Culture

15 mai 2025 : 24 heures chrono au domicile du guérisseur Adama Soulama à Banfora  

« Nous rendons un vibrant hommage au capitaine Ibrahim Traoré et à tous les membres de son gouvernement pour la courageuse décision qu’ils ont prise de nous ramener à nos valeurs ancestrales ». C’est par cette reconnaissance à l’endroit des autorités burkinabé que le guérisseur Adama Traoré a entamé son adresse à la foule qui s’est mobilisée à son domicile ce 15 mai 2025 dès la première heure. Pour lui, c’est une décision qui nous honore et c’est l’occasion pour lui de dire un bonjour fraternel à l’ensemble du peuple burkinabè, à tous les coutumiers et traditionnels, les dozos et FDS grâce à qui le pays reste debout malgré l’adversité.

Ce préalable terminé, le guérisseur Soulama, accompagné de ses frères et sœurs venus du village ainsi que de ses épouses rassemblent les animaux achetés la veille et les jours d’avant à un seul endroit. Dans un premier temps, trois poulets de couleurs blanches sont égorgés au milieu de la cour après que le maître des lieux ait prononcé des paroles en langue Cerma. Ces poulets ne sont pas jetés pour qu’ils se débattent comme beaucoup s’y attendaient. Après quoi suivra l’immolation de trois béliers blancs et d’un bouc. Un chien suivra à la suite de ces ruminants. Vient à présent la phase des fétiches. Adama Soulama et ses disciples prennent pied dans la case qui les abrite. A partir de ce moment, chaque visiteur pouvait avancer avec son poulet sur lequel il a au préalable fait ses invocations et prières. Chaque poulet est égorgé puis jeté à terre. Après plusieurs pirouettes, on peut le voir s’étaler sur le dos. Certains poulets vont jusqu’à battre les ailes comme s’ils applaudissaient. Toute chose qui donne la joie et de la conviction à l’assistance. Ce sont plusieurs dizaines de poulets qui seront ainsi sacrifiés. Vers 12 heures, intervient la pause durant laquelle, les convives sont servis à manger et à boire de la bière de mil, du bandji et de la boisson embouteillée. La viande, il y en avait en abondance.

Adama Soulama  » Nous avons prié pour la paix et la sécurité »

Cette pause est l’occasion pour nous d’arracher quelques mots au guérisseur. A notre micro, il confie que « Cette décision du chef de l’Etat nous honore parce que nombre de nos compatriotes étaient égarés. La célébration du 15 mai vient en quelques sortes ramener ceux-ci sur le chemin qui a été celui de leurs ancêtres et pères. Certains estiment que c’est de la plaisanterie. D’autres vont jusqu’à dire qu’adorer les ancêtres relève du satanisme. Pourtant, il n’en est rien. C’est même cette négligence de nos us et coutumes qui nous plonge dans la situation que nous vivons de nos jours » a mentionné Adama Soulama. Il poursuit en disant que du haut de son âge, il est né dans cette pratique et c’est dans cela qu’il évolue et nourrit ma famille avec ce qu’il y gagne. « En Afrique nous avons le pouvoir d’invoquer les génies et mes parents le font, ils m’ont transmis également ce pouvoir » atteste le guérisseur, Adama Soulama qui est également initié à la tradition dozos qu’il pratique. « Je n’ai jamais été déçu depuis que je suis sûr cette voie » lance-t-il avant de se convaincre « Je puis dire que si nous étions restés fidèles à nos us et coutumes, rien de tout ce qui nous arrive aujourd’hui, tel l’insécurité et le terrorisme, n’allait arriver. Car la tradition et les coutumes obligent le respect, l’honnêteté, la dignité.

Des musiciens traditionnels sont venus ambiancer la cérémonie

Et tout contrevenant à leurs directives connaîtra les conséquences et tout le monde le sait. Donc c’est le chemin de la droiture ». C’est pourquoi il invite l’ensemble des fils et filles du Burkina Faso à repartir chacun et chacune vers sa source car, c’est là que réside notre salut. « Ce sont nos réalités burkinabè et nous ne le faisons pour personne. Beaucoup se cachent lorsqu’ils doivent implorer leurs ancêtres. Je dis que ce n’est pas ce qui devrait être. D’ailleurs la ferveur que nous voyons en cette deuxième édition doit finir de convaincre ceux qui sont toujours sceptiques. Personne ne doit se gêner comme de par le passé lorsqu’il doit acheter un poulet pour un sacrifice. Au contraire, cela est à encourager » dira le maître des lieux.

Plusieurs animaux ont été apportés pour la cérémonie

En ce 15 mai 2025, Adama Soulama dit avoir invoqué les mânes des ancêtres pour que la paix règne dans chaque famille de Burkinabé, pour que le pays renoue avec la sécurité afin que les populations puissent librement vaquer à leurs occupations. « En tout cas nous avons prié à travers les offrandes, libations et immolations pour que la paix revienne au Faso. Ce sont au total trois moutons, un bouc, un chien et plusieurs dizaines de poulets qui été sacrifiés sur l’autel des fétiches pour cela » a confié Adama Soulama pour qui la paix et la sécurité devraient se trouver à une bonne place dans les intentions de chaque Burkinabè ce jour. « Nous avons aussi imploré les ancêtres afin que nos forces combattantes viennent à du terrorisme et des toutes les forces du mal. Ça devrait être là prière de chaque burkinabè » a-t-il tenu à ajouter.

C’est par des poulets que le guérisseur a commencé la série des immolations

Adama Soulama est un traditionaliste bien connu à Banfora au secteur 9. Il est régulièrement consulté par des hommes et des femmes pour diverses raisons. En témoigne la forte affluence à son domicile ce 15 mai 2025.  Venu de Banfora, Bobo-Dioulasso Ouagadougou et Niangoloko son village natal, poulet en main chacun, ce beau monde a imploré les dieux pour une bien meilleure vie ici-bas. « Je ne connais pratiquement rien, je ne suis capable également de rien. Mais grâce aux incantations et invocations, j’arrive à aider les gens qui me retrouvent avec leurs préoccupations, grâce aux ancêtres bien sûr ». Il précise en effet que ses concitoyens rencontrent assez de difficultés dans leur vie. Il y en a qui souhaitent le mariage, d’autres sont à la recherche d’enfants. Il y en a qui demandent la santé et certains sont à la recherche d’un emploi décent.

Adama Soulama dans la case de fétiches

A entendre Adama Soulama, la tradition et les coutumes connaissent ces préoccupations et peuvent aider. Seulement, prévient le coutumier, il faut un travail préliminaire d’examen de la situation du client car, très souvent, les gens se détournent des engagements pris par leurs parents soit dans un marigot ou un autre lieu de fétiches. Lesquels engagements ont fait d’eux ce qu’ils sont devenus et après ils veulent tourner le dos à ce marigot ou à ce fétiche. Ce sont des réalités dans nos contrées et beaucoup le savent. Mais comment peut-on obtenir la paix si on renie les esprits qui nous protègent. C’est dire qu’il y a une vérification préalable avant toute chose et c’est le travail des coutumiers et traditionnalistes que nous sommes. En tout cas pour nous, Dieu ne peut créer un homme ou une femme et lui refuser un enfant. Il y a des gens qui ont des génies comme mari ou femme. Si rien n’est fait par rapport à ce génie, la personne restera célibataire et chaque tentative de fonder un foyer échoue toujours. Donc pour nous coutumiers, il nous faut revenir à nos traditions et c’est en cela que je salue une fois de plus la décision courageuse et visionnaire du président du Faso et de son gouvernement » a conclu Adama Soulama.

Go Mamadou TRAORE

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