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Tou Lallé du village de Niangnagara à propos de la lutte conte le terrorisme : « Les terroristes et leurs complices qui s’hasarderaient à venir bouffer mon médicament, c’en est fini pour eux ».

Dans la lutte contre les groupes Djihadistes, il a apporté sa pierre et continue de le faire. Une grande contribution qui a eu son impact dans les quatre coins du Burkina. En effet, plusieurs centaines par jour, ils y allaient en « pèlerinage wack » chez Lallé Tou, puisse que c’est de lui il s’agit, installé à Niangnagara, un village situé à dans les encablures de Banfora. Parfois, plus de 1500 visiteurs se retrouvaient par jour chez le vieux Tou dont la sérénité est séduisante. Il s’est toujours sacrifié pour la satisfaction de ses visiteurs qui y viennent pour sa potion magique contre les armes à feu. En plus des Burkinabè qui affluent, des Ghanéens et des Ivoiriens qui ont eu vent de la « bonne nouvelle, s’y rendent également, des pintades sous les mains ou achetées sur place. Ces derniers jours, l’affluence a néanmoins baissé à Niangnagara mais le vieux Tou continue d’y recevoir des clients venus pour bouffer son « wack ».

A la faveur de cette accalmie des visiteurs à Niangnagara, puis sur le front terroriste, Wangola Médias a pu rencontrer ce 19 Mai 2024, ce vieux sauveur. Constat, au regard de l’important rôle joué dans le renversement de la courbe en matière de lutte contre le terrorisme, la voie qui mène chez lui, autrefois impraticable, a été réhabilitée par des tracteurs. Il reste une reconnaissance officielle à cet homme doué de savoirs mystiques de la Comoé, qui, aux côtés des FDS, des VDP et autres détenteurs de savoirs mystiques, aura joué un grand rôle dans le regain de courage des habitants pour défendre leurs localités et partant, leur patrie vaille que vaille. Lisez plutôt.

C’est dans le village de Naniagara qu’officie le vieux Tou

Wangola Médias : Présentez-vous et dites-nous comment êtes-vous arrivés ici pour attirer autant de monde ?

Je me nomme Tou Lallé, je suis né en 1954. Je dirai que dans la vie, si tu as des gens chez-toi et qu’une maladie arrive, si tu as des connaissances il faut tout entreprendre pour que la guérison revienne. Si tu apprends que c’est dans ton pays, ta patrie, si tu n’agis pas en cette période précise de la maladie, si elle venait à passer et que tu te mettes à te vanter que tu avais le secret de la maladie, c’est de la simple vantardise. Ceci dit, j’étais en Côte d’Ivoire et j’ai appris dans les radios et dans les télévisions qu’au Burkina Faso, ma patrie, il y a l’insécurité liée au terrorisme. Je n’étais pas du tout content. C’est pourquoi, au regard de ce que je connais, je suis rentré au pays. Je suis arrivé l’année passée et j’ai fait ce que je pouvais. Le savoir que je détiens, j’ai mis cela à la disposition des gens. Ceux qui sont venus chez moi, parce que je n’appelle pas pour que les gens me retrouvent, mais par la grâce de Dieu, la difficulté qu’ils avaient a trouvé sa solution.

Je ne dis pas que j’empêche les gens de mourir car si ton jour arrive tu vas mourir. Mais en dehors de ça, si tes jours ne sont pas comptés, si tu arrives chez moi, le jour que vous aurez un accrochage avec les terroristes, des malfaiteurs, tu reviendras me remercier. Même si tu ne viens pas me dire merci, tu vas te rappeler de moi. J’exerce ce service public depuis et vous êtes arrivés ce jour. Je ne me découragerai pas car nous sommes nés Burkinabé. Nous avons trouvé nos parents et nos grands-parents qui sont nés ici. Que des gens viennent nous chasser de nos terres, cela est inadmissible. Je vais aider les gens sans réserve avec ce que j’ai dans mes capacités. C’est pourquoi je suis rentré de la Côte d’Ivoire et je continue d’aider. Je ne vais pas me décourager aujourd’hui et encore moins demain. Je demande à Dieu d’augmenter les connaissances qu’il m’a données. Mes connaissances, je ne les ai pas reçues de quelqu’un. C’est un don de Dieu et je souhaite que Dieu m’en rajoute pour que je puisse continuer aider les Burkinabés. En tout cas, ce pourquoi je suis rentré de la Cote d’Ivoire, c’est ça, et je ne suis pas là pour deux missions. C’est la seule qui consiste à apporter ma contribution pour la reconquête totale du territoire national.

Ceux qui ne veulent pas le bien du Burkina qu’ils sachent que je ne les veux pas. Tous ceux qui complotent avec les Djihadistes ne sont pas la bienvenue chez moi. Et s’ils s’hasardent à venir ici pour bouffer mon médicament, c’est fini pour eux le jour où ils vont prendre une arme contre ce pays. Ils mourront ce jour. Ce n’est pas de la blague et celui qui ne croit pas peut venir essayer. Si tu bouffe mon médicament et tu n’es pas clair, correcte, tu t’élèves contre le Burkina, tu es un cadavre. Beaucoup ont tenté et sont morts. C’est ce que je peux vous assurer.

Tou Lallé, un homme très serein

Nous avons appris que grâce à vous dans plusieurs localités, les hommes ont eu le courage de la résistance face aux terroristes. Par exemple, les gens de Timperba à Niangoloko qui se sont déplacés ici chez-vous. Grâce à vous, ils ont pu résister face aux Djihadistes. Quel commentaire faites-vous sur cette prouesse ?

Le jour où les habitants de Timperba sont arrivés chez moi, ils m’ont confié que les terroristes les avaient chassés de leur village et que les femmes et les enfants étaient à Niangoloko. Ce jour je leur ai demandé de se calmer car dès lors qu’ils sont déjà venus me voir, une solution sera trouvée. Je ne suis pas Dieu, mais c’est Dieu qui m’a donné mes connaissances. Je les ai rassurés qu’avec ce que je vais faire pour eux, ils n’auront pas à fuir s’ils rencontrent les terroristes. Ils n’ont qu’à prendre courage et ne pas fuir. Je leur dis qu’on verra ce qui va se passer.

Dieu a exhaussé nos vœux et lorsque les hommes sont retournés à Timperba, dès le lendemain, les terroristes sont revenus. Certains habitants ont pris des coupes-coupes, des bâtons et d’autres ont pris des fusils. Ils ont pu résister et personne n’a eu une seule égratignure. Mais Deu seul sait les pertes qu’ils ont infligées aux djihadistes. Les habitants de Timperba étaient très contents car les femmes et les enfants ont pu regagner le village après. Ce sont eux-même qui m’ont ensuite invité à Timperba où ils ont tué deux bœufs ce jour et ont dansé au son du balafon. C’est à Timperba que je me suis déplacé pour ce genre de situation car je n’aime pas trop me déplacer. C’est ce témoignage que je peux faire sur Timperba. Mais beaucoup reviennent ici pour me rassurer que depuis qu’ils ont quitté chez-moi, ils ont pu sécuriser leurs villages. Mais je ne peux pas rentrer dans tous les détails. Dieu est témoin.

Les gens défilent ici venant des quatre coins du Burkina juste pour bouffer votre médicament. Comment votre renommée a pu gagner toutes ces localités lointaines ?

Effectivement les gens viennent de loin pour me voir. Je vais vous expliquer ce qui m’est arrivé. C’était en Côte d’Ivoire, un jour je dormais la nuit chez moi et j’ai été réveillé par quelqu’un. Mais celui qui m’a réveillé était un géant et pouvait atteindre les 3 mètres de hauteur. Quand je me suis réveillé, je suis resté assis et la personne s’est assise aussi près de moi. Parce que je ne savais pas ce je pouvais faire donc je suis resté assis. Le visiteur m’a donné un message que je ne peux pas vous dévoiler. Il m’a ensuite montré une plante me disant que le médicament doit être préparé à base de cette plante plus une pintade. Le lendemain, je suis allé en brousse et j’ai retrouvé ladite plante. Trois jours après, quand je suis reparti, je suis allé trouver malheureusement que la plante était morte. Tout s’est passé en Coté d’ivoire. Maintenant je me suis dit que le savoir que j’ai reçu, je ne peux pas rester avec cette connaissance en Côte d’ivoire alors que ma patrie est en insécurité. Voila la raison de mon retour au village. Je prépare mon médicament à base de cette plante en plus de la pintade. Les gens quittent très loin et viennent me voir. Personne n’est encore revenu ici qu’il a eu honte avec ce médicament. Il ne se passe pas un seul jour sans que des gens ne viennent ici pour me voir.

Chaque jour les gens viennent en nombre chez le vieux Tou Lallé

Vous l’avez souligné, celui qui vient se confier à vous, s’il repart et entreprend une action contre la patrie meurt. Cela voudrait dire que votre médicament a un totem ?

Si tu viens te confier à moi, c’est un message que j’invoque pendant que toi-même tu tiens ta pintade. Puis ce message, tu le répète sur la pintade que tu égorges par la suite. Une fois cela accompli, ce n’est plus possible pour tout d’entrer dans un autre camp pour nous combattre. Tu ne pourras pas et le jour où tu essayes, c’est ce jour que tu perdras la vie. Il faut rester sur l’esprit du message tenu sur la pintade. C’est ce que je peux vous dire.

Vous effectuez là un travail patriotique. Les autorités du pays sont-elles au courant de vous ? Si oui, vous ont-elles déjà aidé d’une manière ou d’une autre ? Ailleurs vous méritez par exemple une décoration.

Je n’ai pas encore eu de décoration d’abord. Un jour j’ai reçu une invitation pour Ouagadougou. Le jour où je suis arrivé à la capitale, je ne peux pas accuser les autorités car il y avait une tentative de coup d’Etat. Il était compliqué que je puisse être reçu par les autorités car il leur fallait beaucoup de vigilances. Finalement, elles m’ont demandé de patienter et je suis donc revenu à Banfora. Jusque-là, elles n’ont pas pu faire quelque chose pour moi. Sur cette base, je peux dire que les autorités sont au courant de ce que fais.

Il fut un moment où l’affluence était au quotidien ici. Comment arriviez-vous à prendre en charge ces centaines de personnes afin qu’elles ne séjournent pas trop longtemps ?

Quand les gens sont nombreux j’ai une autre façon de procéder. Le nombre de pintades que je peux attraper de mes mains, que ce soit dix ou quinze, je les prends et je recite mon message secret. Personne ne peut comprendre ça si ce n’est pas Dieu. Mais la fin du message je le récite pour que les gens entendent. En troisième étape, si je fini, chacun attrape sa pintade et dit ses vœux et va l’égorger lui-mêmes. Une fois égorgée, la pintade est grillée et j’ai des gens qui font des scarifications sur le corps et mettent le produit lorsque le sang coule. Une fois que tu fais ces rites, si tu n’es pas à la fin de ton séjour terrestre, tu peux contrer n’importe quel porteur maléfique d’armes.

Depuis plus d’une année vous êtes au service des populations du Burkina et même au-delà de nos frontières. Pouvez-vous nous dire de quels retombés vous bénéficiez ? Gagnez-vous de l’argent où contentez-vous de la satisfaction morale face au service inestimable que vous rendez ?

Je ne peux pas dire que je n’ai pas de retombés avec l’affluence. Mais au début, je donnais gratuitement car pour moi, c’était une question de patrie. Parce que si tu parles d’argent, il y a des gens qui sont prêts pour combattre mais qui n’ont pas d’argent pour s’acheter le médicament. Il y a d’autres qui ont l’argent mais ils ne peuvent pas se rendre au front. Des richards peuvent bouffer le médicament mais ne pourront pas aller au front. C’est pourquoi au début je le faisais gratuitement. Mais finalement, j’ai trouvé que ne pouvais pas travailler gratuitement car j’ai une famille. Comme je viens m’assoir ici chaque jour que Dieu fait, un jour je risquais d’aller trouver qu’il n’y a plus quelqu’un chez moi (rires). C’est pourquoi j’ai institué la somme de 5500f pour que ceux qui m’aident à faire ma mission puissent avoir quelque chose. Je prends ensuite l’autre partie pour mes besoins.

Tou Lallé en pleine consultation

Le Gouvernement a institué le 15 mai journée de la Tradition et des coutumes. La première édition vient d’être célébrée. Comment vous avez apprécié cette première journée ?

L’institution de cette journée du 15 mai est une très bonne chose. Les autorités n’ont qu’à persévérer dans ce sens. Il ne faut pas que cette journée soit remise en cause. Vous avez vu la première manifestation de signes de cette journée. Il pleuvait bien avant mais ce jour après les différents sacrifices il n’y a-t-il pas eu la pluie ? Si vous êtes attentifs à ces signes, vous comprendrez qu’il y a du bonheur en respectant nos traditions. Si nous laissons les pratiques de nos ancêtres, un jour, c’est le chien d’un autre pays qui viendra nous mordre chez-nous. Pourtant il ne devait même pas pouvoir rentrer. Ce que les autorités ont fait, nous sommes tous fiers. Dites au Président Ibrahim Traoré de persévérer dans ce sens, il ne faut pas qu’il laisse échapper l’option prise pour le respect de nos traditions et de nos coutumes. C’est ce que je pense.

Quel message pour votre pays et tous ceux qui sont venus se confier à vous ?

Ce que je peux dire pour mon mot de fin, j’invite les gens à la cohésion et à l’union. Ils n’ont qu’à s’entendre car si vous êtes ensemble et vous n’avez pas le même objectif commun, d’autres voulant ceci, d’autres voulant cela, le pays ne peut pas prospérer. Cela entraine une malédiction. Que tous le monde s’accorde pour être ensemble. Si vous voyez que cette lutte contre le terrorisme a duré, c’est parce qu’il n’ y avait pas une entente. Les gens voyaient où sont les complices et ne pouvaient pas les dénoncer. Maintenant, les autorités veulent prendre une seule voie et vous voyez que la lutte avance. Ce n’est pas mieux qu’avant ?

Pour moi, nous devons tous parler le même langage. Il ne faut pas que ce que tu dis aujourd’hui, demain tu n’es pas là-bas, tu es ailleurs. Il faut que tous les Burkinabè fassent en sorte que nous puissions entrer par la même porte et sortir par la même porte.

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara et Go Mamadou Traoré.

Wangola Médias.

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