Adama Diallo, Président de l’USCO à propos de la montée en D1 : « Ce sont les joueurs qui ont failli »
Toujours confiant et déterminé malgré le faible engouement des fils et filles de la Comoé à soutenir physiquement et financièrement l’Union Sportive de la Comoé (USCO), c’est ce que l’on peut retenir du président club, Adama Diallo, porté à la tête de l’équipe en Août 2022. Malgré une saison sportive 2022-2023 désillusionnante avec une 5è place en D2 au lieu d’une montée en D1 tant attendue et souhaitée, c’est cette assurance qu’il laisse transparaître lorsqu’il a promptement reçu l’équipe de Wangolā Média ce 20 mai 2023. Avec lui, nous avons abordé les raisons d’un tel recalage en D2, la mobilisation autour de l’équipe qui n’est pas fameuse, les finances de l’équipe et surtout, les solutions pour la remontée en D1 si chère aux supporters. « Ce sont les joueurs qui ont failli » ; « On n’a pas eu l’accompagnement des filles et filles de Banfora » ; « Même les supporters ont aussi failli », Adama Diallo est, on ne plus clair.
Comment le Président de l’USCO que vous êtes se sent après la saison sportive 2022-2023 ?
Merci de venir à nous pour savoir ce qui s’est passé en 2022-2023. Nous rendons grâce à Dieu pour cette saison qui s’est bien déroulée selon moi parce qu’on n’a pas eu de blessés assez graves. En tout cas, notre objectif n’a pas été atteint mais on prie Dieu, ça va venir.
Depuis quelques années l’équipe peine à remonter en D1. On se rappelle comme si c’était hier, votre élection avait suscité une liesse dans les artères de la ville. Au finish l’équipe est classée 5è de la D2. Qu’est ce qui n’a pas marché selon vous ?
Effectivement, on avait pris l’équipe et on s’était vraiment engagé pour la faire remonter cette année. Mais l’homme propose et Dieu dispose. Nous avons eu l’encouragement de certains supporters mais ce qui n’a pas marché, je peux dire que c’est le recrutement lors de la phase aller. Parce que nous avons laissé tout dans la main des entraîneurs. Ce sont eux qui ont fait le recrutement, les dirigeants ne s’y sont pas mêlés. Je peux dire que c’est cela qui a été la raison majeure qui explique pourquoi nous n’avons pas pu montrer en D1. Si fait que la phase allée n’a pas été du tout été bonne pour nous. Nous avons fait des défaites qu’on ne devait pas. C’est ce qui explique notre résultat.
Courant la saison sportive, vous avez dû changer d’entraîneur. Quel a été son péché puisse que l’objectif n’est pas atteint ?
C’est ce que j’ai dit plus haut, on avait tout laisser dans les mains des entraîneurs, les recrutements et tout. Dès le troisième match, on devait même les remplacer. Mais personnellement je n’étais pas d’accord. Sinon les supporters et certains dirigeants ont fait la proposition de trouver d’autres entraineurs. Je ne les ai pas écoutés. Je leur ai plutôt dit de laisser pour que nous les suivions jusqu’au Mercato. C’est cela qui nous a amené au Mercato et on a changé tous les trois entraîneurs. Parce que les conditions qu’ils avaient posées, nous les avons respectées. Leurs salaires, les primes de signature et tout ce qui s’en suivait. Nous avons tout respecté, mais les résultats n’étaient pas bons. C’est ce motif qui nous a amené à prendre la décision de changer tous les trois entraîneurs.
Malgré tout, le nouvel arrivé n’est pas parvenu à faire remonter l’équipe en D1. Y a-t-il pas un problème de coaching ?
Ça n’a pas été un problème de coaching. Bien vrai que le nouvel entraîneur, Arsène Soulama dit Bebeto, a fait de son mieux. Ce sont les joueurs qui ont failli. Soyons francs parce que nous avions mis tout à leur disposition. Depuis le match contre le Santa Football Club de Tenakourou jusqu’à notre dernier match, l’USCO n’a plus gagné un seul match. Donc je me dis que ce sont les joueurs qui n’ont pas mouillé le maillot. L’entraîneur a fait de son mieux. Ce n’est pas lui qui monte sur le terrain. Les joueurs ont baissé les bras depuis qu’on a perdu contre Tenakourou alors que nous, en tant que dirigeants, en tant que président, nous avons mis tout à leur disposition. A l’USCO Il y a beaucoup de joueurs expatriés pour lesquels nous avons loué une maison depuis septembre 2022 jusqu’au mois d’avril 2023. Nous payons un loyer de 40 000f par mois, ils ne payaient pas l’eau ni l’électricité encore moins à manger. Ils étaient entre 10 et 12 joueurs dans cette maison. Donc moi je me dis que ce sont les joueurs. Mêmes les primes ont été augmentées lors de certains matchs capitaux. Je dis que l’entraîneur a fait de son mieux.
Au-delà de l’encadrement technique, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées durant la saison sportive ?
Les difficultés ? Il faut dire qu’il n’y a pas la solidarité ici (NDLR : parlant de la Comoé) parce qu’on a pas eu l’accompagnement des filles et fils de Banfora. Les fils et filles de Banfora ne nous ont pas accompagné. C’est seulement quelques individualités qui nous ont donné de l’eau et un autre nous a remis un sac de riz. Même les supporters aussi ont failli. L’année passé, ils faisaient des contributions et bien d’autres actions mais cette année, rien. Nous pensons avoir fait de notre mieux dans la mesure où nous avons payé les salaires sauf celui d’un mois seulement. Pour ce dernier salaire, nous avons demandé aux joueurs d’attendre le déblocage de la bourse. Sinon il n’y a pas d’impayés de salaires, tout est réglé. Les supporters ont failli, les fils de Banfora aussi ont failli parce qu’il n’y a pas eu d’encouragement. Nous avons touché certains opérateurs économiques mais rien. Mais nous avons fait avec ce qu’on avait.
Êtes-vous entrain de soutenir que vous n’avez pas ressenti la mobilisation des filles et fils de la région pour soutenir leur équipe ?
Nous n’avons pas ressenti cela en tout cas. C’est la mairie de Banfora seule qui nous a donné la somme d’un million de francs. Le Conseil Régional a remis quelque chose durant cette saison. Hors mis ceux-là, rien.
Vous étiez deux représentants de la région en D2. Quels sont les sentiments qui vous animent avec la montée de l’équipe le Sporting Cascades de Niangoloko ?
Vraiment, nous sommes fiers. Ça fait plaisir de voir une équipe de la région montrer en D1. Nous les félicitons et les encourageons toujours. L’USCO aussi, peut être qu’avec le temps, ça va venir.
Président, après une saison à la tête de l’USCO, dites nous quelles sont les perspectives pour la prochaine saison afin que les unionistes de la Comoé retrouvent enfin l’élite du football Burkinabè?
Nous allons faire les recrutements très tôt pour vraiment former une bonne équipe. Parce que c’est la base qui compte. Je pense que l’année qui vient de s’écouler n’a pas été bonne à cause du recrutement. Donc nous allons revoir à ce niveau pour analyser ce qui n’a pas marché et trouver des solutions pour améliorer. Si ça vaut la peine nous irons au-delà des limites de la région pour trouver des joueurs. Nous allons travailler avec l’entraîneur qui va faire ses choix et nous aussi nous allons faire les nôtres.
Parlons de la question financière. Vous avez pris l’équipe des mains d’un richissime homme d’affaire. Le nouveau président que vous êtes n’est-il pas confronté à des soucis financiers quand on sait que la subvention du ministère tarde parfois à tomber ?
Non, c’est ce que je disais plus haut et les joueurs peuvent témoigner. Les conditions dans lesquelles nous avons mis nos joueurs, je ne crois pas qu’il y ait eu une équipe de D2 qui a fait autant dans notre pool. Parce que nous avons payé leurs primes de signature au même moment où nous leur avons payé leurs salaires alors que le championnat n’avait même pas encore démarré. Et avec tout ça, on n’attendait pas la subvention pour payer les joueurs. On préfinançait leur salaire. De ce côté-là, nous avons vraiment travaillé, nous n’avons pas de crédit de primes de signature ou de quoi que ce soit. Tout a été réglé.
Vous avez pris l’équipe pendant qu’il y avait des démêlés judiciaires. Des joueurs ayant convoqués leurs dirigeants pour des impayés. L’administration étant une continuité, comment avez-vous géré ce dossier judiciaire ?
C’est vrai que l’administration est une continuité. Mais si vous venez trouver quelque chose dans la caisse vous pouvez dire que l’administration est une continuité. Nous nous sommes venus trouver une caisse vide. Même qu’il y avait un crédit et lorsqu’ils ont envoyé la subvention ce crédit a été prélevé. Donc, c’est pendant la phase retour qu’il y a un joueur qui était blessé et il a contacté le SG. Ce dernier a dit que c’était compliqué parce que l’assurance qui venait d’arrivée est prévue pour les joueurs que nous avons engagés cette année. Même l’ancien SG, Noël Paré m’a contacté et je lui ai dit que c’est compliqué. Parce que l’assurance qui venue c’est pour les joueurs. On ne le souhaite pas, en cas de blessure chez nous c’est cette assurance qui va couvrir le cas. J’ai dis que nous ne pouvons pas prendre ce joueur là en charge.
Quel appel avez-vous à lancer aux filles et aux fils de la région pour la saison à venir ?
La saison à venir, nous allons essayer de faire encore de notre mieux. Nous ne pouvons pas forcer quelqu’un à donner quelque chose. C’est ce que je disais même à mon vice-président que L’USCO ne nous appartient pas. Ce n’est pas un bien de la famille Diallo, c’est plutôt le bien de la commune de Banfora et de la province de la Comoé. Sans vous mentir, au cours de la saison écoulée, on n’a pas eu le soutien d’un quelconque fils de Banfora. On n’en a pas eu alors que nous avons de grands opérateurs économiques dans la ville. Mais nous allons continuer à demander, nous allons poser nos doléances s’il y a des gens qui acceptent nous aider, il n’y a pas soucis. S’ils n’acceptent pas aussi, il n’y a pas de soucis.
Après ce tour d’horizon, quelque chose vous reste t’il encore sur le cœur ?
Non. Je vous remercie vraiment de nous avoir ouvert vos colonnes.
Wangolā Média.