Santé

Centre Hospitalier Régional de Banfora : au cœur du dispositif sécuritaire en place pour les patients et le personnel soignant.

Des gens entassés à la porte d’entrée principale, dont certains,animés d’impatience et le cœur chaud et ce sont d’interminables explications avec les vigiles. Ces scènes sont quasi-quotidiennes au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Banfora. Les motifs de la surchauffe des esprits, ne sont autres que l’exigence par les vigiles du respect des horaires de visite et des conditions d’accès dans ce centre de santé de référence. Pourtant ce règlement ne recherche qu’une seule chose, à savoir une meilleure sécurité des patients et partant, leur bien être durant leur hospitalisation pour un prompt rétablissement. Toute chose qui devrait être aussi la préoccupation des visiteurs et des accompagnants de ces malades, car assurément, eux aussi sont préoccupés par l’état de santé de leurs parents et par conséquent devraient se soumettre à cette réglementation fixée par le personnel soignant. Wangola Médias est allé au cœur de ce dispositif sécuritaire au CHR de Banfora où très souvent, les vigiles sont pris à partie et où le personnel soignant éprouve quelques fois des difficultés à administrer les soins dans la mesure où l’encombrement des lieux par les visiteurs ne facilite pas les choses.

Difficultés dans le respect du règlement du CHR.

Pour l’administration des soins de qualité, des horaires de visite sont fixés au CHR de Banfora. Toute chose qui permet, à n’en point douter, d’assurer le bien-être des patients. Ces horaires de visite vont de 6 heures à 6 heures 45 minutes du matin, puis de 12h30 mn à 14 heures 30 minutes et enfin, de 17 heures 30 minutes à 21 heures pour les jours ouvrables. Durant les week-ends et les jours fériés, les horaires de visite vont de 6 heures à 7 heures 45 minutes le matin et de 12 heures 30 minutes à 21 heures. La consigne est donnée à l’entrée principale tout comme à celle des unités de soins où les agents de santé s’occupent des malades. Mais le respect de ces horaires semble difficile pour certains usagers du CHR qui se pointent en dehors des heures de visite. « Quand les gens arrivent en dehors des heures de visite et que nous leur demandons d’attendre l’heure de l’ouverture afin d’avoir accès aux salles, certains ne veulent pas comprendre » soutient Philippe Gayiga, le chef des vigiles chargés de la sécurité du CHR. A entendre ce dernier, ils sont nombreux ces visiteurs qui estiment qu’il s’agit d’une méchanceté pure et simple des vigiles. « Pourtant, ils ont reçu des consignes pour le personnel soignant travaille dans des conditions sereines et que les malades puissent un tant soit peu récupérer. Il ne se passe pas un seul jour sans que nous ne rencontrions ces cas » témoigne le patron des vigiles qui atteste qu’il est souvent obligé d’intervenir personnellement pour calmer les ardeurs.

Philippe Gayiga, le chef des vigiles du CHR de Banfora rassure les usagers que les vigiles sont là pour eux. Ils sont humains et capables de comprendre une situation qui leur est expliquée en toute courtoisie

A entendre Philippe Gayiga, certains attendent jusqu’à 9h pour apporter la bouillie ou la nourriture au malade. Il ajoute que selon le règlement, lorsqu’un malade ne peut pas marcher, il est autorisé à rentrer avec sa monture. Mais une fois le malade débarqué, l’accompagnant doit ressortir avec l’engin pour le mettre au parking. A tous ces niveaux, soutient M Gayiga, nous avons des gens qui ne veulent pas comprendre. « Nous les autorisons à rentrer avec leur malade à condition de ressortir avec l’engin. Mais tenez-vous bien, certains partent y rester. Ils ne veulent plus sortir et quand nous les interpelons, la situation dégénère sous le prétexte qu’ils doivent faire des examens, aller à la pharmacie et autres. Pourtant, leurs engins rendent la tâche difficile aux ambulanciers. De plus il y en même qui simplement ne veulent pas marcher. Ça ne peut pas aller comme ça. Seule l’ambulance a le droit de faire des va-et-vient à l’hôpital », tranche le chef de la sécurité, pour qui, une fois le malade admis à l’hôpital, l’urgence est levée. Il ajoute qu’une fois qu’un malade est libéré et qu’il est toujours faible, l’autorisation est donnée à l’accompagnant de rentrer avec son engin pour le chercher. Toujours selon le chef des vigiles, il arrive des fois que les sapeurs-pompiers amènent un malade et que les accompagnants qui sont à motos tiennent à rentrer avec leurs engins. « Nous avons toutes ses difficultés ici car, vraiment les gens ne veulent pas à nous comprendre. Et quand ça devient un problème, on s’en prend aux vigiles », regrette la Philippe Gayiga.

Fort heureusement, confie-t-il, tout le monde n’est pas braqué. Il y en a qui comprennent que ces heures de visite commencent après que les équipes de soins aient fini leur. « Lorsque nous le leur disons, ils ne discutent et préfèrent revenir plus tard. Vraiment j’ai du respect pour ces personnes » s’est exprimé M Gayiga qui demande à ces personnes de porter la voix du CHR pour faire comprendre que ce dispositif est mis en place pour le bien des malades, pour permettre aux agents de santé de travailler en toute quiétude et surtout pour prévenir les cas de vols qui sont enregistrés de temps en temps.

Des soins de santé de qualité exigent nécessairement de la discipline.

Au centre hospitalier régional de Banfora, Abdoulaye Pilabré, est le directeur de la qualité des soins (DQ). Son rôle est d’assurer la mise en œuvre de la démarche qualité au CHR. Pour lui, les visiteurs doivent respecter la réglementation au niveau des différentes entrées de cette structure publique très fréquentée car il y va du bien-être des patients. « Le dispositif de sécurité est mis en place pour veiller à cela », précise Abdoulaye Pilabré selon qui les vigiles sont chargés de réguler les entrées au niveau des principaux accès du CHR. Et même si comparativement à 2 ou 3 ans en arrière, il reconnait que « ça va un peu », le Directeur Qualité atteste que « nous rencontrons quelques résistances. Bien que les heures de visites soient affichées à l’entrée du CHR, certains visiteurs veulent forcer le passage ». A l’entendre, « il peut arriver que le vigile quitte momentanément son poste, soit pour se soulager soit pour chercher à manger. Des gens en profitent pour rentrer et cela encombre nos services », explique le DQ, pour qui, ces manquements amènent un nombre important de visiteurs dans l’enceinte de l’hôpital avec des risques que cela comporte. « Cela peut perturber les prestations cliniques c’est-à-dire les soins. Ça peut troubler la quiétude, voire le confort même du patient puisque ces règles ont été édictées non seulement pour pouvoir optimiser le fonctionnement des services du CHR, mais pour aussi le confort du patient qui doit avoir des moments de repos nécessaires à sa récupération », a poursuivi le DQ. Aussi, a-t-il ajouté, la présence d’un nombre important de visiteurs au sein de l’hôpital au même moment, pourrait entraîner une utilisation abusive des toilettes, et une pollution de l’environnement hospitalier.

Abdoulaye Pilabré, est le directeur de la qualité des soins reconnait que petit à petit les gens comprennent l’importance du respect des horaires de visites

Appelant lui aussi à son tour les usagers à comprendre et à accepter la règlementation en vigueur, le Directeur Qualité fait noter que les heures de visite resteront de mise et qu’il faut que les visiteurs s’y conforment. « C’est pour les sensibiliser que ces heures sont affichées à la porte d’entrée du CHR et que les vigiles sont mis à contribution ».

Pour ce qui est des accompagnants qui séjournent auprès de leur malade et qui souvent se retrouvent bloqués à la porte d’entrée, le DQ estime que ces cas ne devraient pas exister. « Je pense qu’au niveau des services qui hospitalisent, il est délivré des tickets de sortie aux accompagnants de telle sorte qu’un accompagnant qui se retrouve dehors puisse à son retour, accéder facilement à l’hôpital. Les vigiles ne peuvent pas reconnaître tout le monde mais si la délivrance de ces bons de sortie était respectée, ces situations allaient être minimisées. Mais, nous travaillons à cela et invitons chaque accompagnant qui voudrait sortir à demander un ticket de sortie », fait noter le DQ qui en appelle à la compréhension des responsables de services pour éviter de créer des désagréments aux accompagnants.

Les visites aux malades, une pratique culturelle.

Docteur Konaté Zanga Issouf, médecin-pédiatre, chef du service de la pédiatrie est cumulativement le Directeur des services médicaux et techniques du CHR de Banfora. Il coordonne à ce titre l’ensemble des activités qui concernent les soins de façon globale. Pour lui, la réglementation des visites tient sur deux aspects. « Le premier aspect qui est le principal, c’est de permettre à ce que les malades puissent se reposer et le second c’est d’éviter que le personnel soignant ne soit très perturbé dans ses activités ». A l’entendre, lorsqu’il y a trop de monde, on contrôle un peu plus difficilement ce qui se passe. Docteur Konaté se convainc que la question de la régulation des heures de visite reste en rapport avec le développement même du système de santé d’une part et nos pratiques culturelles d’autres parts. « A l’étape actuelle des choses dans notre système de santé, on a besoin des accompagnants. On ne peut pas le nier », a poursuivi ce dernier pour qui, lorsqu’il n’y a pas d’accompagnant, « Nous-mêmes sommes perturbés. Parce que nous n’avons pas encore développé suffisamment cet aspect qui puisse nous permettre de suivre de façon complète les malades », ajoute-t-il. En effet, il faut reconnaitre avec le chef de la pédiatrie que lorsqu’une ordonnance est prescrite, c’est l’accompagnant qui peut aller à la pharmacie. C’est également lui qui peut aller prendre les résultats au laboratoire et même parfois qui participe à la surveillance du malade. « Si nous arrivons à rendre plus performant notre système sanitaire, on pourrait dire aux accompagnants de rester carrément dehors », dira le Docteur Konaté qui à propos de nos pratiques culturelles explique que « lorsqu’un malade est hospitalisé, naturellement, toutes ses connaissances, parents au premier degré, les voisins, ses partenaires du service veulent tous lui rendre visite. C’est bien, c’est louable. Mais lorsque ces gens sont nombreux à venir, ça peut créer des dommages au malade qui est dans un état très grave », a souligné le patron des soins du CHR qui renchérit que le malade peut être dans un état psychologique où il ne veut même pas voir certaines têtes.

Docteur Konaté Zanga Issouf « C’est bien de rendre visite à un malade; c’est louable. Mais lorsque les gens sont nombreux à venir, ça peut créer des dommages au malade qui est dans un état très grave « 

Malgré tout, la sécurité des patients est gérée tant bien que mal au niveau du CHR. « On ne peut pas dire qu’on a trouvé la panacée car l’hôpital est intimement lié à la population », dira-t-il, avant de préciser que quand on dit qu’un hôpital est performant, c’est lorsque les populations disent qu’elles sont satisfaites.

Pour Docteur Konaté Zanga Issouf, au-delà de ces difficultés, il convient de faire savoir aux populations qu’elles sont comprises par le personnel du CHR et que ceux-ci sont là pour elles. « Les restrictions que nous faisons sont dans l’intérêt du malade et de la population », soutient le médecin. « Cette douleur entre griffes que les vigiles infligent à l’entrée du CHR, c’est pour l’intérêt des patients. Je pense que si on arrive à comprendre et accepter cela, on pourrait avancer ensemble. Parce que voir un malade, ce n’est pas déterminant strictement pour sa guérison et sa survie. Ça peut lui donner du boom au cœur mais ce n’est pas très décisif si la personne est dans un état un peu difficile », tranche le chef de service des soins.

En réalité, les visiteurs, les accompagnants et le personnel soignant du CHR poursuivent les mêmes objectifs, c’est-à-dire, le bien du malade. Et au CHR de Banfora, l’assurance est donnée. Les agents travaillent déjà à l’amélioration du système de sécurité des malades, à faire en sorte que pour certaines personnes qui sont décisives pour le malade, « lorsqu’elles veulent sortir qu’on puisse leurs remettre un document qui puisse leur permettre de sortir et de revenir à tout moment », rassure le chef de la pédiatrie, Zanga Issouf Konaté.

Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

L’ultime appel de Philippe Gayiga, responsable de la sécurité du CHR, à la population. Le message que j’ai à l’endroit des visiteurs, c’est qu’il faut qu’ils comprennent que les vigiles sont là pour eux. Ils travaillent pour eux ainsi que pour les malades. Les vigiles sont là pour l’application du règlement établi par le CHR. Il faut qu’ils comprennent que les vigiles ne sont pas leurs ennemis. Lorsqu’ils arrivent à la porte, nous leur demandons de s’expliquer dans le calme. Ce temps d’explication n’aggravera pas l’état du malade. Et s’il y a la possibilité de les laisser entrer, le vigile le fera dans la mesure où souvent, on fait des arrangements. Vous savez qu’il y a des gens qui quittent loin, à Sidéradougou, ou Mangodara. Nous tenons compte de tout cela. Quelqu’un ne peut pas quitter Mangodara pour arriver ici à temps et respecter les horaires de visite afin de voir son parent malade. Ça, nous le savons. Donc, quand quelqu’un arrive et prends le temps de nous expliquer cela, nous sommes tous humains, nous aviserons. C’est pour dire que nous ne sommes pas là pour faire du mal à quelqu’un. Nous travaillons selon des consignes que les vigiles n’ont pas instaurées.  C’est le CHR lui-même même qui les fixées. C’est le règlement de l’hôpital. Quand on dit « Un malade, un accompagnant », ce n’est pas la loi des vigiles, mais c’est le CHR qui demande cela. Malheureusement certaines personnes n’arrivent pas à le comprendre et pensent que ce sont les vigiles. L’hôpital appartient à tout le monde, c’est un service public. Pour son bon fonctionnement, il faut un règlement ».

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.

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