Environnement

Quand la savane s’invite en ville : buffle à Ouaga, éléphant à Bobo

En fin de semaine dernière, le Burkina Faso a vécu une scène pour le moins inhabituelle : la grande faune a quitté ses savanes pour faire irruption au cœur de nos capitales. Après qu’un buffle a semé la panique à Ouaga 2000 avant d’être abattu ce 21 aout, le lendemain soir, à Bobo-Dioulasso, c’est un éléphant isolé, devenu agressif, qui a été neutralisé par un chef dozo sur ordre des autorités.

À Ouagadougou comme à Bobo, un détail intrigue : ni troupeau ni migration apparente. Ces animaux sont apparus seuls, hors de leur habitat, sans que l’on sache leur provenance exacte.

Quand l’écologie frappe à la porte des villes

D’un point de vue pragmatique, ces apparitions rappellent que l’urbanisation grignote chaque jour les territoires de la faune. Déforestation, barrages, couloirs migratoires obstrués : autant de pressions qui poussent les bêtes à s’égarer. Que des buffles ou des éléphants déboulent désormais en plein centre-ville dit peut-être plus sur nous que sur eux.

La sociologie du désordre animal

L’arrivée d’un buffle ou d’un éléphant en ville n’est pas qu’un fait divers : elle met à nu les fragilités de nos systèmes urbains. À Ouaga 2000, quartier huppé, ou au cœur de Bobo, capitale économique, l’incapacité à endormir l’animal sans le tuer traduit un manque criant de moyens adaptés. La population, elle, oscille entre peur, curiosité et ironie, y voyant souvent une preuve supplémentaire du décalage entre l’État et la réalité du terrain.

Le message symbolique des bêtes solitaires

En Afrique, un éléphant ou un buffle n’est jamais un simple animal. Dans l’imaginaire collectif,

l’éléphant symbolise la sagesse, la royauté, la force tranquille mais imposante .

le buffle, lui, incarne la brutalité, l’obstination, le danger imprévisible.

Les voir surgir, seuls, hors de tout troupeau, c’est rompre l’ordre naturel. Les anciens diraient que la nature et les ancêtres parlent à travers eux : l’éléphant rappelle à l’homme la nécessité de l’équilibre et du respect, tandis que le buffle avertit des épreuves, des conflits ou du désordre latent. Leur apparition successive dans nos deux plus grandes villes sonne presque comme un dialogue symbolique entre puissance et chaos, sagesse et violence.

Un fait divers, vraiment ?

Certains riront en disant que ce ne sont que des animaux perdus. Mais en Afrique, le réel et le symbolique se mêlent toujours. Et si ces intrusions n’étaient pas seulement un accident écologique, mais un miroir tendu à nos sociétés ? Un avertissement que, comme ces bêtes, nous-mêmes errons parfois, isolés, hors de notre troupeau, en quête d’espace et de repères.

 Voilà donc Ouaga et Bobo visitées par la savane. Les chasseurs ont tiré, les autorités ont tranché, et les citadins commentent. Mais une question demeure : qui dompte qui, entre la ville et la nature, entre l’homme et l’animal ?

Boubak KARAMA

Wangolā Médias

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