Alphabétisation dans nos langues nationales : un cours de mémorisation l’alphabet sambla dispensé à la communauté de Banfora
Les membres de la communauté sambla de Banfora ont suivi leur premier cours d’alphabétisation en seenku (langue sambla) le 7 octobre 2023 sous la conduite de Sitogoda Boaz Traoré, membre de l’équipe qui travaille depuis quelques temps pour l’élaboration de l’alphabet et du syllabaire sambla.
C’est la salle des cours de l’Auto-école Wali G qui a servi de cadre pour ce premier cours de mémorisation de l’alphabet et du syllabaire sambla. Une dizaine de membre de cette communauté, devenus pour la circonstance des élèves, ont suivi avec attention et admiration ce cours donné par un linguiste Sitogoda Boaz Traoré lui-même membre de ladite communauté. L’abécédaire, le tableau des prénoms, le pluriel des mots et les diphtongues ont constitués les modules de ce premier cours.
Les membres de la communauté suivant le cours sur l’alphabet sambla
C’est une fierté et c’est avec enthousiasme que nous avons suivi ce premier cours. Je dis bien premier cours parce qu’il y en aura d’autres qui vont nous permettre de lire et d’écrire en seenku s’est exprimé Nouhoun Traoré, président de la communauté sambla de Banfora.
Son syllabaire en main, la communauté sambla demande l’accompagnement du MENAPLN
Sytogoda Boaz Traoré, acteur de linguistique et membre de la communauté sambla, fait partie de l’équipe qui travaille pour la mise en place de l’alphabet et du syllabaire sambla. Après ce cours de mémorisation qu’il a lui-même conduit, il répond aux questions de Wangola Médias. A l’en croire, le processus est à l’étape de finalisation. Mais au regard des difficultés financières auxquelles l’équipe fait face, il demande l’accompagnement du Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN)
Sitogoda Boaz Traoré
Wangola Médias : Dites le processus de la mise en place de l’alphabet sambla
Sytogoda Boaz Traoré : Il faut dire que tout est parti de l’idée de traduire la bible en sambla. Pour ce faire nous avons approché quelques techniciens qui nous ont averti qu’il nous fallait obligatoirement nous former. C’est ainsi que je me suis lancé dans la formation en linguistique avec d’autres partenaires. A une certaine étape de cette formation, le groupe a entamé des recherches sur la langue sambla. Il convient de signaler que certaines personnes dont des membres de la communauté sambla avaient déjà travaillé et fait des recherches sur cette langue. Je veux parler de Samadou Coulibaly qui fut ministre de l’éducation sous la première transition, plus un certain Ouédraogo dont j’oublie le prénom. Samadou Coulibaly a produit un mémoire dont nous nous sommes inspirés. Il y a également une Américaine du nom de Laura Ferson qui a produit des documents que nous avons exploités.
A quelle étape de la mise en place de cet alphabet êtes-vous ?
Aujourd’hui, nous sur la finalisation du guide d’orthographe. Nous avons également produit le syllabaire qui nécessite que beaucoup de gens le consulte pour aider à parfaire. Ce qui fait que nous mettons présentement l’accent sur l’alphabétisation. C’est pourquoi nous voulons ouvrir cette année des centres d’expérimentation de la langue sambla.
Quelles sont les difficultés qui se posent à vous ?
Dans ce travail il y a forcément des difficultés car il demande beaucoup de moyens surtout financiers. Nous avons certes des partenaires mais leur accompagnement se limite à traduction de la bible. Voilà pourquoi nous souhaitons que les membres de la communauté sambla adhèrent massivement à ce projet. Cela va nous donner de l’entrain, les choses pourraient aller beaucoup plus vite.
Au Burkina Faso, il y a un ministère de l’éducation nationale qui est en charge de la promotion des langues nationales. Etes-vous accompagnés par ce ministère ?
Nous sommes entrés en contact avec ce ministère qui nous demande d’abord de nous pencher sur le code de la langue et de le déposer. C’est à partir de ce moment que ce code sera consigné dans le registres des langues. C’est également à partir de là que le ministère pourra nous accompagner dans l’alphabétisation de masse. C’est pourquoi nous mettons actuellement l’accent sur le syllabaire et nous lançons un cri de cœur aux autorités de ce ministère qui peuvent accompagner la création des centres. Cela va nous permettre de boucler le processus.
Propos recueillis par Wangola Médias