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Conflit foncier entre les villages de Sitiéna et Diongolo dans la commune de Banfora: plusieurs morts enregistrés- les différentes parties appellent à l’implication des autorité

Le conflit foncier entre les villages de Sitiéna et de Diongolo dans la commune de Banfora, vieux de quelques années a refait surface. Des habitants de ces deux villages voisins se sont affrontés de nouveau, cinq ans après la crise de 2019 et comme en cette année, des pertes en vies humaines sont à déplorées. Wangola Médias a rencontré les présidents CVD des deux villages sur la question et s’il y a un fait quand même curieux à relever, c’est que chaque village jette la faute sur l’autre mais aussi sur les autorités qu’ils accusent de rester sans fermeté sur les décisions qu’elles ont prises dans le cadre de cette affaire.

Vendredi 7 juin 2024, des habitants de Sitiéna et de Diongolo deux villages voisins qui sont tous rattachés à la commune de Banfora, se sont livrés pour la deuxième fois à un face-à-face dans le cadre d’un conflit foncier dont le dernier développement remonte à juin 2029. Dans ces affrontements, on apprend qu’au premier jour, une personne a perdu la vie du côté de Diongolo et que 17 blessées, dont deux grièvement, ont été recensées au CHR de Banfora. Le lendemain 8 juin 2024, un blessé rendra l’âme. Il est du village de Sitiéna.

Le cortège funèbre traversant le village de Nékanklou et conduisant les restes de celui qui est décédé au CHR de Banfora à Sitiéna

Mais qu’est-ce qui a bien pu raviver la tension de ce conflit foncier qui oppose les deux villages ? Bien malin qui saura le dire car, les villageois des deux côtés que nous avons rencontrés rejette la faute les uns sur les autres mais aussi sur les autoritiés qu’ils accusent de n’avoir pas été fermes sur leur décision. En effet, lors de la crise de 2019, chaque camp avait reçu l’ordre de ne plus exploiter la zone litigieuse et d’attendre une décision finale des autorités. Le préfet à l’époque avait pris une décision à propos. Mais, à écouter chacun des camps, c’est l’autre qui n’a pas respecté cette décision de l’autorité qui, malgré cette transgression, n’a jamais sévit.

Les porte-paroles de Diongolo avec Bakary Tou, le président CVD au milieu. A droite Soumaïla Sagnon

Du côté de Diongolo, le président du CVD, Bakary Tou estime que ceux de Sitiéna n’ont jamais respecté es termes de la décision du préfet. Ils ont continué à exploiter le basfond litigieux. Il ajoute avoir tenu informer les autorités administratives et judiciaires de ce que faisaient les habitants de l’autre côté mais, déplore-t-il, aucune action n’a été entreprise pour les en dissuader. C’est ce qui fait que deux ans après, après s’être plaints une dernière fois chez le préfet, eux aussi ils ont repris l’exploitation du basfond. A titre d’exemple, dira-t-il, « J’ai été voir les autorités judiciaires puis administratives pour leur dire que le 5 juin 2024, mon village a été attaqué par ceux de Sitiéna. J’ai été rassuré que la sécurité se rendra sur les lieux. Mais c’est vers 18 heures que la sécurité est arrivée. En ce moment, nous comptions déjà un mort parmi nos habitants et 8 blessés ». Bakary Tou qui recevait au même moment des appels téléphoniques de son village était visiblement peiné par les nouvelles. Il dit avoir interpellé les autorités sur la gravité de la situation car dans la même soirée du 8 juin 2024, au moment où il répondait à nos questions, il nous confie que deux habitants de Diongolo venaient de subir le courroux de ceux de Sitiéna, embusqués qu’ils étaient à lisière du village. Toujours selon le président CVD de Diongolo, l’une des deux personnes serait morte sur place et l’autre, blessée, a été évacuée au CHR de Banfora. Pour lui, il n’y a aucun doute, le bas-fond objet du conflit est la propriété de Diongolo. Il raconte dans leur descente musclée du 7 juin 2024, les habitants de Sitiéna ont ramassé 24 motopompes et 12 bouteilles de gaz appartenant à leurs gens. Ils ont également récolté nos piments qu’ils sont allés vendre. Sur instruction du procureur, nous allés porter plainte à la police et c’est pendant qu’on y était qu’ils sont allés attaquer le village. Le président CVD de Diongolo n’était pas seul à répondre aux questions des journalistes. Avec lui se trouvait Sagnon Soumaïla, un autre habitant de Diongolo qui explique que c’est le 4 juin 2024 que les habitants de Sitiéna, armés de fusils, de machettes et gourdins, sont venus les délogés du bas-fond. « Sur le champ, nous avons joint le préfet et la justice qui nous ont rassurés que la sécurité allait arriver sur les lieux. A la même occasion, ils nous instruits de ne pas nous rendre sur les lieux. Mais jusqu’à la nuit tombée, nous n’avons vu aucun FDS. Le lendemain, nous nous sommes déportés à Banfora pour saisir de nouveau les autorités judiciaires. Ce qui a conduit à la convocation de certains habitants et les présidents CVD des deux villages chez le procureur le 7 juin 2024. Pendant que nous étions chez le procureur, les parents depuis le village nous ont joint au téléphone pour dire que les habitants de Sitiéna ont quitté le bas-fond et qu’ils ont maintenant assiégé le village de Diongolo où ils ont fait des blessés dont le fils du président CVD ». Il précise qu’avant de se rendre dans le village de Diongolo où ils ont saccagé des habitations, les gens de Sitiéna ont d’abord détruit leurs jardins dans le basfond.

Salif Tou, un ancien conseiller municipal de Diongolo estime qu’il faut donner à la zone litigieuse qui est de son avis Diongolo 3, son autonomie

Soumaïla Sagnon atteste que dans ce face-à-face, son village, Diongolo, a perdu un homme et enregistré 8 blessés. Il ajoute qu’en raison de la destruction de leurs maisons, la population, à l’heure actuelle, s’est réfugiée dans les villages voisins. Certains ont préféré rallier Niangoloko pour s’éloigner de l’épicentre de la crise. Tou Salif un autre habitant de Diongolo interrogé se dit désespérer et ne comprend pas pourquoi leur village subit autant d’exactions et les autorités restent sans réagir. « Nous ne sommes pas considérés. Nous sommes comme des rats » dit-il avant d’ajouter que les services sociaux les ont appelés pour apporter de l’aide d’urgence. Cette aide ne nous intéresse pas plus que la résolution définitive de cette crise qui dure depuis 2019, martèle Salif Tou, cet ancien conseiller municipal de Diongolo qui dit avoir proposé en 2019, comme solution l’érection de la zone objet du litige en village. « C’est un grand espace. Environ 1 000 âmes y vivent. Il y a une école qui compte 6 classes. Ce serait le village de Diongolo 3 et il sera doté de toutes instances pour s’administrer. Mais ma proposition est restée sans suite » déplore Salif Tou.

Hervé Sagnon, le CVD de Sitiéna tout comme les porte-paroles de Diongolo déplore la passivité des autorités face à cette crise

Du côté de Sitiéna, les habitants soutiennent que le village de Diongolo a préparé cette crise. De l’avis du président CVD de Sitiéna, Hervé Sagnon, ils ont fait recours à des chasseurs dozos, venus à bord de trois tricycles. Cette assertion, faut-il le préciser, est battue en brèche par les porte-paroles de Diongolo. Mais Hervé Sagnon maintient que des dozos armés étaient tapis dans les buissons. « Et pour nous appâter, ils ont envoyé leurs enfants en grand nombre s’en prendre aux nôtres qui gardaient le troupeau non loin du basfond. Ce sont les pleurs des enfants qui ont ameuté le village et nos habitants se sont déportés vers le basfond. C’est à ce moment que les dozos sont rentrés en action créant des blessés dont deux graves. A ce moment précis, je me trouvais dans le bureau du président du TGI de même que mon homologue de Diongolo et les deux chefs de village. C’est au téléphone que nous avons été informés de ce qui se passait au village ». De l’avis du président CVD Sagnon, les hostilités de cette crise ont commencé depuis le 4 juin 2024. Et à chaque fois, il a toujours tenu les autorités informées, le préfet en tête. Malheureusement, se désole-t-il, elles ont toujours trainé le pas.

Faisant la genèse de la crise, le président CVD de Sitiéna fait noter que la décision prise par le préfet en 2019 a été violée par ceux de Diongolo à la troisième année, c’est en dire en 2022. « Ils ont exploité non seulement leur portion mais aussi les nôtres. Nous avons tenu les autorités informées de cela. Mais rien n’a été fait jusqu’à nos jours. Nous nous demandons s’ils sont incapables d’amener ces gens à respecter la mesure prise. Nous croyons que non. Nos populations, exaspéré nous interpellent chaque fois. Mais en tant que président CVD, je m’échine chaque fois à les calmer. Jusqu’au 4 juin 2024, un de non habitant a pris la décision d’aller mettre sa parcelle en valeur. Il y a été encerclé par les gens de Diongolo et il n’a eu la vie sauve que grâce à la rescousse de nos gens qui ont entendu les cris de sa femme. C’est après cette première action que Diongolo a fait venir des chasseurs avant d’envoyer leurs enfants s’en prendre aux nôtres qui gardaient les moutons dans le basfond » a expliqué Hervé Sagnon.

Le village de Sitiéna et celui de Diongolo sont voisins

Les premiers développements de ce conflit remontent à 2024 selon certaines sources. C’est à chaque début d’hivernage qu’il connait des rebondissements. Ce conflit a occasionné plusieurs morts. Les habitants des villages concernés tournent le regard vers les autorités.

Go Mamadou TRAORE

Wangola Médias

Au cours la même journée du 8 juin 2024, le gouverneur de la région des Cascades a rendu public un communiqué dans lequel il appelle les protagonistes de la crise au calme. Nous vous proposons in extenso le contenu dudit communiqué.

Communiqué du gouverneur de la région des Cascades

Le gouverneur de la région des Cascades porte à la connaissance des populations que des affrontements à la suite d’un litige foncier entre des habitants de Sitiéna et de Diongolo dans le département de Banfora, ayant entraîné des conséquences dramatiques, font l’objet d’une attention particulière.

Par conséquent, il invite les populations desdits villages au calme et à la retenue.

Il rassure que des mesures idoines sont prises en vue de maintenir l’ordre et la sécurité dans la zone.

Aussi, invite -il les protagonistes et les personnes ressources desdites localités à privilégier le dialogue pour le retour de la tranquillité publique.

Le gouverneur sait compter sur l’engagement patriotique de tous pour un climat social apaisé dans la région

Signé Florent Bazié

Wangola Médias

Wangolā Médias

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