Affaire des officiers de police tués à Nafona : les soupçons de l’avocat des accusés sur l’administration.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la page du double assassinat des officiers de police à Nafona est loin d’être tournée. Cela, au regard de la ténacité de Maître Zida Marcellin du Cabinet Prospère Farama qui défend les intérêts des prévenus. Ce dernier a décidé de faire appel de la sentence de peine de prison à vie décerné par la chambre criminelle de la Cours d’appel de Bobo-Dioulasso siégeant à Banfora ce 19 Mars 2024. Après le témoignage des policiers, retour sur ces, joutes verbales entre Aminata Gouba, Haut-commissaire de la Comoé à l’époque des faits et Marcelin Ziba.
Le témoignage aussi à ce procès de l’ancienne Haut-commissaire de la Comoé était capitale au procès car ayant été entendue en enquête préliminaire par le juge d’instruction. Pour ce faire, affectée actuellement comme Haut-commissaire du Zoundwéogo, et comme les policiers qui ne sont plus à leurs postes d’antan, elle a été obligée d’effectuer le déplacement.
L’administration, après les assassinats, a produit assez de correspondances qui ont été versées au dossier. Ce qui a valu une réaction du conseil des prévenus lorsque Aminata Gouba a été appelée à la barre. L’avocat n’est pas passé par 4 chemins pour soutenu que l’administration a tellement produits de correspondances dans cette affaire de Nafona qu’il n’en avait jamais vu. Ce dernier semblait dire entre les lignes que l’administration en a particulièrement trop fait dans ce dossier, ce qui pourrait s’assimiler à une façon de l’administration de charger les Nafonais.
Cela a valu une réaction de l’autorité à l’époque des faits. Normal car elle a aussi fait le droit. « Je peux vous vous poser une question ? » Demande-t-elle directement à l’avocat qui l’a renvoyé vers le président de la Cours qui assure la police des débats. Ce dernier donne son aval.
Alors à Aminata Gouba de questionner Marcelin Ziba sur cette affirmation. Elle a cherché à savoir si l’avocat a eu accès aux archives de l’administration pour soutenir de tels propos. Visiblement elle n’était pas d’accord avec de telles insinuations car elles (les autorités) ont eu à gérer plusieurs crises dont des litiges fonciers depuis qu’elle est en poste en 2017.
« Vous étiez une autorité à l’époque des faits. Quelle appréciation faites-vous des évènements entend qu’autorité administrative ? », c’est l’une des questions posées à Aminata Gouba cette fois par les juges. La réponse a été sans ambages. « Je condamne ces évènements », dira-t-elle ajoutant que les policiers étaient en mission officielle au service de l’administration.
Ayant été saisie sur la mort des deux policiers dès les environs de 7h ce 12 janvier 2024, Aminata Gouba a effectué le 13 janvier 2019 une mission de représentation du gouverneur des Cascades à Nafona. C’est là-bas que lui a été remise la « lettre d’aveu » aux yeux du ministère public. Les prévenus ne voulant faire aucun aveu sur cette lettre reversée au dossier a par moment focalisé les débats. Pour le chef dozo, Soma Diloma, la lettre a été écrite par un élève de la classe de 5è qui n’est plus de ce monde. Dans ladite lettre, il est dit que la mort des deux officiers de police était en réaction à la mort de dame Soulama Maman.
Me Ziba Marcelin
Mais les termes de cette lettre sont réfutés par le chef dozo qui dit qu’il a simplement demandé une lettre de remerciement à l’élève. La lettre a-t-elle été lue en public ? Non, reste catégorique le chef dozo. Avec l’ex Haut-commissaire de la Comoé à la barre, la Cours a bien voulu comprendre. « La lettre était sous pli fermé. C’est sur place que je l’ai ouverte et je l’ai lu », soutiendra Aminata Gouba.
Après les refus d’abord de certains signataires de reconnaître avoir apposé leurs signatures sur cette lettre d’aveu, le chef dozo qui reconnaît l’avoir signé ne se reconnaît pas dans les termes de la lettre. Et cela a valu ce commentaire du ministère public. « Cet élève de la classe de 5è aussi est exceptionnel. Car étant élève il était bien au parfum des informations de son village ».
Sié Yacouba Ouattara
Wangola Médias.