. C’est ainsi qu’il est appelé matinalement à emprunter les rues de la capitale du paysan noir pour se rendre où son programme l’exige.
Toutefois, un des constats du griot reste cette pratique sociétale qu’il évite de qualifier ici en raison de ses racines traditionnelles. En effet, souvent très tôt les matins, ce sont des spectacles quelques fois effroyables qui sont offertes aux Banforais à leur réveil.
En effet, ces pratiques perdurent et leurs adeptes ne sont prêts à lâcher prise. Des canaris remplis de racines, emballés dans des morceaux de tissus posés aux intersections des rues ou des calebasses remplies de curieuses décoctions si ce n’est des œufs frais ou autres mélanges matinalement déposés en plein milieu de certaines chaussées.
Le griot, tout comme les autres usagers sont obligés de se méfier de ces dépôts curieux aux intersections des ruelles les évitant avec précaution. La pratique est bien réelle dans la cité du paysan noir et prend plutôt des proportions inquiétantes. Ni vus ni connus, les auteurs de ces pratiques sont bien rodés aux heures propices. Ces curieux dépôts sont effectués bien avant le réveil du citoyen lambda qui constate les faits accomplis à son réveil.
Certains dépôts curieux peuvent passer des jours, voire des semaines car tous les usagers sont prudents et évitent avec précautions ces « choses » déposées on ne sait pour quels buts exacts.
Des intersections biens connues de la cité du paysan noir ne se vident jamais de ces dépôts car, renouvelés en permanence. La question reste de savoir si ce sont les mêmes ou si de nouveaux adeptes viennent grossir les rangs et pérenniser la pratique.
Bien curieux qui pourrait situer sur les vrais objectifs des pratiquants. Le griot sait simplement que ces pratiques sont souvent motivées par des questions de recherche de guérison face à un mal dont l’origine reste mystique et pour lesquelles il convient donc de conjurer le sort. Pour d’autres ce sont des questions purement liées à une ascension sociale.
Le griot est bien perturbé en voyant de telles pratiques en plein centre ville. Et il se pose souvent les bonnes questions. En effet, pourquoi ces adeptes ne choisissent pas les périphéries de la ville ? Au contraire c’est souvent en plein centre ville et ce sont les mêmes rues qui ne désemplissent pas. On ne change pas une équipe qui gagne. Comment réprimander les auteurs de telles curieuses pratiques ?
Difficile en tout cas pour les services de la mairie de veiller 24h/24 sur ses rues afin de mettre la main sur ceux dont la pratique encombre des rues de la cité du paysan noir. Le phénomène est pourtant réel et il convient de s’y pencher. Même s’il est quasiment rare, voir incroyable de voir de tels dépôts en plein midi devant biens de curieux témoins.
Pratique, quand tu nous tiens.
Wangola Médias.