Dramouss Diabaté : une voix de feu venue de Kawara pour rallumer les espoirs de la jeunesse des Tannounyans
Dans les ruelles paisibles de Banfora résonne une voix à la fois engagée, mélodieuse et enracinée. Celle de Diabaté Dramane, alias Dramouss Diabaté, artiste reggae-maker à l’âme libre et au cœur gonflé d’un message fort : celui de l’Espoir. A 33 ans, cet enfant du village de Kawara, près de Sindou, incarne avec humilité et puissance la voix de la jeunesse des Tannounyans qui rêve, résiste et rayonne.
Un destin tracé entre djembés et combats sociaux
Né dans une famille de griots, Dramouss n’a jamais vraiment eu à chercher sa voie : la musique l’a trouvé avant qu’il ne la choisisse. Son père, Inza Diabaté, était un maître du djembé. C’est donc tout naturellement, bercé par la kora, le balafon et la rythmique de la tradition, que le jeune Dramane s’est épris de cet art. Mais c’est le reggae, musique de lutte, d’émancipation et de vérité, qui s’impose rapidement comme le canal d’expression de ses émotions profondes et de ses engagements. A ses yeux, « le reggae, c’est du freedom fighting », et ses fans, « les free », forment avec lui une famille spirituelle : la Freeland Family.
Prestation ne live lors du FEMAR SKBO à Niangoloko le 30 avril 2025
De Sindou à YouTube, un parcours engagé
Arrivé à Sindou en 2004 pour poursuivre ses études secondaires, Dramouss y construit ses premiers repères artistiques. En classe de Seconde, il écrit ses premiers textes. C’est toutefois une déception amoureuse en 2015 qui accélère sa carrière. Il enregistre avec un ami un premier morceau intitulé « I kana wa », avant de sortir en 2016 un album complet, « Sé Tigui ». Depuis, le message de Dramouss Diabaté s’est affiné, enraciné. Il chante Dieu, l’amour, la paix, la politique, la cohésion sociale et surtout la nostalgie des valeurs perdues. Parmi ses titres phares, « Le Faso d’abord » (2017) a touché le grand public avec son hymne à la paix. Plus récemment, « Vieux père » (2024) a marqué son retour, appelant à la solidarité envers les artistes.
En prestation le 30 avril 2025 de la marche meeting de soutien au capitaine Ibrahim Traoré, président du Faso
Une voix en dioula pour un message universel
Dramouss assume pleinement ses racines culturelles. Il chante majoritairement en dioula, tout en variant avec le français, l’anglais et un soupçon de mooré. Ses morceaux sont souvent accompagnés d’instruments traditionnels : « Je suis fils d’un instrumentiste, je ne peux trahir ma culture », affirme-t-il fièrement. Son art est une ode à la diversité culturelle, une revendication identitaire assumée, et un pont tendu entre tradition et modernité.
Reconnaissance locale, ambitions internationales
Aujourd’hui, Dramouss compte plusieurs scènes à son actif : SNC, NEF, FEMAR/SKBO, Festibro, FEMABO, pour ne citer que celles-là. Si sa popularité est bien ancrée dans la Léraba, il rêve plus loin : « Conquérir l’international, mais déjà m’imposer au niveau national. » L’artiste s’autoproduit, avec toutes les limites financières que cela implique : « La promotion coûte cher, et c’est ce qui freine la portée de mes œuvres. » Malgré cela, il persiste, travaille, enregistre, partage sur YouTube et nourrit de nouveaux projets : un clip en cours de finition, un showcase à venir, un single en préparation baptisé « Mademoiselle »…Et un rêve fou, qu’il murmure du bout des lèvres avec un rire complice : faire un feat avec Alpha Blondy.
Dramouss sur scène lors du concert dédicace de son single « Vieux père » en septembre 2024 à Sindou
Regard lucide, foi inébranlable
En tant qu’artiste et jeune engagé, Dramouss Diabaté pose un regard lucide sur la place de la culture dans la Léraba : « La jeunesse porte la culture ici, à travers les danses de masques, le kouroubi ou le Yagwa. » Mais pour que cette flamme reste vive, il appelle à offrir plus d’espaces d’expression aux talents locaux : « Il faut arrêter d’importer tout. Un artiste devient aimé à force de monter sur scène. »
Son conseil aux jeunes : « Croyez en vous, n’abandonnez jamais, et surtout, priez pour que Dieu ouvre les portes. »
Un mot pour la route…
A tous ceux qui le suivent, le découvrent ou le soutiendront un jour, Dramouss lance ce message simple et fort. « Merci. Bonne chance à chacun dans son domaine. Que Dieu bénisse le Burkina Faso et qu’un mécène me tende la main un jour, Insh’Allah. »
🎧 À écouter :
Chaîne YouTube : Dramouss Diabaté
📞 WhatsApp : +226 66 74 28 31
📧 Email : diabated92@gmail.com
Boubak Karama
Wangola Médias
